Elon Musk, Tesla et le mirage des nouvelles mobilités
Comptes dans le rouge, levées de fonds répétitives, belles promesses... L'histoire se répète chez Tesla. Après un début d'année 2019 difficile, l'avenir du prophète des voitures électriques et autonomes a de quoi inquiéter. L'entreprise d'Elon Musk est-elle condamnée à innover sans voir advenir les nouvelles mobilités ? Éléments d'éclairage sur les perspectives les plus obscures pour le constructeur américain.
Où va donc Tesla ? C’est la question à 40 milliards de dollars (environ la capitalisation boursière de l’entreprise). Dans le véhicule électrique et autonome, le constructeur américain reste une figure de proue de l’innovation mais son devenir inquiète régulièrement. Pour certains analystes, le fabricant de voitures électriques ne verra pas le futur de la mobilité qu’il contribue à bâtir. Une observation pessimiste mais qui n’est pas sans fondements.
Une rentabilité qui tarde à venir
En janvier, Tesla avait promis d’être rentable à chaque trimestre de 2019. L’avenir pouvait paraître radieux en ce début d’année. Après deux ans passés dans le rouge, l’entreprise enregistrait enfin des bénéfices au troisième trimestre 2018. Elle comptait alors sur le déploiement de ses véhicules en Europe, sur le lancement de la Model Y et sur la montée en cadence de la production de la Model 3.
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Quelques mois plus tard, le constat est beaucoup moins radieux. Au premier trimestre 2019, bien au-delà des anticipations des analystes, Tesla a accusé 702 millions de dollars de pertes. Au moment de présenter ces résultats, le directeur général Elon Musk confiait se heurter à des problèmes logistiques.
Tesla garde ainsi l’image d’une entreprise qui brûle de l’argent. Le 2 mai, elle a annoncé une nouvelle levée de fonds de 2 milliards de dollars. Un montant colossal mais presque devenu monnaie courante pour le constructeur. Si l’on en croit la plateforme Crunchbase, il en est à son 32e tour de table et il aurait levé au total 17 milliards de dollars.
Tactiques de diversion
Face aux doutes et aux questions sur la rentabilité, le fondateur de l’entreprise a eu une stratégie invariable : faire des promesses, si possible grandioses. Tesla, une entreprise valorisée 500 milliards de dollars grâce à ses progrès dans le véhicule autonome : c’est le scénario qu’aurait pitché Elon Musk à des investisseurs, selon Business Insider, dans le cadre de son nouveau tour de table de 2 milliards de dollars.
Sur Twitter, le dirigeant s’adresse régulièrement aux actionnaires pour les rassurer sur les résultats de Tesla à “long terme”. Reste à savoir quand cette échéance viendra. D’autant plus que les manoeuvres de l’entrepreneur s’effritent et commencent à être bien connues. Lorsque l’entreprise a révélé son Model Y, une version agrandie de la Model 3, certains analystes ont fustigé le nouveau véhicule comme une “tactique de diversion”.
Plaisantin et imprévisible à souhait avec ses fans, Elon Musk a également de quoi inquiéter les investisseurs par son caractère. Même si la crise s’est apaisée, les tensions entre le dirigeant et le gendarme boursier américain a eu des répercussions en Bourse à plusieurs reprises.
La concurrence arrive
Autre variable, plus dangereuse, celle de la concurrence. Tesla n’a plus beaucoup de temps devant lui avant que le marché du véhicule électrique soit investi par les constructeurs allemands à coups de SUV 100% ou partiellement électrifiés. Et à l’inverse de l’entreprise américaine, ces groupes installés depuis des décennies peuvent compter sur davantage de sites de production.
Dans le magazine Wired, David Bailey, professeur de stratégie industrielle à l’Aston Business School, rejoint le camp des défaitistes : “Je pense qu’en fin de compte, ils réussiront à changer le monde. Ils ont rendu les véhicules électriques acceptables et sexy. Mais ça ne veut pas dire que Tesla survivra.”
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