En 2013, les banques centrales ont favorisé la prise de risque
par Alexandre Boksenbaum-Granier
PARIS (Reuters) - L'action et les annonces des grandes banques centrales, et plus particulièrement de la Réserve fédérale américaine, auront favorisé la prise de risque sur les marchés financiers en 2013 dans un contexte d'amélioration graduelle de l'économie mondiale.
Après avoir sauvé l'année 2012, les grandes banques centrales ont encore eu fort à faire cette année pour soutenir une reprise mondiale fragile et rassurer les investisseurs inquiets d'une réduction de leurs injections de liquidités.
"L'année 2013 restera incontestablement marquée par la détente du risque sur les marchés, même si quelques épisodes de stress ont provoqué des phases de correction temporaires. Force est de constater qu'après une année 2012 marquée par l'action dissuasive de la BCE, c'est surtout la Fed qui aura rythmé les évolutions de marché cette année", résume Alexandre Baradez, chef analyste chez IG.
L'envolée de la Bourse japonaise (+55% pour l'indice Nikkei 225) et les plus hauts historiques enchaînés en deuxième partie d'année à Wall Street pendant que les emprunts d'Etat considérés comme des valeurs refuges (Bund allemand et Treasuries américains) perdaient du terrain illustrent l'appétit retrouvé des investisseurs pour le risque.
"Les obligations gouvernementales de pays développés sont survalorisées et exposent leurs détenteurs à un risque de taux important, tandis que les actions affichent des valorisations attractives et profitent davantage de la reprise économique mondiale qui se précise", explique Vincent Juvyns, stratège chez J.P.Morgan AM, évoquant les effets favorables de la reprise sur les bénéfices des entreprises.
Les investisseurs ont d'ailleurs commencé à sortir au niveau international des fonds obligataires à partir du second semestre de l'année pour privilégier les gestions actions, selon les données de Bank of America Merrill Lynch et EPFR Global, société spécialisée dans les flux financiers.
"Après trois années de traversée du désert, ce dernier trimestre on observe, bien qu'encore timide, un frémissement sur le marché des fonds actions", relève Carlos Pardo, directeur des études à l'Association française de la gestion financière (AFG).
"Au global, outre les efforts de désendettement des ménages, la collecte des fonds (...) est entre autres affectée par la forte, et persistante, concurrence des placements bancaires et les liquidités qui, cette année encore, devraient concentrer plus de la moitié des flux financiers nets (par ailleurs en forte diminution) des ménages", précise toutefois Pierre Bollon, délégué général de l'AFG.
Sur le plan sectoriel, les performances ont été très hétérogènes, avec des hausses prononcées pour les valeurs à forts dividendes et cash-flows et un retour sélectif des cycliques privilégiant les thématiques de restructuration, et les activités de cycle court.
"Le secteur des ressources de base, grand perdant de l'année, reflète non seulement les doutes sur la reprise des investissements en Europe, mais également les inquiétudes sur les pays émergents", observe Jeanne Asseraf-Bitton, responsable de la recherche cross asset chez Lyxor AM.
Elle souligne un autre fait marquant de l'année, la surperformance des petites capitalisations qui ont recouvré leur niveau d'avant-crise avant les très grandes entreprises.
"Leur surperformance notable bénéficie du rattrapage des périphéries, et de leur rebond marqué au Royaume-Uni. Avec leur valorisations attractives, et un gisement de restructurations et d'opérations bilancielles, elles ont été préférées pour participer à la reprise européenne", indique-t-elle.
Si les actions ont retrouvé les faveurs des investisseurs, les disparités restent marquées entre l'Europe et les Etats-Unis, avec des écarts toujours importants en termes de valorisation entre les deux régions.
"La prime des actions américaines sur les actions européennes, même si elle est élevée, n'est pas une anomalie. La valorisation des actions américaines n'a fait que suivre la tendance de croissance des profits", rappelle Benoît Peloille, stratégiste actions chez Natixis.
Selon lui, la situation devrait d'ailleurs perdurer, l'Europe peinant à sortir de la crise quand les Etats-Unis semblent être l'une des rares zones dans le monde à pouvoir soutenir sa croissance bénéficiaire.
Pour autant, gérants, analystes financiers ou stratégistes de société de Bourse misent en grande majorité pour l'an prochain sur les actions de la zone euro, espérant profiter du soutien de... la Banque centrale européenne, qui devrait maintenir, sinon amplifier, sa politique monétaire déjà très accommodante.
Edité par Dominique Rodriguez