EDF demande à l’Etat et à l’Europe de clarifier les règles du jeu

Le bénéfice d’EDF a chuté en 2015, même si les compteurs restent globalement dans le vert. Cependant, face à une situation financière tendue, le groupe appelle à remettre de l’ordre dans le marché de l’énergie en France et en Europe.

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Olivier Durand CC Flickr

En 2015, EDF a vu son bénéfice divisé par trois à 1,2 milliard d’euros contre 3,7 milliards d’euros en 2014. Principales causes : des dépréciations d’actifs dans les énergies fossiles et des provisions supplémentaires pour le projet de stockage souterrain de déchets nucléaires Cigeo. En revanche l’Ebitda a cru de 6 % à 17,6 milliards d’euros, le chiffre d’affaires atteint 75 milliards d’euros, une progression de 2,2%. L’endettement du groupe reste élevé à 37,4 milliards d’euros, contre 34,2 milliards d’euros en 2014.

Pour autant, lors de la présentation de ces résultats, ce mardi 16 février, le PDG Jean-Bernard Lévy se dit satisfait de cet exercice puisque les grands engagements ont été tenus. Il le justifie par la bonne performance du parc nucléaire, qui a produit 416,8 TWh contre un objectif de 410 à 415 TWh. Il met en avant aussi une baisse des charges d’exploitation de 300 millions d’euros, "une première depuis de nombreuses années chez EDF", se réjouit le PDG. Cette baisse des coûts devraient atteindre 700 millions d’euros supplémentaires en 2016.

Mais ces bons chiffres, salués par la Bourse de Paris avec une hausse du titre de 7 %, ne doivent pas masquer une situation financière tendue. Le groupe doit investir 10,5 milliards d’euros par an pour assurer le prolongement de la durée de vie du parc nucléaire français et doubler sa capacité de production d'énergie renouvelable en Europe d’ici 2030. Afin de tenir cette enveloppe, les grands projets comme la construction des deux EPR à Hinkley Point - dont la décision finale d’investissement serait imminente - seront financés par des cessions d’actifs.

Arenh, subventions, tarifs de l’électricité…

Face à ces enjeux, EDF dénonce un contexte de marché défavorable avec des prix de marché extrêmement bas en raison d'une croissance économique atone en Europe et d'une surproduction électrique. "En Europe, plus aucun projet d’investissement n’est possible sans subvention. On est passé d’une politique de dérégulation à une politique de re-régulation. L’Europe doit faire des choix majeurs pour faire face à ce dysfonctionnement", affirme Jean-Bernard Lévy.

En parallèle, dans le cadre de l’ouverture des marchés de l’électricité en France, EDF doit réserver une partie de sa production nucléaire pour la vendre à prix coutant (42 €/MWh) à ses concurrents. C’est ce que l’on appelle l’Arenh (Accès régulé à l'électricité nucléaire historique). Mais étant donné la faiblesse des prix de marché, les concurrents n'ont pas recours à l’Arenh, qu’EDF doit donc écouler sur le marché de gros : "Dans cette situation, nous sommes perdants à tous les coups!", déplore Jean-Bernard Lévy.

Enfin, Jean-Bernard Lévy revient sur le sujet auquel se sont heurtés tous les présidents d’EDF depuis Pierre Gadonneix : celui de la hausse des tarifs de l’électricité. L’absence de hausse entre 2010 et 2012 a entraîné "un manque à gagner pour EDF qui doit être rattrapé. Le ministère de l’Environnement et de l’Energie a choisi d’avancer par petits pas avec une hausse de 2,5 % en 2015, nous attendons un autre petit pas en 2016", appelle le grand patron.

Les grands projets maintenus

Malgré ces contraintes, EDF ne tire pas de traits sur ses grands projets. Le PDG affirme que le premier béton des réacteurs d’Hinkley Point sera coulé en 2019. Il maintient aussi son investissement dans le grand carénage, qui vise à prolonger de la durée de vie des réacteurs nucléaires au-delà de 40 ans, un plan que la Cour des comptes chiffre à 100 milliards d’euros d’ici à 2030, en comptant investissements et coûts d’exploitation. Enfin, il réaffirme la nécessité de mener à bien le rachat d’Areva NP pour plus de 2 milliards d’euros.

"Le financement de nos projets est une équation difficile car nous sommes endettés et nous devons aussi servir nos dividendes", assure Jean-Bernard Lévy. Pour 2015, l’Etat a toutefois accepté un versement en actions des 1,8 milliard d’euros de dividendes qui lui sont dus.

Thomas Piquemal, le directeur financier d’EDF, rappelle que dans les mois et années à venir, les chantiers de l’EPR de Flamanville (Manche) (1,3 milliard d’euros par an) et du terminal méthanier de Dunkerque (Nord) (investissement total de 5 milliards d’euros) arriveront à leur teme, "ce qui donnera de nouvelles marges de manœuvres au groupe".

Reste une inconnue sur laquelle EDF refuse de s’engager pour l’instant, celle de la mise en application de la loi de transition énergétique. Fin février, la première programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) devrait définir les premières trajectoires pour le mix énergétique, en particulier sur l’abaissement de la part du nucléaire de 75 % à 50 % en 2025.

Pour l’instant, EDF n’envisage que la fermeture des deux réacteurs de Fessenheim (Bas-Rhin) comme demandée par Ségolène Royal. Interrogé sur l’adéquation entre cet objectif et celui concernant le mix énergétique, le PDG se contente de renvoyer ses interlocuteurs à la PPE à venir.

Ludovic Dupin

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