EDF porte plainte contre l'UFC-Que Choisir après avoir été accusé de sous-exploiter ses centrales nucléaires
EDF a déposé une plainte contre l'UFC-Que Choisir pour diffamation. Dans une étude publiée le 5 avril, l'association accuse EDF de sous-utiliser son parc nucléaire pour engranger des recettes supplémentaires. En faisant monter les prix, l'entreprise aurait gagné 3,2 milliards d'euros additionnels, assure l'association. En plein débat public sur la programmation pluriannuelle de l’énergie, l'UFC-Que Choisir entend interpeller les pouvoirs publics.
Mis à jour
02 mai 2018
Le lundi 30 avril, EDF a déposé une plainte pour diffamation contre l'UFC-Que Choisir. Le 5 avril, en plein débat public sur la programmation pluriannuelle de l’énergie, l'association de défense des consommateurs a publié une étude où elle accuse EDF de faire payer à ses abonnés français des surcoûts importants. L'entreprise a-t-elle sous-exploité ses centrales nucléaires pour faire monter le prix de l’électricité ? L’électricien a déjà réagi pour contester ces allégations.
L’UFC-Que Choisir est arrivée à ces conclusions en comparant les prix de marché de gros et l’utilisation des capacités de production en Allemagne, en France et au Royaume-Uni. Selon l’association, le parc nucléaire opérationnel français aurait été ainsi “largement sous-utilisé” entre 2012 et 2017.
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Une recette supplémentaire de 3,2 milliards d’euros pour EDF ?
Lorsque les prix du marché de l’électricité sont élevés, l’UFC-Que Choisir estime que 95% des centrales nucléaires françaises et allemandes sont utilisées. En revanche, lorsque les prix diminuent, il y aurait un décrochage du parc nucléaire français par rapport à son voisin allemand. “A 12 € du MWh, soit approximativement le coût du combustible, le taux moyen d’utilisation des centrales opérationnelles baisse en France à 83 %, quand il se maintient à 91 % en Allemagne.”
Pour compenser cette sous-exploitation, EDF aurait recours à ses centrales au gaz, au fioul ou encore au charbon. Des combustibles plus coûteux qui font grimper le prix de l’électricité sur le marché de gros. Selon l’UFC, EDF aurait amassé une recette supplémentaire d’environ 3,2 milliards d’euros entre 2012 et 2017 grâce à ce mécanisme. Pour les abonnés d’EDF, cela ce serait traduit par un surcoût moyen de 71 euros au tarif réglementé de vente, entre 2012 et 2016.
Un “raisonnement économique erroné”, rétorque EDF
Avant de porter plainte, EDF répondait à ces attaques en parlant d’un “raisonnement économique erroné qui ne tient pas compte de la réalité du marché de gros”. “EDF optimise à tout moment l’utilisation de son parc de production en interaction étroite avec les marchés européens de l’électricité”, justifie l’électricien.
L’entreprise précise qu’elle “agit sous la surveillance permanente du régulateur de l’énergie, la Commission de régulation de l’énergie, qui publie chaque année son rapport sur le fonctionnement des marchés de gros de l’électricité, du CO2 et du gaz naturel.”
L’UFC interpelle les pouvoir publics
Sans nommer le régulateur de l’énergie, l’UFC-Que Choisir parle également d’une “incapacité de la régulation actuelle à garantir aux consommateurs un prix de l’électricité qui tire pleinement avantage de la compétitivité des capacités nucléaires historiques.” En effet, les échanges transfrontaliers européens sur le marché de l’électricité n’ont pas favorisé la concurrence selon l’association. Alors que le prix de l’électricité était “régulièrement plus compétitif” en Allemagne à partir de 2015, l’association estime que la France n’en aurait pas profité pour importer davantage d’électricité et donc n’aurait pas permis une diminution du prix de l’électricité en France.
Depuis le 19 mars, une concertation publique de trois mois est ouverte dans le cadre de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) qui définit notamment la part du nucléaire dans le mix énergétique français. Dans ce contexte, l’UFC-Que Choisir interpelle les pouvoir publics pour “mettre en place un cadre réglementaire plus contraignant afin d’assurer un fonctionnement du parc nucléaire qui soit à la fois bénéfique aux consommateurs et qui n’hypothèque pas les objectifs environnementaux de long terme.”
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