En chimie, bye bye la crise !

Les industries chimiques du monde entier ont à nouveau le vent en poupe, avec des chiffres d'affaires et bénéfices en plein boom. En outre, les marges d'exploitation affichent des taux à deux chiffres, et sont associées à des niveaux de consommation très élevés sur le marché chinois. Autant de signes qui montrent que tous les indicateurs sont au vert, estime Thorsten Bug, senior manager au sein de Germany Trade and Invest, l'agence de promotion de l'investissement en Allemagne.

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En chimie, bye bye la crise !

La catastrophe nucléaire de Fukushima, le printemps arabe en Afrique du Nord et dans la péninsule arabique et la crise de la dette souveraine - qui se poursuit encore aujourd'hui dans la zone Euro - ont constitué des défis majeurs pour l'industrie chimique, à l'échelle mondiale mais également au niveau local.

Mais les actionnaires peuvent ressentir la crise de ces dernières années différemment, compte tenu des généreux dividendes versés par les 100 plus grandes entreprises du secteur de la chimie.

De la même manière, la valeur de l'indice boursier américain S&P 500, tout comme celle de son équivalent allemand, le DAX, ont atteint un niveau record en 2014. Ces deux indices montrent aussi que les acteurs des différentes places boursières continuent de miser sur une hausse des bénéfices. Un phénomène renforcé par les politiques menées par les principales banques centrales, visant à instaurer des taux d'intérêt historiquement bas : la Banque du Japon (BoJ), la Banque centrale européenne et la Réserve fédérale des États-Unis (FED). Ces politiques permettent aux entreprises présentant une notation de crédit avantageuse de procéder à des opérations de refinancement en bénéficiant de taux d'intérêt très bas, mais aussi de souscrire plus aisément de nouveaux emprunts.

De la croissance en veux-tu en voilà

Cette situation on ne peut plus favorable se reflète principalement dans la hausse spectaculaire du volume d'activité international. Les ventes mondiales de l'industrie chimique sont passées au cours de la décennie 2002-2012 de 1,363 milliard d'euro à 3,127 milliards, soit un taux de croissance annuelle de presque 9 %. Avec le recul, l'industrie chimique semble donc ne pas avoir été gravement impactée par la crise financière.

Le constat est le même si l'on se concentre sur l'Europe. Et bien que les parts de marché de l'activité européenne sur les volumes mondiaux aient été divisées par deux entre 1992 et 2012, il faut surtout retenir que son chiffre d'affaires a doublé sur cette même période, avec un taux de croissance annuelle d'environ 3,3 %. Les bénéfices dégagés par les entreprises trouvent notamment leurs origines dans la hausse modérée du coût du travail, qui a subi une augmentation annuelle de 2,8 % entre 2001 et 2012, ainsi que dans une hausse de 2,4 % de la productivité, qui viennent s'ajouter à un développement des volumes de vente sur la même période.

La Chine en plein essor, l’Allemagne en progression régulière

Contrairement à l'Europe, le développement du marché chinois de la chimie semble sans limites. Son chiffre d'affaires a en effet enregistré entre 2011 et 2012 une hausse d'une ampleur impressionnante, passant de 218 à 953 milliards d'euros. Cela correspond environ aux volumes annuels cumulés des marchés russe et allemand en 2012 ! Les investissements en Chine s'inscrivent dans la même tendance. Leur volume a ainsi été multiplié par cinq entre 2006 et 2012 pour atteindre plus de 130 milliards d'euros, soit quasiment le double des investissements menés dans le secteur de la chimie par le reste du monde.

Les sociétés allemandes font globalement état de revenus stables pour l'exercice 2013, avec pour la grande majorité d'entre elles une évolution positive de leurs bénéfices annuels (cf. Tableau 1). Deux exceptions tout de même, Lanxess et Wacker, qui ont dû affronter en 2013 une féroce concurrence à l'international sur certaines de leurs activités. Les marges d'exploitation sont elles aussi de la même teneur, avec une solide croissance à deux chiffres, sauf pour les deux sociétés susmentionnées.

