Donald Trump décidé à conquérir la souveraineté minérale américaine
Le président des Etats-Unis Donald Trump veut appliquer au secteur minier son slogan "America First" en autorisant l'exploitation de minerais critiques et stratégiques. Aussi volontariste soit-elle, cette politique prendra du temps et la dépendance américaine à la Chine est loin d'être révolue.
C'est un très beau cadeau de Noël que Donald Trump vient de faire au secteur minier américain. Par décret, le président des États-Unis a annoncé, fin décembre, une série de mesures en faveur de la relance de l'extraction de minerais critiques sur le sol américain. Terres rares, cobalt, graphite, rhénium, platinoïdes, tantale, lithium...
Selon l'Institut d'études géologiques des États-Unis, 23 minerais sont particulièrement indispensables aux technologies vertes américaines (éoliennes, panneaux solaires, voitures électriques) et à l'industrie de défense (chars Abrams, missiles longue portée, avions de combat Lockheed Martin F-35).
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La Chine reste maître du jeu
Or le risque de rupture des approvisionnements, en raison de la mainmise de la Chine sur la production de la plupart de ces minerais, constitue un sujet d'inquiétude à la Maison Blanche. Il se murmure que Steve Bannon, l'ultranationaliste conseiller de Donald Trump limogé en août, aurait directement avisé le président de cette dépendance au rival chinois. Fidèle à son credo "L'Amérique d'abord", Donald Trump veut dès lors avancer sur une stratégie de souveraineté minérale. A terme, les États-Unis pourraient même se muer en exportateur de ces minerais. Ce qui permettrait aux industriels européens, tout aussi dépendants de Pékin, de diversifier leurs approvisionnements. Le décret présidentiel ordonne notamment la mise à jour des données minières, la relance de l’exploration sur le sol américain et l'amélioration des technologies de recyclage.
Mais aussi volontariste soit-elle, une telle politique prendra du temps. Les États-Unis ne sont pas sortis de leur hiver minier, des décennies d'apathie durant lesquelles pléthore de projets d'extraction, corsetés par des réglementations écologiques draconiennes, ont été mis sous le boisseau. Comme dans la plupart des pays européens, il manque un écosystème, des compétences, une volonté à tous les échelons de l'administration pour faire de l'Amérique une grande puissance minière souveraine... La mine américaine de terres rares de Molycorp, qui avait un temps repris ses activités, a fait faillite et été acquise, en 2017, par le consortium MP Mine Operations. Ce dernier compte parmi ses investisseurs Shenghe Resources Shareholding, un groupe minier chinois.
Dans un rapport publié en 2010, la cour des comptes américaine estimait que la reconstitution d'une filière intégrée prendrait au moins une quinzaine d'années. Dans l'intervalle, les États-Unis ne pourront faire l'économie de sécuriser leur accès au cobalt de République démocratique du Congo, aux platinoïdes d'Afrique du Sud et au lithium d'Amérique latine. Les militaires américains pourront encore se fournir en certains métaux très rares (en particulier le scandium) sur le marché noir. Pour le reste, traders et industriels devront négocier, pour de longues années encore, avec les groupes miniers chinois – en espérant que Pékin ne décrète ni quotas, ni embargo sur l'exportation de ses minerais stratégiques.
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