Des flottilles de drones pour inspecter les réseaux d'EDF et de la SNCF
Dans le cadre du projet R&D Airmes, l’entreprise toulousaine Eurogiciel développe une intelligence embarquée distribuée pour permettre à différents drones de coopérer entre eux selon une organisation sociale définie. Membres du projet, la SNCF et EDF souhaiteraient déployer cette approche pour l’inspection de leurs réseaux dès 2020.
Faire coopérer des drones de différentes natures pour réaliser des missions complexes de manière récurrente. C’est l’objectif du projet de R&D Airmes, piloté par le toulousain Eurogiciel. Lancé officiellement en octobre 2015, le projet rassemble plusieurs pôles de compétitivité, le CNRS, l’UTC mais aussi des industriels, dont Aerosurveillance, la SNCF et EDF.
Dans le cadre de ce projet doté d'une enveloppe de 3 millions d'euros, l’entreprise Eurogiciel est chargée de développer une intelligence embarquée distribuée pour conférer aux drones une certaine autonomie de décision. « Aujourd’hui, la plupart des drones sont télépilotés. A l’avenir, quand la réglementation européenne sera révisée, le but est que les drones puissent voler seuls sans télépilotage. Cela requiert toutefois suffisamment d’intelligence pour que chaque drone puisse prendre un certain nombre de décisions », explique Jean-Frédéric Real, directeur innovation d'Eurogiciel.
Une vraie organisation sociale
Pour chaque mission, le logiciel permettra de définir un ensemble de règles. Le rôle et la responsabilité des différents drones seront fixés. « Chaque engin aura une capacité intrinsèque et chacun aura la possibilité d’offrir ses services aux autres. Il y a une vraie organisation sociale », détaille Jean-Frédéric Real. Les différents drones de la flottille communiqueront alors en s’envoyant des signaux d’influence à travers un réseau maillé. Grâce à cette architecture, un drone, chargé de découvrir un environnement, pourra détecter et éviter des obstacles. Par le jeu de la collaboration, il notifiera à un second drone d’intervenir dans une zone bien précise. Cette même architecture permettra également à plusieurs engins de voler en formation pour cartographier une vaste zone en une seule fois ou de former un réseau de communication.
L’approche intéresse particulièrement la SNCF et EDF pour l’inspection de leurs infrastructures linéaires. « On peut imaginer qu’un premier drone inspecte rapidement une zone et détecte des éventuels défauts, puis qu’il transmette ce signal à un second drone qui effectuera un scanner du pylône défectueux », expose Jean-Frédéric Real. Autre scénario possible : mener une opération d’inspection entre deux trains. Un drone éclaireur surveillerait alors l’arrivée du train suivant pour alerter le premier drone. Les deux industriels souhaiteraient déployer ce genre d’opérations dès 2020.
Faire coopérer des véhicules autonomes aériens, terrestres et marins
Une première démonstration du projet Airmes est prévue pour l’été 2016. Elle consistera à prouver la capacité de deux drones à se remplacer automatiquement. « Lorsque le premier engin arrivera en limite d’autonomie, il enverra un signal au second pour qu’il vienne le remplacer, tout en lui communiquant les données de mission », précise Jean-Frédéric Real.
A terme, l’objectif est de mettre au point un système générique pour pouvoir faire en sorte qu’un opérateur puisse constituer une mission et combiner des drones différents selon ses besoins. Mais les membres du projet voient plus loin : « On pourrait faire coopérer des engins aériens, terrestres, marins et sous-marins », explique Jean-Frédéric Real. Une telle organisation permettrait, par exemple, d’amener par la mer des drones aériens pour l’inspection de fermes éoliennes offshore. Une solution qui pourrait se révéler très attrayante compte tenu du coût exorbitant d'une heure de maintenance sur une éolienne en mer.