Doux, syndrome d’une filière en perte de vitesse
Après le président de la FNSEA, Xavier Beulin, c’est au tour des syndicats du groupe Doux de mettre en cause l’indépendance des juges du tribunal de commerce de Quimper (Finistère).
La CGT, FO et la CFDT appelaient à un grand rassemblement ce mercredi 5 septembre à partir de 13 h 30 devant l'enceinte du tribunal. Les cinq offres de reprises partielles du pôle frais du groupe volailler soumises aux juges prévoient un millier de suppressions d’emplois sur un total de 1 700.
Les syndicats ne demandaient rien de moins que "le dessaisissement du tribunal de commerce de Quimper" en faveur d'une juridiction professionnelle, dénonçant par avance une "justice de classe".
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La semaine dernière, le président de la FNSEA avait lui remis en cause la compétence "d’un tribunal de commerce d’une petite bourgade". Xavier Beulin, qui préside aussi la société Sofiprotéol dont l’offre globale de reprise des activités de Doux avait été retoquée par le tribunal, s’est depuis excusé.
Il est vrai que les adhérents bretons de la FNSEA avaient peu goûté sa saillie. Faut-il que la réalité soit trop dure à accepter pour que les uns et les autres choisissent le déni ? La filière volailles est depuis des années mal en point. La chute de Doux est le troisième séisme après le dépôt de bilan de Bourgoin, en 2000, et le démantèlement du groupe coopératif Unicopa en 2010.
La situation ne fait qu’empirer : la France importe désormais 42 % de ses besoins en volailles contre seulement 10% en 2007. La compétitivité de la filière ne cesse de se dégrader : les éleveurs français sont moins performants que leurs concurrents allemands et néerlandais et les usines de transformation, faute de volumes massifiés, sont 9 % plus chères que les usines néerlandaises et 6% plus chères que les usines allemandes.
Imaginer qu’une offre globale de reprise du pôle frais de Doux, comme le demandent les syndicats du groupe volailler, est encore possible relève au mieux du vœu pieu, au pire de l’aveuglement. Les 70 000 emplois de la filière française de la volaille ne pourront tous être sauvés. Et plusieurs bassins d’emplois ruraux, en paieront, à terme, le prix fort après la fermeture de l’abattoir local.
La réussite de LDC, qui occupe l’ensemble du rayon volailles avec ses différentes marques, et qui investit dans des usines optimisées, montre, s’il en était besoin, qu’il n’y a pas de fatalité. Il ne faudrait pas que le démantèlement du pôle frais de Doux exonère les opérateurs et les pouvoirs publics d’une nécessaire réflexion sur les moyens de rendre de nouveau compétitive la volaille "made in France". C’est le prix à payer pour éviter que la casse sociale ne soit demain encore plus terrible.
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