Un modèle d'exploitation bien huilé

Si l'on s'affranchit des frontières géographiques, quasiment toutes les sociétés du secteur chimique évoquées ici (cf. Figures 1 et 2) ont subi une baisse de leur marge d'exploitation, du fait de la crise financière. Mais étonnamment, les effets s'en ressentent à différentes périodes. Ainsi, les sociétés américaines et japonaises ont été frappées par le phénomène environ un an avant leurs homologues européennes, ce qui est d'autant plus étonnant que toutes ces sociétés sont présentes à l'international.

L'éclatement de la bulle spéculative sur le marché immobilier américain a eu d'importantes répercussions en Europe en 2009. Parmi les entreprises présentées ici (cf. Fig. 2), cela se vérifie tout particulièrement pour le français Arkema et le suisse Clariant. Tous deux ont dû supporter une diminution de leur marge d'exploitation, allant jusqu'à friser 0 % ! En revanche, il est frappant de constater comment les sociétés européennes ont su rebondir et retrouver très rapidement leurs niveaux de rentabilité habituels, comparé à leurs homologues japonaises et américaines. Nous citerons notamment Evonik et surtout Arkema, qui a réussi l'exploit de dynamiser de 11 points sa marge d'exploitation en seulement un an, entre 2009 et 2010.

À l'heure actuelle, toutes les sociétés européennes citées dans le présent document présentent des marges d'exploitation saines, c'est-à-dire tournant autour de 9 % à plus ou moins 3 points. Les sociétés allemandes s'inscrivent dans la même tendance et présentent depuis 2011 des marges à deux chiffres. Il y a un an, j’écrivais : "Compte tenu de ses atouts bien spécifiques, notamment en matière d'innovation, de productivité et d'utilisation efficace des ressources, l'Allemagne, tout comme les États-Unis et le Japon, va rester un pôle de production attractif pour l'industrie chimique". Une affirmation toujours parfaitement d'actualité.

Thorsten Bug, senior manager au sein de Germany Trade and Invest, l'agence de promotion de l'investissement en Allemagne, conseille les entreprises étrangères spécialisées dans la chimie et les biotechnologies désireuses de s’implanter en Allemagne.

Tableau 1 : Données financières de l'industrie chimique allemande pour l'exercice 2013(a), exprimées en millions d'euros :

Chiffre d'affaires

Évolution

(b)

Marge d'exploitation

(c), %

Évolution (b)

Bénéfices annuels

Évolution (b)

Résultat net d'exploitation(c), %

BASF

73973

+3 %

10

-1 %

5173

+2 %

7

Bayer

40157

+1 %

12

+2 %

3189

+33 %

8

Henkel

16355

-1 %

14

0 %

1625

+7 %

10

Evonik

12874

-4 %

11

-3 %

2054

+76 %

16

Merck

11095

-1 %

15

+6 %

1202

+15 %

11

Lanxess

8300

-9 %

-1

-10 %

-159

<-100 %

-2

Wacker

4479

-3 %

3

-3 %

6

-94 %

0

Altana

1765

+4 %

13

0 %

152

-2 %

9


(a) Toutes les données sont issues des rapports annuels édités par les entreprises correspondantes. Les 8 sociétés citées représentent environ 90 % du marché allemand de la chimie.
(b) Par rapport à l'année précédente.
(c) Résultat d'exploitation et bénéfices nets par rapport au chiffre d'affaires.

Figure 1 : Marges d'exploitation des sociétés américaines et japonaises du secteur de la chimie :


Toutes les données sont issues des rapports annuels édités par les entreprises correspondantes. Les sociétés présentées ici comptent parmi les principaux acteurs sur leur marché national respectif.


Figure 2 : Marges d'exploitation des sociétés européennes du secteur de la chimie :

Toutes les données sont issues des rapports annuels édités par les entreprises correspondantes. Les sociétés présentées ici figurent parmi les principaux acteurs sur leur marché national respectif.

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