En pleine déprime du marché, Holcim Maroc met à l'arrêt un des deux fours de sa cimenterie d'Oujda
La filiale marocaine du cimentier helvétique Holcim a décidé de fermer l'une des deux lignes de cuisson de son usine d'Oujda pour toute l'année 2013. Il répond par cette mesure à la chute de la demande de ciment depuis un an.
Rien ne va plus ? Devant une demande de ciment en berne, Holcim Maroc joue la prudence. Le groupe a décidé de fermer une des deux lignes de cuisson de sa cimenterie d'Oujda, dans le nord du pays. Jusqu’ici la capacité de ce site était de 1,6 million de tonnes, elle va donc jusqu’à nouvelle ordre être divisée par deux. Objectif : adapter son offre à une demande en berne et limiter les coûts fixes.
Holcim exploite trois cimenteries au Maroc (Oujda, Fès et Settat), un centre de broyage, d'ensachage et de distribution (Nador) et un centre d'ensachage et de distribution (Casablanca). Ces dernières années, le groupe s'est aussi diversifié aussi dans la distribution de matériaux et l'immobilier.
Un peu à contretemps d’un marché souffreteux Holcim vient, par ailleurs, d’achever l'extension de capacité de ses installations de Fès dans le centre du royaume. Ces travaux ont coûté 128 millions d'euros. Ils ont permis l'installation d'une technologie novatrice au Maroc selon Holcim, à savoir celle d'un broyeur à ciment vertical d'une capacité de 115 tonnes par heure. Une installation qui ne tourne pas à pleine capacité pour l'instant... mais est prévue de toute façon pour durer des décennies.
Lors d'une présentation de ses résultats financiers 2012 à la presse le mardi 21 mai sur le site de Settat à 70 kms au sud de Casablanca, le président du directoire de Holcim Maroc, Dominique Drouet a confirmé des résultats 2012 en retrait.
Lors du dernier exercice, le chiffre d'affaires a reculé de 5% à 2 milliards de dirhams (180 millions d'euros). Le résultat d'exploitation a lui chuté de 21% à 873,7 millions de dirhams (78,7 millions d'euros) et le résultat net part du groupe de 14,7%.
Au plan mondial, le chiffre d'affaires global du groupe suisse en 2012 s'est élevé à 21,5 milliards de francs suisses (17,2 milliards d'euros) soit une hausse de 3,9% pour un résultat net de 1,026 milliard de francs suisses (+50,4%).
Mais au quatrième trimestre 2012 le groupe Holcim a essuyé une perte nette de 161 millions de francs suisses (132 millions d'euros), en raison de charges de restructuration et de dépréciations de 390 millions d'euros. Au premier trimestre 2013, son chiffre d'affaires mondial a chuté de 7,2%.
Mais au Maroc, en dépit du recul de ses résultats l’an dernier, la marge nette de Holcim comme celle des autres cimentiers est resté extrêmement confortable. Celle-ci s'est élevée à 24% en 2012.
Ces marges, il s'agit donc de les préserver malgré la course aux capacités à laquelle se sont livrés ces dernières années les grands cimentiers au Maroc, alors que depuis 12 mois la demande ne répond plus vraiment.
En effet, le marché du ciment a baissé de 1,6% en 2012 à 15,8 millions de tonnes selon l’Association professionnelle de cimentiers (APC).
Plus grave, en cumul sur les quatre premiers mois de l’année, les ventes de ciments ont plongé de 16,49 % à 4,99 millions de tonnes.
Facteur encourageant : la baisse constatée en avril (-2,64%) est bien moins importante que celle à deux chiffres des premiers mois de l'année, ce qui semble marquer une stabilisation de la situation. À confirmer.
Les causes de la déprime du marché du ciment sont variées : baisse des projets immobiliers, retard des marchés publics alors que le déficit public enfle, lourdeur des procédures, recul du nombre de permis de construire, pouvoir d’achat en berne, défaut de trésorerie pour les entreprises, crédit plus rare… À cela se sont ajoutées des conditions météorologiques défavorables (pluies persistantes) pendant de longues périodes.
Sur le marché, les concurrents de Holcim subissent également la baisse du marché. Ainsi Lafarge Maroc, premier cimentier du pays avec 40 % de part de marché et 4 usines, a vu son chiffre d'affaires reculer de 9,4% en 2012 à 5,04 milliards de dirhams.
Ciments du Maroc (Cimar), filiale du groupe italien Italcementi (n° 5 mondial) et second producteur de ciment du pays, a terminé l'année 2012 avec un chiffre d’affaires de 3,6 milliards de dirhams, en baisse de 9,3 %. Ce groupe possède 3 usines (Aït Baha, Safi et Marrakech), un centre de broyage (Laâyoune) et un centre d’ensachage (Jorf Lasfar).
Ces trois principaux opérateurs au Maroc, filiales de groupes internationaux doivent aussi compter avec la montée en puissance ces dernières années de Ciment de l’Atlas du groupe marocain Sefrioui.
Bref, l'arrêt du four d’Oujda doit permettre à Holcim Maroc d'adapter quelque peu sa production aux conditions difficiles du marché. Cette décision suffira-t-elle à ajuster l’offre si le marché s’avère durablement déprimé ?
Nasser Djama
En France déjà
En septembre 2012, la direction d’Holcim France avait annoncé l’arrêt de la production de clinker sur son site de Dannes dans le Pas-de-Calais (France) où le cimentier exploite un four fonctionnant par voie humide. Seulement 15 des 84 salariés seraient alors restés pour produire du liant hydraulique routier avec le malaxeur mis en place. Pour les autres, la priorité était donnée aux reclassements internes, entre autres sur le site de Lumbres implanté à proximité et où Holcim produit du clinker par voie sèche.
Vue par satellite de la cimenterie Holcim à Fès
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