ÉNERGIES, FLUIDES, EMPREINTE CARBONE : ces indicateurs (devenus) clés
L’amélioration continue ne se limite pas seulement au strict enjeu productif. L’activité industrielle fait face à de nouvelles problématiques, sur la manière de produire, les possibilités de « se retourner », comme sur la responsabilité qui découle de son activité.
Plusieurs indicateurs de performance gagnent en importance et sont désormais davantage intégrés, par les acteurs industriels, dans la conduite de leur activité comme leur projection business.
Efficience énergétique
L’indicateur n’est pas nouveau, et a gagné en importance avec la réglementation. La généralisation de la norme Iso 50 001, comme la fixation du prix de la tonne carbone, ont conduit les industriels à améliorer l’efficacité énergétique de leur outil de production.
Le contexte récent accentue la tendance : face aux coûts d’énergie actuels, certains industriels particulièrement consommateurs et/ou dépendants voient le modèle même de leur activité remis en cause.
Chez beaucoup, un système de management énergétique est déjà déployé, incluant suivi comme agrégation de nouvelles données (prix de marché, prévision de cours, etc.). « Un industriel qui ne se posait pas la question cherche désormais à savoir quand couper l’alimentation de telle ou telle machine, et plus encore savoir quand la faire tourner au bon moment », traduit Antoine Labuche, de 9altitudes.
Tendance confirmée par Charles Thaumiaux, expert de la performance industrielle et associé du cabinet Mews Partners : « Beaucoup d’industriels fortement consommateurs d’énergie sont en train de passer, à l’aide de capteurs plus fins, d’une mesure à l’échelle de l’usine à une mesure par atelier de fabrication voire unité de poste, afin d’améliorer leur efficacité énergétique ». Le « facteur énergie » est clairement critique, et se trouve au même plan que la performance économique.
Les fluides, ces anciens « oubliés »
Dans l’industrie de process, ils sont évidemment déterminants. Pourtant, les fluides ont longtemps été « négligés » dans les analyses. Plus maintenant ! « Il faut changer de paradigme quant à l’utilisation de ces fluides comme ressources : les indicateurs associés à leur consommation vont devenir incontournables. À titre d’illustration, l’eau ne peut plus être considérée par les industriels comme une ressource gratuite infinie du fait de phénomènes de sécheresse de plus en plus fréquents », précise Charles Thaumiaux, expert de la performance industrielle et associé du cabinet Mews Partners.
L’enjeu des sources d’approvisionnement, des alternatives possibles (Re-use), comme de la sobriété en matière de consommation sont désormais le cœur des enjeux.
Economie circulaire… et empreinte carbone
Autre enjeu clé, les matières premières agitent aussi la sphère industrielle. Outre l’attente sociétale, des contraintes réglementaires autour de la consommation raisonnée des ressources se mettent en place - loi climat et Résilience, loi anti-gaspillage, taxe écoresponsable, etc. – pour pousser à une part de matériau recyclé dans les productions industrielles, voire atteindre des économies matières structurelles (cf. encadré).
La contrainte matière première, aussi
Faire mieux avec moins, « faire durer », fabriquer « sobre » : l’efficacité matière est elle aussi au centre de bien des enjeux, en lien avec la transition écologique que l’industrie doit relever. Entre hausse des coûts et tensions sur les disponibilités, mais aussi mutations des modèles pour allonger la durée de vie des infrastructures ou des produits au sens large, c’est bien à une valeur « matériaux » élargie que tente de répondre de plus en plus d’industriels.
Avec une évolution de leurs indicateurs de performance sur le sujet. « On voit clairement arriver dans les cahiers des charges des impératifs en matière de mesure d’empreinte carbone », note encore Antoine Labuche. Sur le terrain, les éditeurs de solutions digitales entendent répondre : « Microsoft et ses solutions de business application / business intelligence intègrent ces dimensions. Chez l’éditeur TC, on va détailler la capacité de recyclage des produits, des pistes pour allonger le cycle de vie, éviter les rebuts, etc. », détaille Antoine Labuche, de 9altitudes.
Le score carbone d’une entreprise est désormais attendu, autant par les acteurs réglementaires que par les clients. Avec lui, les indicateurs environnementaux s’imposent dans les prises de décisions. Dans un tel contexte, les outils de planification de type « Sales & organisation » planning intègrent cette notion d’impact environnemental dans leurs prévisions. Les émissions de CO2 comme la taxe carbone estimative/effective à acquitter sont des KPI dont lamesure et l’optimisation se généralisent.
REPÈRES : Performance globale, RSE, taxonomie européenne
La pratique d‘entreprise dans son ensemble est questionnée, et avec elle son caractère durable : les indicateurs dits RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) se diffusent, dans l’optique d’une mesure de la performance globale. « La performance de l’entreprise a été historiquement circonscrite à la performance économique, et évaluée par le seul langage financier. Elle s’est progressivement élargie… à d’autres dimensions de la performance (sociale, sociétale et environnementale) et à d’autres langages (quantitatif et qualitatif). Ainsi, en parallèle de la performance financière, il convient de prendre en compte… la performance extra-financière dans laquelle s’inscrit… la performance RSE », rappellent les auteurs du dernier rapport de la plateforme RSE.
Parmi leurs recommandations aux entreprises figurent les notions de « reporting élargi » , de « place accordée aux données extra-financières… pour leur pilotage » ou encore « d’identification et de mesure de l’impact de leurs actions RSE » , ainsi que leur « contribution aux Objectifs de Développement Durable et à leurs cibles ».
À l’échelle européenne, une « taxonomie verte » se met en place, pour déterminer si une activité économique est durable. Elle s’inspire des paramètres déjà imposés à la « finance verte ». L’ambition est de faire évoluer la lecture de la performance des entreprises, en obligeant ces dernières à adopter un système de reporting d’activité incluant les objectifs climat… 2022 est l’année des premières obligations pour les entreprises non financières, et 3 KPI ont été définis. La part des activités « durables » devra ainsi être exprimée en : % du Chiffre d’Affaires, % des CAPEX, % des OPEX.