Edito : La trajectoire sinueuse du remdesivir
Article paru dans Chimie Pharma Hebdo n°926
Alors que les traitements contre le Covid-19 se font encore attendre, le remdesivir de Gilead pourrait être le premier médicament autorisé sur la maladie. Un résultat encore inespéré, il y a une semaine. Car l’antiviral développé par Gilead aura tout connu en quelques jours. De l’échec clinique cuisant à la rédemption, survenue depuis le bureau ovale de la Maison Blanche.
Le 23 avril, les résultats d’une étude clinique chinoise étaient diffusés par erreur sur le site de l’OMS. Les conclusions de l’étude sont lapidaires, pas de bénéfice clinique à utiliser le remdesivir dans les formes graves liées au Covid-19. Une nouvelle que Gilead s’est pressé de tempérer, soulignant que l’étude avait dû être interrompue de manière précoce, faute de nouveaux patients. Rapidement retirées du site de l’OMS, ces conclusions n’auront cependant pas manqué d’être commentées.
VOS INDICES
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165 -2.37
Août 2023
PVC
Base 100 en décembre 2014
130.4 -0.08
Août 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 20.1 − Produits chimiques de base, engrais, Produits azotés, plastiques, caoutchouc synthétique
Base 100 en 2015
97 =
Août 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 21.20 − Préparations pharmaceutiques
Base 100 en 2015
Nouveau coup de théâtre le 29 avril, avec une journée riche en rebondissements. Des résultats contradictoires sur le remdesivir ont ainsi été dévoilés en quelques heures, ajoutant un épais brouillard sur la seule conclusion qui compte : efficace ou pas, le remdesivir ? En début d’après-midi, dans une déclaration laconique, Gilead annonce des « données positives » sur un essai clinique de grande envergure, mené par le NIAID, une agence rattachée au ministère américain de la Santé.
Un peu plus tard dans l’après-midi, ce sont les résultats détaillés de l’étude chinoise, fuitée sur le site de l’OMS, qui tombent. Parue dans le prestigieux The Lancet, l’étude randomisée a inclus 158 patients traités avec le remdesivir, comparés à un groupe contrôle de 79 patients. Ces conclusions « qui ne montrent pas de bénéfices cliniques associés au remdesivir » sonnent comme un désaveu pour Gilead.
Mais c’est depuis Washington que sont arrivés, dans la soirée, les détails sur les fameuses « données positives » vantées par Gilead. Dans une prise de parole de plusieurs minutes, menée depuis un canapé du bureau ovale et sous les yeux de Donald Trump, le Dr Fauci est venu à la rescousse du remdesivir. L’épidémiologiste et conseil de la présidence dans la crise du coronavirus a ainsi dévoilé les conclusions de l’étude du NIAID, dont il est par ailleurs le directeur.
L’étude affiche de beaux atouts : menée en double aveugle, randomisée, avec un groupe contrôle et plus de 1 000 patients inclus, recrutés dans le monde entier. Les résultats sur la mortalité sont frustrants, puisque non significatifs statistiquement. L’enseignement majeur, mis en avant par le Dr Fauci, est un temps de guérison abaissé en moyenne de 15 jours à 11 jours pour les patients traités avec l’antiviral.
Avec ce résultat positif, la voie pour une autorisation du remdesivir par la FDA paraît dégagée. D’autres pays pourraient suivre, à commencer par le Japon, qui par la voix de son premier ministre, Shinzo Abe, s’est dit prêt à autoriser le remdesivir, dès qu’il serait approuvé dans un autre pays.
Derrière ce soutien de l’administration américaine envers son champion, difficile de ne pas voir également des portées plus géopolitiques. Dans un contexte tendu entre les États-Unis et la Chine, chaque réussite ou échec clinique pèse lourd. Et l’accès à un nouveau traitement devient un enjeu majeur. Et l’Europe dans tout ça ? Le remdesivir fait partie des molécules testées dans l’essai clinique Discovery. Les résultats, attendus courant mai, pourraient ajouter un épisode supplémentaire à la trajectoire sinueuse du remdesivir.