Des experts préconisent de redimensionner l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes
Dans un rapport remis à Ségolène Royal, trois experts ont conclu que le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) était surdimensionné… Mais restait le compromis le plus acceptable pour répondre à la forte augmentation du trafic aérien.
Après Sivens, Notre-Dame-des-Landes. Comme elle l'avait fait pour tenter de désamorcer l'opposition à la construction d'un barrage à Sivens (Tran), Ségolène Royal avait chargé, en janvier, trois inspecteurs généraux des ponts, des eaux et des forêts de produire un rapport de synthèse sur l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique). Leur mission était d’examiner les avantages et inconvénients de différentes options en intégrant l’évolution du trafic, les enjeux environnementaux, les coûts d’investissement et d’exploitation.
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"Force est de constater que le projet, fruit d'une conception ancienne, est surdimensionné", jugent les trois experts, Pierre Caussade, Nicolas Foray et Michel Massoni, dans leur rapport remis, mardi 5 avril, à la ministre de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie. De quoi relancer la constestation de ce projet soutenu par les prinicpales collectivités territoriales des Pays-de-la-Loire et de Bretagne, mais aussi par le Premier ministre Manuel Valls et le président de la République François Hollande.
Le développement du Grand Ouest laisse présager une poursuite de la croissance du trafic aérien. Pour répondre à cette demande, plusieurs options ont été examinées. Notamment réguler la demande de transport aérien et mettre en réseau les aéroports du grand Ouest. Des hypothèses peu plausibles selon les experts.
Autre option envisagée : le réaménagement de l'aéroport Nantes-Atlantique. Mais les chantiers d'agrandissement et de rénovation devraient être conduits alors que l'aéroport continuerait à être exploité. "Ces contraintes sont de nature à peser sérieusement sur les coûts des travaux, facteur qui est probablement l’une des causes de divergence entre les évaluations en présence." Et la question des nuisances sonores liées au survol de l'agglomération nantaise ne serait pas réglée.
Le meilleur site envisageable... mais un projet surdimensionné
Reste alors la possibilité de construire un nouvel aéroport pour le Grand-Ouest. Mais pourquoi ne pas le construire ailleurs qu'à Notre-Dame-des-Landes ? Impensable, estime le rapport. "Dans l’hypothèse de la construction d’un aéroport sur un nouvel emplacement, le site de Notre-Dame-des-Landes paraît donc encore aujourd’hui, indépendamment des avantages que constituent la maîtrise foncière partielle et la limitation de la périurbanisation, le meilleur site envisageable, avec des difficultés à ne pas méconnaître."
Le projet de Notre-Dame-des-Landes serait le compromis le plus acceptable. Avec une nuance non négligeable : les experts dénoncent un "projet surdimensionné" et préconisent une redéfinition du projet avec une seule piste de 2 900 m de long et 45 m de large, au lieu de deux pistes de 3 600 m de long dont une de 60 m de large. Cela permettrait d'absorber un trafic annuel jusqu'à 9 millions de passagers [4,4 millions en 2015] et de réduire les coûts et les impacts environnementaux et fonciers.
Le chantier avait été estimé à 364 millions d'euros dans le dossier de concession confié à Aéroport du Grand-Ouest, filiale du groupe Vinci. Si l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes était redimensionné, cela pourrait se traduire par une économie de 10 % des coûts du chantier et cela permettrait également d'épargner environ 200 hectares sur les 1 650 de la zone d'aménagement aujourd'hui prévue. Cela suffira-t-il à convaincre la vive opposition que rencontre le projet… depuis 1972 ?
Astrid Gouzik
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