Du gouvernement français à Elon Musk... Comment les dirigeants réagissent-ils à la fuite de Carlos Ghosn ?
Assigné à résidence pour soupçons de malversations financières, Carlos Ghosn s'est échappé du Japon pour rejoindre le Liban dimanche 29 décembre 2019. Dans le monde politique et économique, les opinions sont divisées.
Indignation, gêne ou admiration… Carlos Ghosn continue de diviser l’opinion. Après plusieurs mois de discrétion, l’ex-patron de l’alliance Renault-Nissan a surpris le monde entier en fuyant fin décembre le Japon, où il est soupçonné de malversations financières et devait attendre son procès, prévu pour le printemps 2020. Jeudi 2 janvier, plusieurs dirigeants ont réagi à cette manoeuvre imprévisible de l’homme d’affaires.
La France n’extradera pas Carlos Ghosn
Depuis la première arrestation de Carlos Ghosn, en novembre 2018, le gouvernement français marche sur des oeufs. Les ministres doivent à la fois assurer la protection du ressortissant français, éviter l’ingérence dans le système judiciaire japonais et composer avec le volet français de l’affaire. Carlos Ghosn "n'est pas au-dessus des lois", déclarait dans un premier temps Agnès Pannier-Runacher.
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Jeudi 2 janvier, la secrétaire d’Etat à l’Economie a précisé la position du gouvernement français. "Si Monsieur Ghosn venait en France, nous n'extraderons pas Monsieur Ghosn, parce que la France n'extradie jamais ses nationaux. Donc nous appliquons à Monsieur Ghosn comme à Monsieur tout le monde les mêmes règles du jeu”, a-t-elle annoncé au micro de BFMTV.
“Cela ne nous empêche pas de penser que Monsieur Ghosn n'a pas à se soustraire à la justice japonaise", a-t-elle nuancé. Assigné à résidence au Japon, le magnat de l’automobile avait pour interdiction de quitter le pays et ses déplacements étaient surveillés. Réfugié au Liban, il n’a pas encore exprimé l’intention de se rendre en France. Une conférence de presse, prévue mercredi 8 janvier à Beyrouth (Liban), devrait permettre d’éclairer ses intentions.
“Ceux qui perdront au bout du compte, ce sont les Japonais”
Les dirigeants d’entreprises français se montrent plus discrets. Contacté par L’Usine Nouvelle, le Medef n’a pas souhaité commenté la fuite de Carlos Ghosn. Sylvain Orebi, patron de la marque de thé Kusmi Tea, est l’un des rares à avoir commenté ce rebondissement. “On peut être totalement choqué par le traitement qu’il a reçu au Japon, qui est scandaleux, inimaginable, inhumain et contraire aux droits de l”homme. C’est très bien que cela se sache aujourd’hui et qu’on puisse peut-être améliorer ce système japonais. Je trouve qu’il fallait, en sortir, d’une façon ou d’une autre”, a-t-il déclaré sur le plateau de BFM Business jeudi 2 janvier.
Les Experts: "Ceux qui perdront au bout du compte, ce sont les japonais et Nissan, car il n'y aura pas de procès Carlos Ghosn, mais il y aura bien un procès Nissan, et c'est là que l'arroseur sera arrosé" ???? - @SylvainOrebi pic.twitter.com/8S4EM3rVba
— BFM Business (@bfmbusiness) January 2, 2020
“La ressource d’un patron c’est cela, c’est d’être capable de décider, de faire des choses différentes de ce que ferait un quidam normal et d’arriver à s’échapper d’un système contraire aux droits de l’homme, a poursuivi Sylvain Orebi, également dirigeant du groupe Orientis, holding spécialisée dans l'épicerie fine. Il avait les ressources mentales pour arriver à le faire. C’est une leçon. Ceux qui perdront au bout du compte, ce sont les Japonais. C’est Nissan, car il n’y aura pas de procès Carlos Ghosn mais il y aura bien un procès Nissan.” Le groupe automobile japonais est effectivement poursuivi dans le cadre de l’affaire Carlos Ghosn pour ses manquements liés au scandale. Dans l’archipel japonais, ni le gouvernement ni Nissan ne semblent avoir réagi publiquement au départ surprise de Carlos Ghosn.
Des commentaires plus sévères sur le bilan de Carlos Ghosn
D’autres commentateurs se sont montrés plus sévères à l’égard de Carlos Ghosn. Sa fuite symbolise-t-elle l’impunité des grands patrons ? “C’est un autre monde. On a beaucoup d’argent et donc on est capable de s’échapper”, a commenté Philippe Martinez sur BFMTV. Le secrétaire général de la CGT a également fustigé le bilan de l’ancien patron de Renault : “Il n'a pas redressé Renault, il a beaucoup nourri les actionnaires [et il a] licencié plus de 100 000 personnes".
Danièle Obono, députée La France insoumise dans la 17ème circonscription de Paris, a également exigé un procès de Carlos Ghosn en France. “Cette affaire ne doit pas être présentée comme un épisode de James Bond. C’est indécent ! Il doit répondre de ses actes au Japon et ici”, a-t-elle déclaré sur Twitter. En France, le dirigeant est notamment soupçonné d’avoir engagé pour plusieurs millions d’euros de dépenses suspectes.
A l’étranger, un autre patron du secteur automobile semble s’amuser de cette évasion... Comme beaucoup d’internautes, Elon Musk y est allé de son petit jeu de mot en postant simplement “Carlos Gone” sur son compte Twitter. “Personne n’a soupçonné son déguisement”, a ajouté le dirigeant de Tesla en partageant l’image d’un déguisement... d’ours. Les conditions de l’évasion de Carlos Ghosn restent en effet toujours mystérieuses, trois jours après son départ.
No one suspected his disguise pic.twitter.com/yHl4MDrjtn
— Elon Musk (@elonmusk) January 1, 2020
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