Entreprise industrielle : le nouveau visage du chef d'atelier

Face à des consommateurs qui n'anticipent plus leurs achats et qui veulent que les produits soient toujours disponibles, face à la crise économique qui a poussé les entreprises à s'interroger sur leurs modes de production, les petites et moyennes industries (PMI) ont profondément revu les missions du chef d'atelier.

Finie donc l'époque où le chef de production pouvait être représenté par un homme portant une blouse bleue, en retrait dans son « bocal » dans un angle de l'atelier, faisant en sorte que soient exécutés les ordres des clients internes et externes de l'entreprise. « Depuis la crise, on " l'a sorti de son bocal " et on l'a poussé vers l’ère moderne », assure Laurent Luce.

Capacité d'anticipation et de gestion

Désormais, le chef d'atelier « est le pivot central, celui qui doit régler les problèmes dès qu’ils surgissent. ». En contact permanent avec l'aval et l'amont de la chaîne de production, il est le seul en mesure de savoir ce que le groupe peut fabriquer, dans quel délai, pour quel coût et avec quelles équipes.

Il est aidé en cela par les outils informatiques et numériques mis à sa disposition. « En un seul tableau de bord, il est capable de donner toutes les informations nécessaires sur les productions, les commandes à chaque service concerné », assure Laurent Luce.

À lui incombe le devoir d’anticiper les commandes et d’assurer la capacité de l'entreprise à répondre à celles-ci, tant sur le plan matériel qu'humain. « C'est lui qui est en mesure de savoir si on doit recruter en intérim, en CDI ou en CDD, selon le carnet de commandes, les prévisions de production et la charge de travail à un instant t », précise Laurent Luce. De même, il doit fournir les informations utiles à la comptabilité ainsi que les recommandations concernant les machines : faut-il en acheter une ? En louer ou encore sous-traiter ?

Force de proposition et de réaction

« La préparation de la production, qui était réactive, devient prédictive grâce, notamment, à des outils numériques permettant le calcul du besoin net (CBN), précise le responsable Sage. De fait, le chef d'atelier devient force de proposition auprès des équipes commerciales et d’achats ».

Parallèlement, et afin d'améliorer les résultats d'exploitation, l'entreprise lui demande de bien gérer les stocks, pour éviter le surstockage et optimiser au mieux les matières premières.

Le chef de production doit aussi être en mesure de réagir durant les productions pour parer d'éventuels écarts, certains prévus car dus aux maintenances préventives des machines ou liés aux écarts de disponibilité des composants dans les gammes opératoires.

Garde-fou de l'activité

Avec ces changements en termes de responsabilité, le profil du chef d’atelier devenu chef de production s'est modifié. La profession s'est féminisée, a rajeuni, et est désormais plus diplômée (Bac + 4). « Le chef de production travaille sur écran ou tablette, en mobilité, avec des outils logiciels, des tableaux de bord, qui lui permettent de tout anticiper », précise Laurent Luce.

Le responsable de production a fait son entrée au comité de direction, comme garde-fou de la bonne activité de l'entreprise. « Face aux prévisions de croissance de l'entreprise, le chef d'atelier doit dire ce qu'il est possible de faire, doit proposer des solutions, demander des recrutements afin de pouvoir assurer la production dans les délais grâce au plan industriel commercial/plan de production », précise Laurent Luce.

« Avant, une PMI augmentait ses prix de vente pour gagner en rentabilité, explique-t-il. Désormais elle veut optimiser ses coûts de production et elle compte sur le chef d'atelier pour y parvenir ».