Eurofins : « S'adapter aux nouvelles demandes »

Dans une année de crise sanitaire sans précédent, le groupe Eurofins est parvenu à étoffer son offre, en se positionnant sur la sous-traitance analytique des traitements et vaccins en développement contre le Covid-19. L'entreprise continue ainsi à structurer son offre aux échelles européenne et mondiale. Entretien avec Arnaud Poincloux, directeur général France d'Eurofins Biopharma Product Testing.

Partager
Eurofins : « S'adapter aux nouvelles demandes »
Arnaud Poincloux, directeur général France d’Eurofins Biopharma Product Testing.

Industrie Pharma : Comment s'est déroulée l'année 2020 en France pour l'activité Biopharma Product Testing d'Eurofins ?

Arnaud Poincloux : Pendant cette année 2020 très particulière, nous avons vite réagi au contexte, avec la mise en place d'un plan de continuité pour nos différents sites. Nous avons ainsi pu continuer à proposer nos services et à préserver notre activité.

Nous avions, par ailleurs, bien anticipé en ce qui concerne l'approvisionnement en désinfectant, en gel hydro-alcoolique ou les commandes de masques chirurgicaux, sans connaître de tension particulière. Bien sûr, il y a eu un ralentissement pendant le premier confinement, lié à une baisse d'activité de nos clients, mais nous n'avons pas arrêté de faire fonctionner nos sites d'analyse.

En termes de volumes, malgré cette baisse d'activité au premier semestre, la deuxième partie d'année a été bonne. Cet effet de rattrapage de l'activité fait que nous terminons cette année de crise avec une croissance significative du chiffre d'affaires sur l'activité Biopharma Product Testing sur le périmètre France. Nous observons notamment des volumes croissants concernant les analyses sur les nitrosamines ou encore la caractérisation chimique des dispositifs médicaux liées aux changements de réglementation, ainsi que sur les prestations de stockage dans le cadre des études de stabilité.

Sur l'ensemble de l'Europe, Eurofins BPT a par ailleurs étendu son périmètre avec deux nouveaux laboratoires, en Slovaquie et en Autriche.

Quelle est la situation actuelle de l'activité d'Eurofins ?

A.P. : Aujourd'hui, nous continuons à surveiller la situation de manière hebdomadaire et à adapter notre plan de continuité en fonction de l'évolution de la situation sanitaire, dans chaque pays. Tout ce que nous mettons en place est fait de manière totalement transparente, de manière à rassurer nos clients. Les mesures adoptées lors du premier confinement sont désormais intégrées dans les pratiques de nos laboratoires. En ce qui concerne les audits, beaucoup ont été annulés, un certain nombre se font à distance, en visioconférence, et nous avons pu avoir quelques audits menés en présentiel. Enfin, sur les volumes d'activité, il est encore un peu tôt pour se prononcer avec uniquement les chiffres de janvier. Mais nous estimons que l'activité d'analyses liée au Covid-19 va générer de nouvelles opportunités sur nos marchés. L'enjeu pour l'année à venir, et au-delà, sera de continuer à servir nos clients pour les prestations habituelles tout en intégrant les nouvelles demandes de services liées au Covid.

Comment Eurofins se positionne-t-il justement sur les analyses liées aux produits en cours de développement contre le Covid-19 ?

A.P. : Nous avons mis en place une stratégie globale, à l'échelle européenne et en lien avec la stratégie mondiale du groupe. Eurofins, c'est avant tout un réseau de laboratoires qui travaillent en synergie. Nous avons ainsi mis en place des plateformes capables d'assurer les tests de libération de lots pour tout type de vaccins (vaccins à adénovirus ou encore vaccins à ARNm messager, protein subunit, etc.).

Notre offre ne se limite pas aux vaccins, nous avons mis en place différents types d'analyses pour les médicaments en cours de développement, mais aussi pour les dispositifs médicaux. Enfin, notre troisième axe sur ce marché des produits contre le Covid-19 concerne une offre d'accompagnement des process de production, que ce soit par des services de consulting et d'analyses microbiologiques, des analyses d'extractibles et de relargables ainsi que des validations de nettoyage.

Quel peut-être l'effet de cette nouvelle demande liée au Covid-19 sur le marché de la sous-traitance analytique ?

A.P. : Il est encore trop tôt pour se prononcer sur ce sujet. Pour l'heure, nous sommes en train de structurer notre offre pour répondre aux demandes de nos clients. Plusieurs centaines de personnes travaillent sur ces projets chez Eurofins BPT. Nous avons déjà les compétences et les infrastructures adaptées pour mener à bien de nombreuses analyses. L'important pour nous est d'avoir une démarche qui s'organise à l'échelle européenne. Nous avons commencé à réaliser certains tests, mais nous n'en sommes qu'au début et la demande va progresser dans les mois à venir.

