Engie évince sa directrice générale Isabelle Kocher

Le conseil d'administration d'Engie a décidé jeudi 6 février de ne pas renouveler le mandat de sa directrice générale Isabelle Kocher, qui prend fin en mai, afin "d'engager une nouvelle étape de sa transformation et d’approfondir sa stratégie".

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Engie évince sa directrice générale Isabelle Kocher
Le conseil d'administration d'Engie s’est prononcé jeudi contre le renouvellement du mandat de directrice générale d'Isabelle Kocher, qui prend fin en mai.

Changement de direction chez Engie. A l'issue d'un conseil d'administration réuni jeudi 6 février, Isabelle Kocher a été écartée. Un triumvirat constitué autour de Claire Waysand, nommée directrice générale par intérim, prendra la direction opérationnelle du groupe pendant la période de transition, a annoncé le fournisseur d'énergie et de services.

Claire Waysand sera épaulée par le directeur général des opérations Paulo Almirante et la directrice financière Judith Hartmann, a ajouté le groupe dans un communiqué publié à l’issue d’un conseil d’administration extraordinaire.

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Engie devait à l'origine se prononcer fin février sur la reconduction ou non d’Isabelle Kocher, en poste depuis 2016 mais les relations entre la dirigeante et le président d'Engie Jean-Pierre Clamadieu, selon plusieurs sources au fait du dossier, s’étaient tellement dégradées au cours des dernières semaines que le groupe a finalement décidé d'accélérer sa prise de décision.

"Engie ouvre (...) une nouvelle période de son histoire où nous devons accélérer la stratégie de transformation, la rendre plus claire et plus lisible", a déclaré Jean-Pierre Clamadieu dans un entretien aux Echos. "Isabelle a conduit des réalisations très positives mais elle n'a pas réussi à démontrer qu'elle était la bonne personne pour approfondir la mise en oeuvre de cette transformation."

Des sources internes à Engie et des observateurs du groupe indiquaient ces derniers jours que l'Etat, qui détient 24% du capital et peut en céder tout ou partie depuis le vote de la loi Pacte, reprochait à Isabelle Kocher de s'être entourée d'une équipe dirigeante manquant d'envergure et d'avoir informé trop tardivement le conseil de certaines décisions stratégiques.

"Aucun projet de démantèlement"

Jeudi 6 février matin, le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a répété que l'Etat, dont les représentants au conseil d'administration ont voté contre la reconduction, agirait en fonction des résultats économiques de l'entreprise et ajouté qu'il n'existait aucun projet de démantèlement du groupe.

"Le débat sur le démantèlement du groupe n'a pas lieu d'être. Personne au conseil d'administration n'a jamais évoqué un tel scénario. La période des grandes cessions d'actifs est derrière nous", a souligné pour sa part Jean-Pierre Clamadieu.

La progression du cours de Bourse de l'entreprise sous le mandat d'Isabelle Kocher (+13% environ), jugée trop modeste, a elle aussi été invoquée pour motiver son éviction.

Dans son communiqué, Engie a déclaré que son comité des nominations allait "engager immédiatement une recherche large d’un nouveau directeur général".

"Le groupe doit simplifier son organisation, clarifier ses options stratégiques, et conforter son modèle de croissance dans le domaine des énergies renouvelables et des solutions clients", a ajouté Engie, fixant la feuille de route du prochain DG. "Il doit également répondre à deux enjeux essentiels que sont la place du nucléaire dans le mix énergétique de la Belgique et celle du gaz dans le mix énergétique français."

La gouvernance d'Engie est devenue ces derniers mois un sujet politiquement sensible pour le gouvernement, en particulier parce qu'Isabelle Kocher était la seule femme à la tête d'une entreprise du CAC 40.

"S'il y avait 10 ou 15 femmes à la tête de grands groupes français, on verrait les choses différemment !" a répondu Jean-Pierre Clamadieu dans son interview aux Echos.

Selon des sources internes à Engie ou proches du groupe, plusieurs noms de candidates potentielles à la direction générale d'Engie, en interne ou venant de l'externe, circulent déjà.

Tribune

Isabelle Kocher, après avoir déjà entretenu des relations tendues avec l'ancien président d'Engie Gérard Mestrallet, a régulièrement estimé ces dernières années qu'elle était la cible de critiques en raison du virage stratégique radical qu'elle a fait prendre au groupe.

Sous sa direction, Engie a procédé à quelque 15 milliards d'euros d'actifs sur la période 2016-2018, principalement dans la production d'électricité à partir de charbon et dans l'amont pétrolier et gazier, et a donné la priorité aux énergies renouvelables, aux infrastructures gazières et aux services.

Alors que des rumeurs sur sa possible éviction commençaient à circuler fin 2019, des salariés du groupe ont publiquement pris position en faveur de son maintien et, plus récemment, des personnalités de tous bords - dont Anne Hidalgo, Xavier Bertrand ou encore Cédric Villani et Aurore Bergé - lui ont apporté leur soutien dans une tribune publiée dans Les Echos, ce que la présidence d'Engie et l'Etat auraient très mal perçu.

Dans un communiqué, la CFDT s'inquiète "de la stratégie et du projet industriel qui sera mis en oeuvre par la prochaine gouvernance" et souligne son attachement "à la pérennité d'un groupe fort des secteurs de l'énergie et des services".

L'administrateur de la CGT a voté contre le renouvellement, considérant que l'action d'Isabelle Kocher "a conduit à un affaiblissement progressif du groupe" et "à une perte de métiers et de compétences", selon un communiqué diffusé par la centrale.

Par Benjamin Mallet, Avec Gwénaëlle Barzic, édité par Jean-Stéphane Brosse et Nicolas Delame)

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