Ecoles d’ingénieurs : où sont les filles ?
Les écoles d’ingénieurs multiplient les actions pour attirer les jeunes filles dans leurs murs, comme le montre l’opération Ingénieuses qui démarre ce mercredi 19 mars. Retrouvez le pourcentage de filles, école par école, dans le classement des écoles d’ingénieurs de l’Usine Nouvelle... Il oscille de 2 à 75% !
Mis à jour
20 mars 2014
"Ca frémit", indiquent plusieurs directeurs d’écoles d’ingénieurs rencontrés ces derniers mois. La tendance est fragile, mais il semblerait que les actions mises en place par les écoles, mais aussi par des associations comme Elles bougent, Femmes ingénieures ou Pascaline, portent leurs fruits : les jeunes filles sont plus nombreuses qu’avant à visiter les stands des écoles dans les salons et forums ou à se présenter aux journées portes ouvertes, les candidatures féminines augmentent dans les concours.
C’est pour sentir ces évolutions récentes que L’Usine Nouvelle a introduit une nouveauté dans son classement annuel des écoles d’ingénieurs. Nous mesurerons désormais chaque année, la part des filles en première année du cycle ingénieurs. Celle-ci varie de presque rien à beaucoup, entre une école accueillant 2% de futures ingénieurs et une autre où elles représentent 75%.
Hall of fame
Les écoles comptant le plus de filles
1- Ensaia - 75% de filles en première année
1- Oniris - 75% de filles en première année
3- Agrosup Dijon - 73% de filles en première année
4- AgroParisTech - 63% de filles en première année
5- ENSCL - 57% de filles en première année
Hall of shame
Les écoles comptant le moins de filles
130- Esme Sudria - 2% de filles en première année
129- Enib - 5% de filles en première année
129- Enim - 5% de filles en première année
127- Isen - 7% de filles en première année
127- Isat - 7% de filles en première année
127- Epita - 7% de filles en première année
De plus en plus d’étudiantes dans les écoles spécialisées en génie civil
Ce sont les écoles des spécialités agronomie et chimie qui recrutent le plus de femmes ingénieurs, celles de la mécanique et de l’informatique, celles où elles sont le moins bien représentées. En moyenne nationale, selon les données du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, ce sont aussi les écoles d’agronomie et de chimie qui ont connu la plus forte progression des effectifs féminins depuis 1972, suivies, plus étonnant, des écoles spécialisées en génie civil. Les informations recueillies auprès des écoles pour notre classement le confirment : 39% de filles à l’EIVP, 37% à l’ENTPE, 24% à l’ESTP, 23% à l’Ecole des Ponts. Evolution en dents de scie, en revanche, pour les écoles généralistes et celles spécialisées en informatique.
Selon le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, en 2012-2013, les filles représentaient 28,1% des effectifs des élèves ingénieurs. Elles étaient 26,8% en 2007-2008. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ça n’avance pas vite. Et encore, ce taux est porté par une plus forte proportion de filles parmi les effectifs étrangers : 31,2% des étudiants étrangers sont des filles, contre 27,6% des étudiants français.
Faire connaître la variété des métiers d’ingénieurs
Les chiffres nationaux montrent qu’il y a plus de filles dans les écoles internes aux universités (30,7%) que dans les autres écoles du ministère de l’Enseignement supérieur (25,5%). D’ailleurs, dans notre classement, la première école non agro ni chimie à accueillir le plus de filles est Polytech Nantes (avec 48%). Et les écoles privées sont celles où la part de filles progresse le plus.
Les écoles continuent donc à se mobiliser. Du 19 au 28 mars, la Commission des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (CDEFI) mène l’opération Ingénieuses, quatrième du nom. Les écoles et étudiants sont appelés à concourir au prix de la meilleure action en faveur de la promotion des carrières d’ingénieurs auprès des femmes. "C’est en faisant connaître la variété des métiers d’ingénieurs qu’on arrive à convaincre le plus, explique Isabelle Schoninger, directrice de la CDEFI (Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs). Trop de jeunes, filles ou garçons, en ont une vision tronquée, stéréotypée, de ce métier, qui ne correspond plus à la réalité. Ingénieur, ce n’est pas toujours un spécialiste de la technique qui porte un casque, dans une usine !"
Cécile Maillard
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