Nous pouvons adresser différents maillons de la chaîne de développement et de fabrication. Par exemple, en France, nous sommes bien positionnés dans tout ce qui est analyse des matières premières, des articles de conditionnement, études de stabilité (en France, nous disposons des plus grandes capacités européennes en matière de stockage pour les études de stabilité, y compris à -80°C), analyses microbiologiques (qPCR, mycoplasmes, stérilité, endoxines, etc.), tant au niveau du process que du produit fini, validations de nettoyage et contrôle qualité des désinfectants.

L'objectif, c'est que nous puissions travailler en France à prendre en charge des demandes venant d'autres pays, et inversement, à s'appuyer sur d'autres laboratoires Eurofins en Europe, si nécessaire. Par rapport à un vaccin, c'est toute une chaîne de services qui doit se mettre en place et se structurer.

Nous sommes en contact avec les grands groupes mais aussi avec les biotechs qui jouent un rôle important dans le développement de nouvelles solutions contre le Covid-19. Notre ambition, c'est d'accompagner les laboratoires mais également les CDMO et les biotechs qui sont impliqués dans la lutte contre le Covid-19.

Eurofins
© Eurofins
Eurofins se positionne aussi sur le marché des produits développés contre le Covid-19.

Cette crise peut-elle affecter le modèle de services de la sous-traitance analytique ?

A.P. : En termes de business model, nous nous positionnons sur trois grands modèles de collaboration avec nos clients. Le premier, c'est le traditionnel Fee for services, le paiement en fonction des analyses réalisées.

Nous proposons également de mettre à disposition de nos clients des équipes dédiées à un ou plusieurs projets, c'est le programme Full time equivalent. Dans un troisième modèle, nos collaborateurs Eurofins se rendent sur le site client et sont intégrés aux équipes déjà en place afin d'apporter leur expertise, c'est la solution PSS insourcing. Ces différents modèles correspondent bien aux attentes des clients. Le modèle où l'on met à disposition des équipes dédiées est particulièrement adapté aux projets à grands enjeux, comme ceux des vaccins contre le Covid-19.

Cette crise Covid a fait souffrir beaucoup d'acteurs économiques sur le marché français dans d'autres secteurs d'activités, mais pour ce qui nous concerne au sein de la division Eurofins Bio Pharma Product Testing France, nous sommes convaincus qu'il y a là pour nous de véritables leviers de croissance et de développement qui nécessiteront, bien entendu, beaucoup d'agilité.

Dans ce contexte qui se complexifie et évolue en permanence de manière très rapide, nous devons être très attentifs aux besoins de nos clients dans le développement de notre offre.

Quelles sont les perspectives pour les années à venir ?

A.P. : Au-delà du marché lié au Covid-19, il y a une demande de plus en plus forte sur les biomédicaments. Nous constatons une vraie progression sur ce marché des médicaments biologiques.

La France semble suivre la tendance et la dynamique des autres pays européens, et la demande sur les vaccins en développement rentre dans ce segment en croissance. Notre plan stratégique est d'accompagner au mieux ces nouveaux besoins, de conserver une flexibilité et une agilité pour s'adapter, tout en offrant à nos clients la structure d'un grand groupe et d'un réseau de laboratoires partout en Europe et dans le monde.

Je pense qu'il y aura des opportunités à saisir pour ceux qui restent à l'écoute de la demande et du besoin client. Une autre tendance forte du marché est la digitalisation. En ce qui concerne les rapports d'analyse, nous déployons un outil, appelé LabAccess, pour permettre au client d'avoir accès à ses résultats via une plateforme dédiée.

Cette dernière est en constante évolution, et permet à nos clients de suivre l'avancée de leurs analyses, de récupérer leurs certificats et même de passer leurs commandes directement. Il y a des attentes fortes des clients en ce qui concerne cette gestion des données.

Quelles sont les perspectives pour les sites français d'Eurofins Biopharma Product Testing ?

A.P. : Nous avons un projet sur Lyon sur lequel nous travaillons activement pour avoir, d'ici à 2023, un seul campus dédié à la microbiologie et aux biomédicaments, qui regroupera nos trois laboratoires actuels de la région lyonnaise.

Nous sommes encore dans une phase où nous continuons, par ailleurs, à consolider les acquisitions récentes, même si, pour la plupart, leur intégration est bien avancée. Nous continuons à recruter sur nos différents sites.

