EDF quitte la Bourse, l’Etat redevient son unique actionnaire
La renationalisation d’EDF s’est achevée par son retrait de la Bourse jeudi 8 juin. L’Etat avait annoncé son souhait de reprendre le contrôle de l’entreprise en juillet 2022 tandis que son offre publique d’achat avait été ouverte en novembre. Il aura une plus grande marge de manœuvre pour mener à bien sa politique énergétique portée par la relance du nucléaire et le développement des énergies renouvelables.
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Mis à jour
08 juin 2023
C’est la fin d’un feuilleton qui aura duré un an et connu de multiples rebondissements. Jeudi 8 juin, EDF a officiellement été retiré de la Bourse après la montée de l'Etat à 100% de son capital pour un montant de 9,7 milliards d'euros. Alors que le gouvernement avait fait connaître son souhait de remettre la main sur l’entreprise en juillet 2022, l’offre publique d’achat avait été déclarée conforme par l’Autorité des marchés financiers (AMF) en novembre puis ouverte dans la foulée.
Des actionnaires d'EDF, qui espéraient obtenir au minimum 15 euros par action, avaient cependant contesté l’offre de l’Etat à 12 euros par titre et déposé un recours en décembre devant la cour d’appel de Paris contre l’autorisation accordée par l'AMF à l’Etat français. Celle-ci l’avait rejeté le 2 mai. L’offre, clôturée provisoirement en février car le ministère de l’Economie et des Finances ne souhaitait pas boucler la procédure de renationalisation avant que la justice ne se prononce, avait alors été rouverte du 4 au 17 mai 2023. Période pendant laquelle l'Etat a pu racheter les titres restants.
Une opération stratégique pour le gouvernement
Cette renationalisation, stratégique pour le gouvernement, «était indispensable pour permettre à EDF de mener de manière accélérée plusieurs chantiers décisifs : l’augmentation de la production du parc nucléaire existant, dans un contexte de besoins croissants en électricité, et le programme de construction de six réacteurs nucléaires de technologie EPR2 d’ici 2050», a réagi Bruno Le Maire dans un communiqué.
Endetté à hauteur de 64,5 milliards d'euros, l’électricien désormais entièrement public a affiché une perte nette de près de 18 milliards d’euros en 2022 alors que sa production électrique a atteint un niveau historiquement bas. Un résultat catastrophique qui s’explique notamment par la découverte du phénomène de corrosion sous contrainte qui a nécessité l’arrêt de plusieurs réacteurs pour le contrôle voire la réparation des soudures touchées. Mais aussi par le mécanisme d’Accès régulé à l'électricité nucléaire historique (Arenh), contesté par EDF et qui arrivera à échéance en 2025, via lequel l’Etat l’a contraint à vendre davantage d’électricité bon marché à ses concurrents.
Sa renationalisation devrait lui permettre d’emprunter à moindre coût mais le défi est de taille pour le groupe qui va devoir multiplier les investissements dans le nucléaire et les énergies renouvelables tout en continuant d’assurer la maintenance de son parc.
Créer de la visibilité de long terme
Dans cet objectif, Luc Rémont, son PDG, a déclaré jeudi 8 juin vouloir conclure des contrats de fourniture d'électricité à long terme avec ses concurrents afin de fixer plus librement ses prix. «La formation de contrats entre producteurs et consommateurs, dans toutes les économies de commodités (...), c'est la meilleure façon de créer de la visibilité de long terme, pour le consommateur comme pour le producteur», a-t-il dit lors d'un colloque de l'Union française de l'électricité (UFE).
«Pour les producteurs, c'est évidemment une façon d'avoir de la visibilité sur leurs revenus qui déclenche l'investissement», a ajouté le PDG, à qui le gouvernement a demandé d'établir son plan pour l'avenir d'EDF avant fin juin. «Sous réserve que nous trouvions un cadre d'opérations pour EDF qui soit équilibré dans le long terme, nous considérons les fournisseurs d'énergie et les autres investisseurs dans l'énergie comme des clients ou des partenaires. Donc cela veut dire que nous serons capables également de considérer des contrats de long terme (avec eux)», a dit Luc Rémont.
«On n'a pas besoin d'un règlement d'Etat»
«Des fournisseurs d'électricité peuvent parfaitement devenir les partenaires d'EDF, on n'a pas besoin d'un règlement d'Etat», a pour sa part déclaré le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, qui intervenait lors du colloque aux côtés de Luc Rémont. Sur fond de discussions entre EDF et le gouvernement en vue d'une nouvelle organisation du marché de l'électricité que la France devra faire valider par Bruxelles, Luc Rémont a cependant souligné que la mise en place d'un cadre favorisant des contrats à long terme n'était «pas tout à fait une promenade dans le parc».
Alors que les industriels commenceront début 2024 à couvrir leurs besoins en électricité deux ans en avance, la nécessité de leur fournir de la visibilité - ainsi qu'aux fournisseurs d'électricité - sur l'évolution des prix après la fin de l'Arenh devient de plus en plus pressante. Le PDG d’EDF a toutefois déclaré : «On est prêts à commencer à faire des offres (pour) 2026.»
Elise Pontoizeau, avec Reuters (Benjamin Mallet ; édité par Blandine Hénault)
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