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Développement durable ex aequo: Marc Vergnet
C'est un engin que l'on peut rabattre en cas de cyclone. Son installation nécessite deux fois moins de béton. L'éolien devient plus accessible et plus efficace sous les tropiques et dans les pays en voie de développement
Marc Vergnet est un pionnier du développement durable. Avant de s'intéresser aux énergies renouvelables et tout particulièrement à la conception d'éoliennes anticycloniques, il s'est très tôt engagé pour le développement rural en Afrique. Continent auquel il est très attaché. Attachement tout naturel puisqu'il est né en Algérie où il a vécu jusqu'à l'indépendance du pays. A 18 ans, il revient en France, la tête pleine des sons et des lumières de son enfance. Pour lui, ce n'est pas un adieu aux terres africaines. Il a la ferme volonté d'y revenir pour travailler au développement rural. C'est donc tout naturellement qu'il intègre l'institut national agronomique. Il parfait sa formation d'ingénieur à l'école nationale du génie rural des eaux et des forêts. Il va pouvoir s'appuyer sur ces deux formations pour bâtir son projet africain.
En 1970, ses vœux se concrétisent. A moins de 30 ans, devenu fonctionnaire français, il débarque à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso (ex Haute-Volta). Le voilà nommé directeur-adjoint à la Direction de l'hydraulique et de l'Equipement Rural. Il est chargé de la gestion de l'eau, des barrages et de l'irrigation. Les grandes sécheresses qui touchent notamment le Sahel dans les années 70 le préoccupe. Il cherche par quelle invention, l'accès à l'eau pourrait être facilité à la population. En marge de son activité, dans une case africaine avec des outils et un tour qu'il se bricole lui-même, il réfléchit à la conception d'une pompe innovante.
Marc Vergnet
- 66 ans
- INA Institut National Agronomique
- Ecole Nationale du Génie Rural des Eaux et Forêts ENGREF
- PDG du groupe VERGNET créé en 1989
- 180 personnes ; CA : 38 Millions d'Euros
En 1973, son travail abouti à l'invention d'une pompe qui portera son nom. La pompe est brevetée. Ses spécificités : elle présente peu de frottements et exploite une transmission hydraulique plutôt que mécanique. Résultat, elle est 10 fois plus légère que les équipements existants et permet de puiser l'eau à une profondeur de 130 m (contre 45 m pour les autres pompes manuelles). Autre point fort : Les pièces d'usure sont accessibles en surface et les femmes des villages africains peuvent ainsi facilement entretenir les pompes.
Riche de son expérience africaine, Marc Vergnet revient en France en 1980 pour intégrer le commissariat à l'énergie solaire. Il s'investit dans le développement des énergies renouvelables et de leur filière industrielle. L'ingénieur se passionne pour les énergies renouvelables. Mais les politiques gouvernementales en la matière sont pour lui trop timorées. Il a soif d'invention. Il quitte l'administration pour créer son entreprise. « Je voulais réaliser des choses dans le domaine dont j'étais imprégné », se souvient-il. Il récupère ses brevets de pompes qu'il commercialise et s'oriente vers la conception d'éolienne. Mais à cette époque la France est réticente et EDF carrément réfractaire à ce type de production d'énergie. Tant pis, il ira monter ses éoliennes ailleurs : là où il y a des vents forts et où l'électricité produite à partir du pétrole est trop chère. Son credo : fabriquer des éoliennes pour des zones cycloniques et des régions où les infrastructures rendent difficiles le transport et l'installation d'imposants équipements. L'entreprise Vergnet conçoit une éolienne bipale. Le mât est maintenu par des haubans ce qui réduit la quantité de béton nécessaire. L'installation est rabaissée et sanglée au sol lorsque des vents extrêmes se présentent.
En 1993, un parc de douze éoliennes de 20 kW voit le jour à la Désirade en Guadeloupe. Tout en éprouvant sa technologie sur le terrain, l'entreprise développe des éoliennes plus puissantes. En 2002, elle conçoit des éoliennes à mât rabattant de 275 kW. En 2004, elle lance un programme de R&D encore plus ambitieux pour réaliser une éolienne de 1 MW ! Cette éolienne est également abaissable en cas de fortes intempéries telles que des cyclones ou des tempêtes. Six haubans ancrés dans le sol par des micropieux forés maintiennent le mât réduisant le béton nécessaire de 250 m3 à 30 m3. Résultat, cette éolienne pèse 80 tonnes contre 160 tonnes pour une structure classique. Ce qui facilite son transport dans des lieux reculés où les moyens de manutention font défaut. Désormais, tout est au point. L'éolienne anticyclonique de 1 MW sera disponible début 2008.
Youssef Belgnaoui
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