En pleine crise, Vallourec achève son redéploiement géographique
Vallourec avait encore récemment la majeure partie de son outil de production de tubes concentrée en Europe. Mais les coûts élevés sur le vieux Continent ne permettaient plus à l’entreprise d’être compétitive. A l’occasion de la crise pétrolière, le parapétrolier a accéléré la redistribution géographique de ses actifs.
Vallourec, qui réalise près de 70 % de son chiffre d’affaires dans le pétrole, a été lourdement affecté par la crise pétrolière depuis deux ans. "La plus longue crise de mémoire de pétrolier", assure Philippe Crouzet, le président du directoire. Vue de l’extérieur, la réaction du groupe parapétrolier a surtout consisté en un plan de cession d’actifs en Europe (voir encadré) et une diminution des effectifs – environ 1100 en France et 1000 en Allemagne.
Mais vue depuis la direction de l’entreprise, cette période a aussi été l’occasion de déployer "un volet offensif de conquête et de prise de positions en Asie et au Brésil", assurait mercredi 22 novembre le dirigeant, à l’occasion de la cérémonie de prise de contrôle à 51 % de l’usine de production de tubes pour l’exploration et la production de pétrole de Tianda en Chine pour 175 millions de dollars.
Cette acquisition ne s’est pas déroulée sans mal puisque jusqu’en 2016, la Chine interdisait à une entreprise étrangère de détenir plus de 50 % d’une société productrice d’acier. Vallourec compte désormais faire monter la production de cette usine vers des produits plus haut de gamme afin de servir le marché chinois (environ 50 % de la capacité de l’usine) et les marchés du sud-est asiatique et du Moyen-Orient.
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Changer de modèle
Quelques semaines auparavant, le parapétrolier réunissait en une seule entité ses deux activités au Brésil, son activité propre et celle en partenariat avec le partenaire japonais Sumitomo. Vallourec va pouvoir profiter de synergies industrielles et d’optimiser ses activités dans le pays afin de servir en particulier le pétrolier national Petrobras. Et en Amérique du Nord, l’entreprise se réjouit de voir les volumes repartir à la hausse dans son usine aux Etats-Unis, signe que les forages pour les hydrocarbures non conventionnels redémarrent et laissent envisager une sortie de crise à venir.
La production des tubes premium, pour lesquels Vallourec possède 60 % de parts de marché dans le monde, repose désormais sur quatre zones géographiques : Europe, Brésil, Chine et Etats-Unis. Chacune de ces régions compte pour environ 25 % des volumes de tubes produits par l’entreprise. Une réorganisation majeure alors que jusqu’en 2010, l’Europe comptait à elle seule pour 60 % des capacités de production de Vallourec.
Pour Philippe Crouzet, la baisse des cours du baril a été un accélérateur de ce mouvement de relocalisation. "Nous savions avant la crise, que nous devions changer notre modèle afin la fin du super-cycle. Le poids de l’Europe était une faiblesse pour nous en raison des coûts élevés de production et de la hausse de l’euro face au dollar", assure Didier Hornet, directeur oil & gas chez Vallourec.
Un nouveau mix pays
Ces quatre régions ont leur spécialité. A l’Europe reviennent le très haut de gamme et les très petites séries hyper spécialisées. En Amérique du Nord, les tubes dédiées aux pétrole et gaz non conventionnels. En Chine et au Brésil, la charge des très grandes séries. "La crise est dure et nous pose problème, mais je veux en tirer un côté positif. Elle accélère notre transformation et nous ouvre des opportunités", assure Philippe Crouzet.
Selon ce dernier, la crise va entraîner un changement du "mix pays" en matière d’énergie. Les "gagnants" sont les hydrocarbures non conventionnels aux Etats-Unis qui ont atteint un seuil de rentabilité en dessous de 40 dollars par baril et les champs pétroliers offshores du Brésil qui sont les seuls exploitations marines pour lesquelles de nouvelles mises en production sont encore possible malgré la faiblesse des cours. "La crise débouche sur une nouvelle géographie des hydrocarbures qui nous est favorable" veut croire Didier Hornet.
Mais cette aubaine sur laquelle compte Vallourec pourrait encore prendre du temps. Les grands pétroliers mondiaux ont mis en pause tous leurs grands projets d’exploration-production. Les investissements ont diminué de 25 % en 2015 par rapport à 2014 et devraient encore chuter de 15 à 20 % en 2016 par rapport à 2015. A en croire, l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), les investissements ne progresseront que de 0 à 7 % en 2017. Pas de quoi renflouer les comptes du parapétrolier qui assurent toutefois pouvoir passer l’année à venir grâce à son augmentation de capital de 1 milliard d’euros obtenu cette année et portée pour moitié par la BPI et son partenaire Sumitomo.
A Singapour, Ludovic Dupin
La restructuration industrielle en Europe est terminée
Le grand plan de cessions d’actifs engagés par Vallourec en Europe arrive à son terme. Le laminoir de Rouen (Seine-Maritime) est à l’arrêt. Le laminoir de Saint-Saulve (Nord) traite ses dernières pièces. Les usines de traitement thermique en Grande-Bretagne et de filetage en Allemagne viennent d’être stoppées. Enfin, la cession de l’aciérie de Saint-Saulve à Ascométal est dans sa phase finale. Vallourec continuera à s’approvisionner en acier spéciaux depuis cette usine, dont l’entreprise conservera 40 %.
En pleine crise, Vallourec achève son redéploiement géographique
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