En Chine, Airbus gagne contre Boeing par KO
Avec la commande historique de 300 appareils, Airbus remporte en Chine une victoire commerciale décisive contre Boeing. L'avionneur européen goûte aux fruits de sa stratégie d'implantation industrielle dans le pays.
Chacun son tour. Après Boeing, qui avait engrangé une commande pour 300 appareils en Chine fin 2017, Airbus signe à son tour une commande historique pour exactement le même nombre d’avions. A savoir : 290 appareils de la famille A320 et 10 de la famille A350.
Un contrat géant signé à Paris lundi 25 mars, entre le président d’Airbus Commercial Aircraft Guillaume Faury et celui de la centrale étatique chinoise CAS Jia Baojun, dans le cadre de la visite en France du président chinois Xi Jinping. Pour Guillaume Faury, qui prendra la tête du groupe Airbus le 10 avril prochain, cette commande tombe à pic. Il s’efforcera de l'honorer dans les prochaines années.
VOS INDICES
source
Surtout, pour l’avionneur, c’est un accord historique. Car le pré-accord défini en 2018 – annoncé par les politiques français, pas côté Airbus – prévoyait une commande de 184 appareils. En plaçant la barre bien plus haute, à 300 avions, Airbus va encore renforcer sa présence dans les flottes des compagnies chinoises.
En l’espace d’une vingtaine d’années, les parts de marchés d’Airbus seront passées de moins de 10% à près de 60%. Fin janvier 2019, la flotte de l’avionneur comptait 1730 appareils en service, dont 1455 A320. Difficile, au passage, avec ces 300 appareils, de ne pas y voir la volonté des dirigeants chinois de montrer leur courroux face à Boeing, en plein conflit commercial avec les Etats-Unis.
Une empreinte industrielle croissante
L’avionneur européen surfe sur les insatiables besoins de la Chine. Et à défaut d’avoir séduit avec son A380, en partie à cause de la multiplication des aéroports sur le territoire chinois, Airbus vend son monocouloir comme des petits pains. Le pays aura besoin de 7400 avions neufs, passagers et cargos, d’ici les vingt prochaines années, selon Airbus, soit 19% de la demande mondiale (37400 avions). Et les monocouloirs représentent les trois quarts des futures commandes. Au prix catalogue, la méga commande signée par Airbus représente environ 30 milliards d’euros, mais au vu de la quantité d’avions commandée, l’avionneur a sans aucun doute proposé un prix bien plus attractif.
Airbus récolte les fruits d’une stratégie d’internationalisation patiemment menée depuis 1994. Acte décisif : l’ouverture en 2008 à Tianjin d’une ligne d’assemblage dédiée aux A320. Un site qui vient compléter l’empreinte industrielle mondiale du monocouloir, qui comprend Hambourg (Allemagne), Toulouse (France) et Mobile (Etats-Unis). A elles quatre, ces usines vont amener la cadence de production à 60 A320 par mois dans le courant de l’année et 63 mi-2020.
Impossible à ce stade de savoir si la nouvelle commande va accélérer la montée en cadence du site chinois, qui doit passer de 4 à 6 avions par mois à l’horizon 2021. Et la présence industrielle d’Airbus en Chine ne s’arrête pas là : le groupe a ouvert en 2017 un centre dédié à l’équipement cabine des A330. L'idylle chinoise ne fait que commencer.
SUR LE MÊME SUJET
2Commentaires
Réagir