Et si le sort des centrales à charbon se jouait à la centrale EDF de Cordemais, en grève, mais réquisitionnée pour compenser Flamanville à l'arrêt…
Fait inédit, les deux réacteurs de la centrale nucléaire d'EDF de Flamanville (Manche) sont à l'arrêt programmé en même temps, obligeant RTE à réquisitionner la centrale électrique à charbon d’EDF à Cordemais (Loire-Atlantique), en grève depuis plus d'un mois. Les grévistes ne se satisfont pas des concessions de François de Rugy sur la fermeture des centrales en 2022. Ce dernier laisse pourtant une petite chance au projet de conversion à la biomasse Ecocombust.
Mis à jour
23 janvier 2019
Une réunion au ministère de la Transition Ecologique et Solidaire et un courrier de François de Rugy et Emmanuelle Wargon aux représentants syndicaux annonçant le possible fonctionnement de la centrale EDF à charbon de Cordemais (Loire-Atlantique) au-delà de 2022, doublé d’un communiqué à la presse, ne vont pas suffire. Les 400 salariés de la centrale électrique EDF à charbon de Cordemais (Loire-Atlantique) restent en grève. Sauf réquisition, la centrale restera à l’arrêt. Jusqu’à quand ?
Les grévistes lient la reprise du travail à "une décision tranchée" sur le projet de conversion des centrales EDF à la biomasse, explique Damien Mouille, délégué syndical CFE CGC à Cordemais et animateur thermique à flamme chez EDF. Depuis 2015 et la loi de transition écologique pour la croissance verte, EDF a investi 10 millions d’euros dans un projet Ecocombust proposé par le directeur de l’unité de Cordemais de l’époque, Denis Florenti. Il vise à produire sur le site un combustible alternatif au charbon, un pellet de biomasse densifiée, à partir de déchets verts et de bois déclassé de série B provenant d’un rayon de 150 km autour de la centrale. Le processus utiliserait en partie la chaleur fatale des centrales.
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Très chère conversion à la biomasse
Au lieu de fermer comme prévu d’ici à 2022, les trois unités de production d’électricité d’EDF à partir de charbon de Cordemais, où s’effectuent les tests, et du Havre (Seine-Maritime), pourraient utiliser 80% de ce nouveau combustible mais en ne fonctionnant plus que pour les pointes de demande, soit 800 heures par an au lieu de 4 500 à 5 000 heures actuellement, avec une puissance ramenée à 500 MW contre 600 MW aujourd'hui. Les coûts de production seraient de l’ordre de 115 à 120 euros/MWh, contre environ 50 euros aujourd’hui.
Les premiers essais montrent qu’il est possible de substituer jusqu’à 87 % de charbon sans modifier les installations, dans lesquelles EDF a investi 50 millions d’euros entre 2014 et 2016 pour les prolonger jusqu’en 2035. EDF serait prêt à investir 100 millions d‘euros supplémentaires pour ne pas fermer les sites et les convertir à la biomasse, mais sous condition d’obtenir une subvention équivalente du gouvernement. Il faudrait surtout que l’État renonce à une promesse du président Emmanuel Macron de fermer les centrales électriques à charbon en France.
Cordemais, Fessenheim, même combat ?
Cet engagement du plan climat dévoilé en juillet 2017, confirmé lors du discours du 27 novembre 2018 à l’occasion de la présentation de la feuille de route énergétique ou PPE, n’est pas si facile à tenir. Comme la fermeture de Fessenheim en son temps, RTE, le transporteur d’électricité, la conditionne à la mise en service de l’EPR de Flamanville (Manche) et d’une centrale combinée gaz à Landivisiau (Finistère), pour assurer l’approvisionnement de la Bretagne.
"Dans ce contexte, et en envisageant l’hypothèse où la production d’électricité par la centrale de Cordemais devrait être poursuivie au-delà de 2022, la conversion de la centrale vers des solutions décarbonées est étudiée", écrit le ministre de la Transition écologique et solidaire dans un communiqué. Le projet Ecocombust pourrait donc bien être retenu mais à la condition de ne pas "dépasser les 4 % des volumes de charbons utilisés actuellement".
Gardanne demande un moratoire
Pour trancher, le gouvernement a demandé à RTE une étude sur la sécurité d’approvisionnement du réseau dans l’ouest de la France, qui doit être rendue fin janvier ou début février. Une nouvelle réunion sur le projet Ecocombust est également prévue le 24 janvier. Bien, mais insuffisant aux yeux des salariés grévistes de la centrale EDF de Cordemais, qui pensent que non seulement leur projet Ecocombust pourrait éviter la fermeture du site et limiter la réduction d’effectifs mais pourrait surtout faire école, ailleurs. Message passé à la centrale à charbon d'Uniper à Gardanne (Bouches-du-Rhône), où les salariés en sont à 45 jours de grève. Ils viennent de demander un moratoire. La fermeture des centrales à charbon s’annonce très compliquée.
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