Des experts de l'ASN recommandent de réparer les soudures de l'EPR de Flamanville
L'IRSN, un groupe d'experts mandatés par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), recommande dans un avis qu'EDF répare les soudures défectueuses les plus problématiques du réacteur EPR de Flamanville (Manche) alors que l'électricien n'a pas prévu d'effectuer ces réparations.
EDF devrait réparer les soudures les plus problématiques du réacteur EPR de Flamanville (Manche), recommande un groupe d'experts mandatés par l'ASN. Ces experts estiment que la confiance dans la qualité des soudures des tuyauteries de vapeur principales au niveau des traversées de la double enceinte de confinement n'atteint pas le haut niveau attendu. "Compte tenu de l'importance des écarts identifiés, l'IRSN a conclu qu'EDF devrait, plutôt que rechercher à justifier une acceptabilité en l'état, procéder à la remise en conformité des soudures concernées", écrit le groupe d'experts dans un avis publié jeudi 11 avril.
Cette recommandation n'engage pas l'ASN mais risque d'entraîner un nouveau retard dans la mise en service du réacteur dans la mesure où, si l'autorité suivait l'avis du groupe d'experts, elle pourrait contraindre EDF à reprendre des soudures que le groupe envisage pour le moment de maintenir en l'état. Une porte-parole de l'ASN n'a pas souhaité commenter ces informations mais a indiqué que l'autorité prévoyait de se prononcer sur ce dossier au mois de juin ou dans le courant de l'été, alors qu'elle envisageait précédemment de le faire début mai.
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EDF n'était pas disponible dans l'immédiat pour commenter ces informations. Le groupe a annoncé en juillet 2018 qu'il devait réparer certaines soudures de l'EPR, ce qui a alourdi la facture du projet de 400 millions d'euros et retardé sa mise en service de près d'un an. EDF n'a cependant pas prévu de réparer huit soudures situées au niveau des traversées de l'enceinte de confinement et donc difficilement accessibles, bien qu'elles présentent des écarts par rapport à ses exigences de qualité et même un défaut pour l'une d'entre elles.
"Fin de non-recevoir"
L'électricien public s'est jugé en mesure de démontrer que leurs propriétés mécaniques seraient suffisantes alors qu'il s'était lui-même imposé à l'origine des exigences supérieures à la réglementation afin d'éliminer tout risque de rupture des tuyauteries concernées. Une source au fait du dossier avait rapporté auparavant à Reuters que des experts recommandaient à EDF de réparer les soudures de l'EPR.
"Maintenir en l'état ces soudures ne peut pas être conforme à l'exigence d'exclusion de rupture et il faut donc réparer", selon les conclusions du groupe d'experts citées par la source interrogée par Reuters. "C'est une fin de non-recevoir pour les huit soudures."
Un point sur le calendrier
L'ASN a prévenu fin janvier qu'une éventuelle reprise de ces huit soudures se traduirait par un nouveau retard dans le démarrage de l'EPR de Flamanville et, début avril, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a déclaré que la mise en service du réacteur n'interviendrait probablement pas avant le début de l'année 2020.
Selon le dernier calendrier en date fourni par EDF en juillet 2018 et confirmé en début de l'année, le chargement du combustible du réacteur est prévu au quatrième trimestre 2019 tandis que son raccordement au réseau et son fonctionnement à pleine puissance (1.650 mégawatts) doivent intervenir aux premier et deuxième trimestres de 2020 respectivement.
L'électricien public, dont l'Etat détient 83,7% du capital, a cependant prévu de faire le point sur le calendrier et le coût de l'EPR de Flamanville, revu à la hausse de 10,5 à 10,9 milliards d'euros à l'été 2018, une fois que l'ASN se sera prononcée sur le dossier des soudures.
Geert De Clercq, Benjamin Mallet, Claude Chendjou, Bertrand Boucey et Benoît Van Overstraeten, pour Reuters
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