Et si l’aéronautique boudait les composites ?
Après une irruption fracassante dans l’aéronautique, les matériaux composites pourraient effectuer un mouvement de reflux. C’est en tout cas l’avis du patron de Latécoère.
Si l’on ne peut pas encore parler de tendance, il s’agit en tout cas d’un premier signal. Reste à en connaître l’amplitude. Après avoir chanté les louanges des matériaux composites, les acteurs de l’aéronautique pourraient bien leur faire la moue.
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C’est au détour de la présentation des résultats financiers du groupe, mardi 8 mars, que son directeur général, Frédéric Michelland, a émis de sérieux doute quant à la croissance de la part des composites dans les avions. Coïncidence : ce même jour s’ouvrait à Paris la grand-messe des composites, le salon Jec Composites. "Les avionneurs se demandent s’ils ne sont pas allés trop loin avec les composites", résume le dirigeant de l'équipementier.
Les derniers grands programmes des avionneurs font en effet la part belle à ces matériaux, constitués de fibres et de résines, plébiscités pour l’allègement des appareils et les économies de carburant qu’ils génèrent : ils représentent la moitié du poids de chaque Boeing 787, de chaque Airbus A350. De quoi enflammer les estimations des prévisionnistes qui voient le marché mondial des aérostructures composites passer de 7,2 milliards en 2014 à plus de 14,5 milliards d’euros en 2020.
Des verrous difficiles à faire sauter
Las, avec des prix qui restent élevés (malgré la chute du prix du baril de pétrole), des opérations de maintenance délicates, un manque de flexibilité dans la production et un regain de vitalité du côté de l’aluminium et des alliages, les avionneurs les yeux rivés sur la rentabilité de leurs programmes pourraient se rabibocher avec le bon vieux monde de la métallurgie.
A moins que la concurrence accrue dans les composites, comme en témoignent les investissements de Toray, d’Hexcel mais aussi l’offensive du chimiste Solvay, ne fasse baisser les prix. A moins que les travaux de R&D permettent aux composites de s’adapter à l’intransigeante hausse des cadences de production de l’aéronautique pour laquelle ils restent à la peine. A moins que les composites ne s’intègrent davantage dans les équipements secondaires qui garnissent les cabines d’avion.
Et à moins qu'ils n'offrent de nouvelles fonctionnalités, comme la réduction du bruit ou la conduction électrique... Si les volumes de production de ces matériaux resteront tirés par la demande en nouveaux avions, leur part dans chaque appareil pourrait avoir atteint son maximum.
Olivier James
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