"Epson ne fait pas de l’obsolescence programmée", affirme son PDG en Europe

Les constructeurs d’imprimantes à jet d’encre sont accusés par des associations écologistes comme Hop de pratiquer de l’obsolescence programmée. Le japonais Epson figure en tête des accusés. Cartouches d’encre inutilisables jusqu’au bout, puce de comptage du nombre d’impressions autorisées par cartouche, non réparabilité des machines… Les accusations fusent. Kazuyoshi Yamamoto, PDG d’Epson en Europe, répond aux questions de L’Usine Nouvelle.

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Kazuyoshi Yamamoto, PDG d'Epson Europe, se défend face aux accusations de Hop!

L'Usine Nouvelle - L’association Hop vous accuse de pratiquer l’obsolescence programmée de vos imprimantes. Comment réagissez-vous ?

Kazuyoshi Yamamoto - Nous récusons totalement ces accusations. Nous ne voyons pas l’intérêt que nous aurions à retirer nos produits du parc en programmant leur mort prématurée. Ce serait un non-sens économique, contraire à notre philosophie d’entreprise, à notre modèle industriel et à notre engagement en matière de développement durable. Pour continuer à fonctionner dans les meilleures conditions, nos imprimantes ont besoin de garder une certaine quantité d’encre non utilisable dans la cartouche. Cette encre de sécurité sert à éviter les bulles d’air, l’ennemi de la technologie d’impression à jet d’encre. Ce n’est pas un choix de notre part. C’est une contrainte imposée par la technologie.

Est-ce vous vendez des imprimantes à perte pour vendre vos cartouche d’encre ?

Notre modèle industriel combine la vente de matériels et de consommables. Pour favoriser l’accessibilité de la technologie au grand public, nous nous efforçons de proposer des imprimantes à des prix les plus abordables possibles. Mais nous nous attachons à garder globalement un équilibre entre matériels et consommables.

Vous dissuadez les clients d'utiliser des cartouches d’encre d’autres marques. N’est-ce pas une façon de verrouiller le marché et d’empêcher la concurrence ?

Nous n’empêchons pas les clients d'utiliser sur nos imprimantes des cartouches d’encre d’autres marques. Pour des questions de performances et de sécurité, nous leur recommandons simplement de ne pas le faire. Nos cartouches d’encre sont intimement liées à nos imprimantes. Les deux parties sont optimisées l’une pour l’autre. C’est le modèle industriel dans ce domaine. Je ne vois pas d’évolution qui déconnecterait les consommables des imprimantes pour rendre les produits de tous les constructeurs complètement interchangeables. Ceci étant, pour aider nos clients à économiser de l’argent sur les consommables, nous avons lancé en 2010 l’EcoTank, une solution de réservoirs d’encre pour recharger les cartouches. A son lancement, les gens nous prenaient pour des fous. Nous voulons offrir aux utilisateurs la liberté de choisir l’option qui leur convient le mieux. Cette solution a été lancée en France en septembre 2015. Nous en avons écoulé à ce jour près de 30 millions d’unités dans le monde.

On pointe le fait que de vos imprimantes ne sont pas réparables. Que répondez-vous à ce reproche ?

Nos imprimantes sont tout-à-fait réparables dans le cadre du contrat de garantie. Nous avons pour cela une liste de réparateurs agréés à la disposition des clients. En dehors du contrat de garantie, c’est au client de décider s’il veut réparer sa machine ou s’il préfère acheter une neuve. Dans certains cas, il revient moins cher d’acheter une machine neuve que de réparer l’ancienne. Ceci devient vrai pour la plupart des produits électroniques. Ce n’est pas spécifique à notre métier.

Certains acteurs de l’impression comme Ricoh ou Xerox rencontrent des difficultés. A quoi cela est dû ?

A la concurrence féroce sur le marché. Pour tenir dans ce domaine, il faut disposer d’autres activités en développement. Chez Epson, nous avons la chance d’être présents aussi dans les vidéoprojecteurs. Nous faisons tout pour être inventifs et développer cette activité. Nous avons par ailleurs d’autres activités comme la robotique ou les composants électroniques. Nous sommes moins exposés aux risques dans l’impression que des pure players. Ceci étant, nous ne ménageons pas nos efforts dans l’impression pour continuer à offrir des produits toujours plus innovants, de meilleure qualité et plus respectueux de l’environnement. C’est à ce prix que nous pensons tirer notre épingle du jeu.

Que faites-vous face au risque de voir les imprimantes devenir des commodités, le terrain de chasse des Chinois ?

A moyen terme, nous ne voyons pas ce type de risque. Nous sommes protégés par la valeur de notre technologie. Nous réalisons nous-mêmes les moteurs d’impression de nos machines selon une technologie extrêmement sophistiquée et qui nous est propre. Nous fabriquons les têtes d’impression dans une salle blanche comme dans les semiconducteurs. Ce savoir-faire pointe n’est pas à la portée de tout le monde. Nous restons toutefois attentifs à l’évolution de la concurrence et prêts à réagir en développant d’autres activités.

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