Des chats mutants contre les déchets nucléaires
Le 8 août 2017 est ja journée internationale du chat. L'occasion de relire cet article, initalement publié en mars 2017 qui s'intéressent à "la solution Radiochat" : des chats qui changent de couleur pour signaler la présence de déchets radioactifs enterrés.
Mis à jour
08 août 2017
Les déchets nucléaires à longue durée de vie sont un véritable casse-tête. Les humains les enterrent souvent dans le sous-sol, comme en France. Mais comment garder la trace de ces cimetières atomiques ? En quelle langue et sur quel support indiquer aux générations futures, - dans 400 ans, dans 10 000 ans, dans 1 million d’années -, qu’il ne faut pas creuser ici ou là ? La langue change très vite, les pierres s’érodent, la technologie évolue et pourrait disparaître si l’humanité régressait à la suite d’un bouleversement majeur.
Au début des années 2000, sous l’impulsion des Etats-Unis, de nombreux sémioticiens se sont interrogés sur la bonne solution à mettre en place. Une idée est venue de chercheurs italiens. Il s’agissait de créer des chats mutants,- les radiochats -, qui changeraient de couleur sous l’effet d’une irradiation.
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En parallèle, il y aurait tout un travail à mener pour inscrire ces chats mutants dans la culture humaine, à travers des chants, des histoires, des statues... Ainsi tout le monde saurait que si un chat change de couleur, il vaut mieux déguerpir.
Le culte des lolcats
Absurde ? Pas sûr. La valeur symbolique du chat est immense. Il était déjà vénéré sous l’Egypte ancienne et accompagne toujours l’homme à travers des milliers de vidéos postées chaque jour sur Internet.
Après tout, il y a presque 1000 ans que le pape Grégoire IX faisait des chats noirs l’incarnation du diable. Aujourd’hui, personne n’a oublié cette histoire… même ceux qui ne sont pas superstitieux.
A l’époque où cette proposition est sortie des cerveaux italiens, elle a été peu diffusée et ne fut pas retenue. Il faudra attendre plusieurs années pour qu’un journaliste new-yorkais l’exhume et la rende populaire. Avant même que le moindre chat mutant existe, des internautes à travers le monde entier créaient des chansons, des t-shirts, des posters à la gloire du "raycat" (la radiochat en anglais)…
Dans la foulée, un laboratoire canadien se décidait à fabriquer ce radiochat, en tentant de faire changer la couleur de bactéries et de vers sous l’effet d’une irradiation.
Une bonne piste
Aujourd’hui, Paolo Fabbri, l’un des sémioticiens créateurs du concept de radiochat, est surpris par sa renaissance. Pour autant, il n’affirme pas que le radiochat soit la solution ultime au problème de la mémoire des sites d’enfouissement de déchets nucléaires. En revanche, il constate que cette idée est sans doute la bonne pour ouvrir de nouvelles pistes de réflexion.
Vous pouvez retrouver toute cette histoire dans un web-documentaire de Benjamin Huguet et Debanjan Nandy, "La solution radiochat", qui en 2015 a reçu le prix du concours audiovisuel de l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs).
Ludovic Dupin
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