Nous sommes dans une période où il est plus difficile de recruter car les collaborateurs peuvent avoir du mal à changer d'entreprise, mais nous avons su adapter notre organisation RH en conséquence afin de répondre à nos besoins. Nous avons quasiment en permanence entre 30 et 40 postes ouverts sur le périmètre France et nous recrutons chaque mois de nouveaux collaborateurs pour soutenir notre croissance.

Vous avez rejoint le groupe Eurofins en 2020. Quels sont les éléments qui vous ont marqué depuis votre prise de fonction ?

A.P. : Eurofins est un groupe qui laisse beaucoup d'autonomie aux différents mandataires, dirigeants et managers. Dans ce contexte extrêmement mouvant dû à la crise sanitaire, c'est un point fort et c'est passionnant pour les équipes.

Une des grandes valeurs du groupe, c'est l'entrepreneuriat, ce qui se traduit par une force de frappe importante en matière d'investissements et par cette autonomie laissée aux équipes pour apporter individuellement et collectivement leur engagement et leur valeur ajoutée, nécessaires à la croissance à l'entreprise.

Grâce à notre dynamique de croissance et à l'agilité dont nous devons faire preuve pour répondre aux besoins du marché, le groupe Eurofins offre des possibilités d'évolution en interne et ces dernières vont perdurer grâce à notre croissance d'activité. J'ai aussi été marqué par la motivation et le professionnalisme de l'ensemble des collaborateurs.

Nos équipes ont conscience de faire un métier qui a du sens, d'être dans un secteur clé pour l'économie et d'avoir un rôle à jouer pour venir à bout de cette crise.

PARCOURIR LE DOSSIER

Tout le dossier

Sujets associés

NEWSLETTER La Quotidienne

Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.

Votre demande d’inscription a bien été prise en compte.

Votre email est traité par notre titre de presse qui selon le titre appartient, à une des sociétés suivantes...

Votre email est traité par notre titre de presse qui selon le titre appartient, à une des sociétés suivantes du : Groupe Moniteur Nanterre B 403 080 823, IPD Nanterre 490 727 633, Groupe Industrie Service Info (GISI) Nanterre 442 233 417. Cette société ou toutes sociétés du Groupe Infopro Digital pourront l'utiliser afin de vous proposer pour leur compte ou celui de leurs clients, des produits et/ou services utiles à vos activités professionnelles. Pour exercer vos droits, vous y opposer ou pour en savoir plus : Charte des données personnelles.

LES ÉVÉNEMENTS L'USINE NOUVELLE

Tous les événements

LES PODCASTS

Raymond Kopa, de la mine au stade de foot

Raymond Kopa, de la mine au stade de foot

Au nord, c’étaient les corons, la terre c'était le charbon, le ciel l’horizon, les hommes des mineurs de fond. Parmi eux, Kopaszewski Raymond.

Écouter cet épisode

Poundbury, cité idéale à la mode Charles III

Poundbury, cité idéale à la mode Charles III

S’il n’est pas encore roi, le prince Charles semble avoir un coup d’avance sur l’environnement. Au point d’imaginer une ville nouvelle zéro carbone.

Écouter cet épisode

A Grasse, un parfum de renouveau

A Grasse, un parfum de renouveau

Dans ce nouvel épisode de La Fabrique, Anne Sophie Bellaiche nous dévoile les coulisses de son reportage dans le berceau français du parfum : Grasse. Elle nous fait découvrir un écosystème résilient, composé essentiellement...

Écouter cet épisode

Les recettes de l'horlogerie suisse

Les recettes de l'horlogerie suisse

Dans ce nouvel épisode de La Fabrique, notre journaliste Gautier Virol nous dévoile les coulisses de son reportage dans le jura suisse au coeur de l'industrie des montres de luxe.

Écouter cet épisode

Tous les podcasts

LES SERVICES DE L'USINE NOUVELLE

Trouvez les entreprises industrielles qui recrutent des talents

ORANO

Ingénieur Etudes Automatisme et Contrôle-commande F/H

ORANO - 16/03/2023 - CDI - Bagnols-sur-Cèze

+ 550 offres d’emploi

Tout voir
Proposé par

Accédez à tous les appels d’offres et détectez vos opportunités d’affaires

49 - Angers

Travaux de reconstruction de la piscine Belle-Beille

DATE DE REPONSE 15/05/2023

+ de 10.000 avis par jour

Tout voir
Proposé par

ARTICLES LES PLUS LUS