Dossier aéronautique au Maroc : un modèle qui doit évoluer (2/5)
L'Usine Nouvelle publie cette semaine une série de 5 articles pour faire le point sur l'aéronautique marocaine. Ce dossier a été édité dans le supplément de L'Usine Nouvelle paru le 26 juin consacré à l'économie marocaine et intitulé "Le défi aéronautique." Deuxième volet, si les conditions nécessaires au décollage de l’industrie aéronautique marocaine sont là, son modèle doit évoluer avec les besoins du marché même si cela risque de prendre du temps pour que la filière se mette au diapason mondial. Demain : tapis rouge pour Bombardier (3/5)
À l’image de Maroc Aviation, la montée en gamme de l'industrie aéronautique marocaine s’érige en arme de compétitivité. "Au départ, les industriels produisaient au Maroc de petites pièces simples comme des rivets, rappelle Fouad Attar. Mais ils sont en train de passer au stade de l’assemblage de grands ensembles."
des matériaux composites dernier cri
Un exemple de ce mouvement : Aircelle, filiale du groupe Safran, qui produit à Casablanca des composants de nacelles de réacteurs et des inverseurs de poussée, essentiellement en matériaux composites dernier cri ou aussi en métal, à destination des plus grands avionneurs et motoristes mondiaux. Ses cadres marocains forment même des techniciens… chinois.
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Le Maroc vise une qualité égale à celle de ses voisins européens. "Nous appliquons la logique du copier-coller avec les usines européennes, résume Jean-Marie Dujardin, le directeur général d’ASM Aéro. Nous offrons avec notre usine marocaine le même niveau de qualité et de traçabilité que nos autres sites."
Joint-venture créé en 2012 entre le belge Sabca (60 %) et le français AAA (40 %), ASM Aéro s’est installé dans la zone industrielle de Nouaceur et s’est spécialisé dans l’assemblage de sous-ensembles, notamment la queue de l’A 330.
"Pour assurer ce niveau d’excellence, des tuteurs sont venus ici transmettre le savoir-faire et les bonnes pratiques, continue Jean-Marie Dujardin. Ce n’est pas le bas du low cost, c’est le dessus. Les compétences sont là!"
Près d’une quinzaine de personnes seront formées cette année dans l’usine pour rejoindre la cinquantaine de salariés. Son chiffre d’affaires devrait passer de 40 000 euros à 2 millions d’euros entre 2012 et 2015.
une supply chain locale à développer
Autre levier pour assurer la montée en gamme : une meilleure intégration locale. Le Maroc cherche à ne pas être qu’une parenthèse dans le long process de production de l’aéronautique.
"Nous devons diminuer les allers-retours avec les sites français, mais la supply chain locale n’est pas encore assez mature, affirme Jean-Pierre Desnoux, le directeur de l’usine de Mecachrome située sur TFZ, la zone franche de Tanger. Il faut donc développer les opérations d’usinage en amont et celles d’assemblage en aval."
L’équipementier fabrique là des aérostructures et compte atteindre 8 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018, contre 3 millions d’euros prévus en 2014. Le dirigeant envisage d’étendre l’usine dès 2016. Passage obligatoire dans cette recherche de synergies : le besoin de certifier les fournisseurs du cru.
Ratier Figeac Maroc a justement lancé un programme de qualification de ses sous-traitants pour parvenir, d’ici à 2015, à une production majoritairement locale. La filiale d’UTC Aerospace Systems, implantée au Maroc depuis 2012 à Nouaceur, cherche à simplifier son circuit logistique, en supprimant des étapes dans sa supply chain.
premier avion construit intégralement au Maroc
Et ensuite ? À quand le premier avion construit intégralement au Maroc ? Pour les grands avionneurs, la question n’est pas d’actualité. Mais pour LH Aviation, c’est… imminent !
Cette PME française, implantée à Melun (Seine-et-Marne), s’apprête à produire le premier avion construit intégralement au Maroc, le LH-10M. Ce biplace dédié à la formation et à la surveillance sera assemblé dans une usine de 5 000 m², située sur la zone industrielle aéropole de Nouaceur.
"Nous prévoyons d’ici à quatre ans de produire environ 80 appareils par an, chiffre Christophe Rémy, le président du conseil d’administration de LH Aviation. Nous allons investir 15 millions d’euros et embaucher dans un premier temps une centaine de personnes."
Mais viendront de France les systèmes électroniques et les moteurs. La stratégie de LH Aviation n’est pas celle de la délocalisation, mais d’utiliser le Maroc comme base de production pour le marché africain et surtout maghrébin. Mais cette initiative reste l’exception.
"Toutes les conditions sont là pour que l’industrie aéronautique marocaine se développe, estime Antoine Villain, responsable commercial ASD d’Alcimed. Mais cela prendra du temps pour que la filière se mette au top niveau mondial."
par Olivier James, à Casablanca
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