Eramet inaugure EcoTitanium, une usine de fabrication de titane par recyclage
Le groupe Eramet inaugure, vendredi 15 septembre, la dernière-née de ses usines. EcoTitanium, basée à Saint-Georges-de-Mons (Puy-de-Dôme), est annoncée comme la première unité européenne d’élaboration de lingots de titane par recyclage. Une innovation technologique et environnementale.
Le village de Saint-Georges-de-Mons, dans le Puy-de-Dôme, va connaître une agitation inhabituelle aujourd’hui. Le groupe Eramet, qui compte déjà dans cette bourgade rurale de 2.000 âmes l’un des sites majeurs de production d’alliages de sa filiale Aubert et Duval, inaugure une usine innovante. EcoTitanium est, en effet, la première unité européenne d’élaboration de titane de qualité aéronautique par recyclage, qui produira des alliages à partir de chutes et copeaux de titane collectés chez les grands constructeurs aéronautiques et leurs sous-traitants.
Le principe est simple : les constructeurs retournent à EcoTitanium les chutes et copeaux qu’ils ont produits lors du façonnage de leurs pièces à partir de lingots de titane. L’usine fabrique alors de nouveaux lingots à partir des chutes recyclées et s’engage à les vendre à ses partenaires à un prix inférieur aux lingots de titane fabriqués à partir de titane primaire.
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"Contexte de forte croissance"
"EcoTitanium permet à l’industrie aéronautique de disposer d’une voie d’approvisionnement nouvelle, innovante et indépendante des fournisseurs américains et russes. Elle maîtrise ainsi l’approvisionnement en titane, matière première stratégique pour la filière, dans un contexte de forte croissance des marchés aéronautiques", précise la direction du groupe Eramet.
Pour atteindre le meilleur niveau mondial de compétitivité, EcoTitanium a mis au point des technologies inédites, comme le four de fusion plasma et de refusion sous vide. "Le four plasma permet notamment de fondre des chutes d’alliages de titane de taille très variables (copeaux de quelques millimètres jusqu’à des pièces de plusieurs dizaines de kilos) tout en assurant l’élimination des défauts rédhibitoires sur les pièces en titane". Il s’agit ainsi de la seule technologie commercialisée capable d’élaborer des alliages de titane fortement alliés à partir de chutes. A plein régime, l’usine produira "plusieurs milliers de tonnes" de lingots chaque année, sans préciser toutefois de chiffre plus précis.
L’usine EcoTitanium, dont la première pierre avait été posée le 27 avril 2015, en présence du Premier ministre Manuel Valls, a nécessité un investissement de 48 millions d’euros. Elle devrait permettre la création d’au moins 60 emplois directs hautement qualifiés, ainsi que des emplois induits.
Quatre marchés prioritaires
Cet outil devrait trouver son marché rapidement. Selon les prévisions, sur la période 2012-2020, la demande mondiale de titane pourrait connaître une croissance de plus de 50% pour atteindre plus de 100 kilotonnes de lingots, principalement pour répondre aux besoins des secteurs industriels et aéronautiques.
"Plus précisément, les marchés de l’aéronautique, du médical, de l’énergie et de la défense devraient croître de 5% par an. Ces quatre marchés forment la cible prioritaire d’EcoTitanium pour la mise en place de contrats en économie circulaire", assure le leader mondial des métaux d’alliages.
Ainsi, les calculs du groupe minier français sont formels : "EcoTitanium permettra d’éviter le rejet de 100 000 tonnes de CO2, en consommant 4 fois moins que la filière classique d’élaboration à partir de minerais".
Dans cette aventure, plusieurs partenaires financiers ont accepté de mettre la main au porte-monnaie, dont la Banque Européenne d’Investissement (BEI) qui a accordé un prêt de 30 millions d’euros (*). Le démarrage en production commencera en 2018 et la montée en régime s’étalera sur cinq ans en fonction des durées de qualification, de l’apprentissage de ces nouvelles technologies et de la prise de parts de marché. EcoTitanium devrait tourner à plein régime en 2022.
Geneviève Colonna d’Istria
(*) EcoTitanium compte trois actionnaires : UKAD (43,5%), co-entreprise d’Aubert & Duval (filiale du Groupe ERAMET) et d’UKTMP International, l’Etat dans le cadre du Programme des Investissements d’Avenir opérés par l’ADEME (41,3%), et la Caisse régionale de Crédit Agricole Centre France (15,2%), via sa filiale de prise de participation CACF Développement.
UKAD dans la boucleL’usine EcoTitanium se situe à quelques mètres seulement de l’usine de forgeage UKAD, inaugurée en 2011. Tout sauf un hasard. Située à Saint Georges de Mons, cette joint-venture entre Aubert & Duval, filiale du groupe ERAMET, et le kazakh UKTMP, est spécialisée dans le forgeage du titane. Le site se veut l’un des leaders mondiaux de la fabrication d’éponge de titane destinées à l’aéronautique, l’énergie, la compétition automobile, la nucléaire, le médical… Soixante-dix personnes y travaillent. 3 000 tonnes de titane forgées sont produites chaque année, soit une production multipliée par 4 depuis son démarrage il y a 4 ans. Les chutes générées par la production d’éponges seront, elles aussi, redirigées vers sa voisine EcoTitanium. La boucle est bouclée.
Du titane partoutLe titane et ses alliages ont le vent en poupe. De plus en plus utilisés dans l’énergie, la chimie et pétrochimie, notamment pour sa tenue à la corrosion, ils présentent des caractéristiques intéressantes pour l’industrie : légèreté (44% plus léger que l’acier) ; excellente tenue à la corrosion ; caractéristiques mécaniques élevées ; biocompatibilité permettant son utilisation médicale. La grande majorité du minerai de titane (environ 90%) est exploitée sous forme de poudre dioxyde de titane (TiO2), utilisée comme pigment dans les peintures, papiers, plastiques, céramiques, cosmétiques, dentifrices, crèmes solaires, pâtisseries, confiseries et médicaments. Employé dans le milieu médical, dans la défense, les blindages et bien sûr l’aéronautique, la demande mondiale est de plus en plus forte et connait une progression constante. GCI
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