Économie circulaire : la plasturgie prête à relever le défi

Plastiques & Caoutchoucs Magazine a organisé, le 15 novembre dernier, sa conférence annuelle réunissant les acteurs de la plasturgie autour de l’économie circulaire.

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Économie circulaire : la plasturgie prête à relever le défi

Les industriels de la plasturgie se sont réunis le 15 novembre au Pavillon Royal, à Paris, pour la conférence annuelle de Plastiques & Caoutchoucs Magazine. ONG, syndicats professionnels et industriels se sont succédé à la tribune pour faire part de leur vision de la RSE et identifier les leviers nécessaires pour relever concrètement le défi de l’économie circulaire.

Le thème est on ne peut plus d’actualité. Le jour même, celui de la journée mondiale du recyclage, la secrétaire d’État à la Transition écologique Brune Poirson recevait les industriels pour une réunion autour de la feuille de route économie circulaire (Frec). Alors qu’au niveau européen, le trilogue est en cours sur la directive européenne sur les plastiques à usage unique qui devrait aboutir au printemps, et qu’au niveau mondial, de nombreux industriels se sont engagés et ont signé l’engagement mondial pour une nouvelle économie des plastiques de la Fondation Ellen MacArthur. A noter enfin, la présence remarquée dans l’assistance du député écologiste François-Michel Lambert, à l’origine du fameux amendement à la loi Egalim qui interdit dès 2020 boîtes, saladiers, couverts et autres pics à steak en plastique. Les échanges officieux ont été nombreux dans les couloirs et autour du buffet alors que le parlementaire est actuellement en plein pourparlers avec les industriels de la plasturgie pour s’entendre avec eux sur une trajectoire menant au « zéro plastique pétrosourcé en 2050 ».

Ne voulant plus « défendre l’indéfendable », comme l’a affirmé Benoît Hennaut, président de la Fédération de la plasturgie et des composites, la profession doit assumer une « transformation de fond » pour mener à bien ce projet d’une industrie éco-responsable. Précédemment, Henri Bourgeois-Costa, porte-parole de l’ONG Océans sans plastiques et grand témoin de cette conférence, a insisté sur la gravité de la pollution des océans par le plastique, partout dans le monde. L’une des ambitions de cette ONG est d’accompagner les industriels pour « imaginer des solutions vertueuses pour lutter contre la pollution ». Rappelons que la filière s’est engagée en ce sens, en participant notamment à l’élaboration de la Frec. Dans le cadre des engagements volontaires, la Fédération de la plasturgie s’est fixée un objectif d’intégration de 600 000 tonnes de matières plastiques recyclées (MPR) d’ici à 2025. « Nous avons même l’ambition de dépasser cet objectif et d’atteindre un million de tonnes », a assuré Benoît Hennaut.

Filières à naître

Cette conférence a été l’occasion de retours d’expériences sur une filière de recyclage mature, celle des bouteilles en PET, et sur deux autres en cours de développement.

Arnaud Rolland, directeur associé RSE de Coca-Cola European Partners (CCEP) et Brice Ishow, responsable commercial de Plastipak France sont ainsi revenus sur la coentreprise Infinéo qui permet, à Coca-Cola notamment, d’intégrer du rPET apte au contact alimentaire dans ses bouteilles. Ineos Styrolution, représenté par Pierre Juan, vice-président Business du futur et innovation, compte pour sa part développer une filière de recyclage chimique du polystyrène (PS). Une usine pilote devrait voir le jour d’ici à 2020. Les différents intervenants soulignent néanmoins le manque de matières à recycler disponibles sur le marché français, ce qui peut constituer un frein dans le développement de ces filières de recyclage.

Matthieu Chalier de la société Soprema a lui présenté l’initiative annoncée le 27 juin dernier à Nancy. Le spécialiste de l’étanchéité va coupler recyclage mécanique et chimique pour transformer les PET complexes en mousse d’isolation en polyuréthane pour le bâtiment. Une ligne de régénération et de transformation chimique des barquettes et bouteilles opaques en PET devrait être mise en service en Alsace début 2019.

« Il faut garantir un gisement important et fiable, moderniser les centres de tri et combiner différentes technologies pour assurer une qualité constante des filières de tri », souligne Skander Mani, chef de projet R&D chez IPC. Des experts du Centre technique et du pôle de compétitivité Plastipolis sont en effet intervenus à plusieurs reprises au cours de la conférence pour éclairer les échanges.

Adapter l’appareil industriel

Les plasturgistes se sont également demandé comment adapter l’appareil industriel pour promouvoir concrètement l’utilisation des MPR. « Il faut bannir les normes prescriptives et les remplacer par des normes de performance, avec l’intégration d’un pourcentage minimum de MPR. Il ne doit plus y avoir de cahier des charges sans MPR », insiste Olivier Vilcot, président GT Emballages au Syndicat national des Régénérateurs de matières Plastiques (SRP). Il préconise également d’augmenter le gisement de déchets plastique à recycler, de développer l’écoconception et d’améliorer la qualité des MPR, notamment leurs propriétés mécaniques et rhéologiques. Klöckner Pentaplast et sa filiale Linpac Packaging intègrent déjà les MPR dans leur cahier des charges. L’entreprise compte utiliser de plus en plus de rPET et de plastiques issus de la biomasse dans ses produits, avec un objectif de 100 % d’ici à 2028. « Nous allégeons nos emballages en utilisant des matériaux recyclables. En deux ans, nous avons réduit de 50 % l’empreinte carbone de nos barquettes en réduisant leur poids d’un tiers », souligne Christophe Rossé, global business manager Stretch films chez Klöckner Pentaplast – Linpac Packaging Pontivy. Pour sa part, Sophie Bonnier, responsable écoconception chez Citeo a notamment rappelé les objectifs et le calendrier de la mise en place de l’extension des consignes de tri et le lancement récent de deux appels à projets pour accompagner les entreprises vers l’écoconception, le recyclage et la valorisation des emballages.

Cradle to cradle

La dernière partie de la conférence était justement consacrée à l’écoconception. L’occasion pour Tarkett, entreprise spécialisée dans les revêtements de sol, de présenter sa démarche certifiée « cradle to cradle » (du berceau au berceau). L’entreprise intègre dans sa production des chutes de pose de sol pour fabriquer des revêtements en PVC ou des linos, des rebuts de filets de pêche pour ses moquettes, ou encore du PVB issu des pare-brise pour ses dalles modulaires. En 2017, 12 % des matières premières utilisées par Tarkett pour ses produits étaient recyclées (160 000 tonnes).

Enfin, Christian Jouan, vice-président achat de Bic, récompensé du Prix de la rédaction lors des Trophées du plasturgistes en 2017, a eu l’honneur de clôturer l’événement. Il est revenu sur le projet Ubicuity développé en partenariat avec PlasEco, TerraCycle et Govaplast. Celui-ci consiste à collecter des stylos usagés pour les transformer en mobilier urbain recyclable, garanti 10 ans, imputrescible, anti-UV et anti-graffiti. Jusqu’à présent, 17 millions de stylos ont été récoltés dans 4 100 points de collecte. 241 000 euros ont été reversé à des fondations. Ce n’est cependant que le début du chemin. « La route vers l’économie circulaire reste longue et semée d’embûches », conclut Christian Jouan.

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