Des chaluts de pêche toujours plus sélectifs
A Lorient (Morbihan), l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) mène des travaux de recherche sur les chaluts de pêche. L’enjeu : améliorer la sélectivité – la sélection de certains poissons au sein d’une même espèce – face au renforcement de la règlementation et l’entrée en vigueur, depuis la Politique commune des pêches de 2013, de l’obligation de débarquement des captures des espèces sous quotas ou, en Méditerranée, à des tailles admissibles de capture. "Il vaut mieux trier sur le fond que sur le pont" résume Pascal Larnaud, chef de station du site de Lorient, qui répond aux questions de L’Usine Nouvelle.
L’Usine Nouvelle – Pourquoi les professionnels de la pêche font-ils évoluer leurs chaluts ?
Pascal Larnaud - Les premières évolutions remontent aux années 1980, où la recherche s’est amplifiée en faveur d’une pêche durable, avec une nouvelle phase de développement dans les années 2000. La politique commune des pêches, en 2013, a entériné l’obligation de débarquement. Il subsiste quelques rejets en mer, qui, de fait, ont fortement diminué. Mais une partie des captures non-désirées survit, d’où un certain nombre de dérogations. On constate un haut taux de survie de certaines espèces, comme les langoustines, les raies, les soles, etc. La sélectivité peut être améliorée par les mailles, mais aussi par des changements d’engins (au casier, à la palangre…).
VOS INDICES
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Février 2023
Graines de soja - Etats-Unis
$ USD/tonne
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Février 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 10.51 − Lait liquide et crème de lait
Base 100 en 2015
138 +1.02
Février 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 10.12 − Filet d'escalope de poulet standard UVCI
Base 100 en 2015
Quelles sont les pistes explorées pour adapter les chaluts ?
On peut améliorer la sélectivité en augmentant la taille du maillage. Il existe aussi des dispositifs spécifiques qui peuvent être placés dans la partie terminale du chalut, en modifiant la forme de la maille : on va tourner la maille, par exemple à 45 degrés, pour obtenir une maille losange, et à 90 degrés, afin qu’elle reste ouverte. Si la maille reste ouverte, ele devient beaucoup plus sélective en donnant des possibilités d’échappement. La maille losange, classique sur un chalut, a tendance à se fermer quand vous le traînez. On n’a pas ce phénomène sur les mailles à 90 degrés (T90) dans la partie terminale du chalut, ou carrées. Tout comme les filets, les casiers et leurs trappes d’échappement sont concernés par la questions de la sélectivité. Nous conduisons un projet de recherche dans la Manche et en Mer du Nord. Un travail est également effectué sur les matériaux, avec du fil plus fin, depuis plusieurs années.
Comment se concrétisent ces travaux ?
Lors de tests menés en mer Celtique, toutes espèces confondues, les captures non-désirées ont été réduites de 50% lors d’essais sur une cinquantaine de trains de chaluts. Sur l’aiglefin, nous sommes parvenus jusqu’à un taux 90% de diminution potentielle de rejet. Des essais ont aussi été réalisés pour réduire le taux de prise du sanglier, qui n’est pas sous quotas en France, mais qui l’est en Irlande. On est obligés de le rejeter, il n’est pas débarqué en France. La maille orientée à 90 degrés a permis de résoudre ce problème.
Quels sont les impacts énergétiques des évolutions des chaluts ?
Deux tiers de la consommation d’un chalutier est liée au train de pêche, à savoir les câbles traînés et le chalut, qui est remorqué. Une maille plus grande induit moins de fils, moins de nœuds et moins de traction. Alléger les bourrelets et diminuer les panneaux allège également le chalut et permet de diminuer la consommation de carburant.
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