[Etude] Les cadres aimeraient bien changer de travail, mais...
Partir, c'est mourir un peu, prétendait un poète. Les cadres ne sont pas du tout d'accord. Pour eux, partir - c'est-à-dire démissionner- c'est donner du souffle à sa carrière et à sa vie. Tels sont les résultats d'une étude réalisée par l'ifop pour Cadremploi. On y découvre notamment que les cadres attendaient beaucoup du nouveau droit à la démission évoqué par le président de la République quand il était en campagne.
La démission, il y a ceux qui voudraient bien, ceux qui y pensent mais n'osent pas et ceux qui franchissent le pas. Et ils ne sont pas si nombreux, si l'on en croît l'étude réalisée par l'Ifop pour Cadremploi*. 62 % des cadres pensent à démissionner (16 % souvent et 46 % de temps en temps). Il existe des écarts entre les plus jeunes, plus prêts à partir que les anciens (74 et 49%).
Pour l'épanouissement, aller voir ailleurs
Toutefois, l'étude montre aussi que 48 % des cadres interrogés pensent que leur épanouissement professionnel passera par une évolution au sein de leur entreprise, quand 29 % citent un changement d'entreprise et 23 % une nouvelle carrière. On remarquera que certaines personnes qui pensent à démissionner estiment finalement qu'elles s'épanouiront là où elles sont. Toutefois, pour plus d'un cadre sur deux, l'accomplissement passe par un départ.
Les DRH et les managers de ces démissionnaires potentiels devraient être assez rapidement fixés. En effet, ceux qui envisagent une démission sont assez pressés. 23 % pensent le faire dans les prochains mois, 25 % au cours des 12 prochains mois et 41 % se donnent deux mois. Il est à noter que dans ce genre d'études, en général, ceux qui fixent un horizon assez lointain, sont assez souvent moins motivés que ceux qui disent vouloir le faire très rapidement.
De l'argent et un meilleur équilibre vie privée vie professionnelle
Les principaux facteurs expliquant ces envies d'ailleurs sont les perspectives insuffisantes au sein de l'entreprise actuelle (cité par 38%), la rémunération (37 %) et les relations avec le manager (35%). Fort logiquement, ce que les cadres indiquent qu'ils rechercheraient d'abord est une meilleure rémunération (55 %), un épanouissement professionnel accru (50 %) ou un plus grand équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle.
Où l'on vérifie que ce dernier point n'est pas une lubie de journaliste ou de consultant, c'est que 39 % des cadres indiquent que la crainte d'avoir un moins bon équilibre est un frein à un changement. 34 % citent les contraintes logistiques et financières et 32 % disent que ne pas avoir un autre poste les freinera. Partir oui, mais ne pas lâcher la proie pour l'ombre. Car la démission (on notera ici que l'étude ne distingue pas la démission et le départ suite à une rupture conventionnelle) est perçue comme un risque par 42 % des cadres et vue comme une opportunité par 36%.
"Démissionneurs en série"
Dans ces conditions, la promesse de celui qui était encore candidat à la présidence de la République, Emmanuel Macron, de donner droit au chômage à tous les salariés démissionnaires sous réserve d'une certaine ancienneté avait marqué l'esprit des cadres, explique Frédéric Dabi, DGA de l'Ifop. Le projet de loi finalement adopté et d'une moindre ambition (la condition n'est plus liée à l'ancienneté dans l'entreprise mais à l'existence d'un projet alternatif) reste bien perçu malgré tout. 18 % disent qu'il correspond très bien à leurs attentes et 46 % assez bien. Reste que 62 % des cadres aimeraient une condition en rapport avec l'ancienneté et 21 % avec un projet.
Et qu'en pensent ceux qui l'ont fait ? Et d'abord combien sont-ils ? 31 % déclarent avoir démissionné une seule fois et 29 % sont des "serial-démissionneurs". Ce qui frappe, c'est leur bonheur tel qu'il est exprimé dans leurs réponses. 36 % disent avoir éprouvé du soulagement, 25 % de l'excitation, 16 % de la joie et 13 % du plaisir. Que les plus téméraires se rassurent, 29 % disent avoir eu des doutes, 27 % de l'anxiété et 14 % de l'impatience. On est très loin des sentiments très négatifs éprouvés lors du départ d'un collègue. 37 % des cadres parlent de déception 35 % de tristesse, 32 % d'appréhension pour l'avenir... et même 23 % d'incompréhension. C'est dire l'importance des relations affectives au sein des entreprises et comment, comme disait le poète, "un seul être vous manque et tout est dépeuplé". Reste que pour celui qui part, c'est bien une nouvelle vie qui commence. Que les âmes sensibles se rassurent : Thibaut Gemignani, le CEO de Cadremploi le certifie : moins d'un cadre sur 10 passera finalement passer à l'acte en 2019.
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* Etude réalisée auprès d'un échantillon de 1001 cadres et dirigeants d'entreprises représentatifs de la population française des cadres actifs en poste. Méthode de quotas après stratification par région et par catégorie d'agglomération. Questionnaire auto administré en ligne entre les 10 et 16 octobre.
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