Des banques songeraient à interdire les chatrooms aux traders
LONDRES (Reuters) - Plusieurs grandes banques envisagent d'interdire à leurs traders de participer à des forums de discussion sur internet (chatrooms) après l'ouverture d'enquêtes sur les soupçons de collusion entre professionnels des marchés pour manipuler des taux de référence, a-t-on appris lundi de sources proches du dossier.
JPMorgan Chase, Credit Suisse Group et Citigroup, entre autres, sont en train de revoir leurs règles de participation aux "chatrooms", de crainte que certains de ces forums soient considérés par les autorités de régulation comme un cadre propice à la collusion et à la manipulation de marché.
Les banques visent en particulier les chatrooms dites "multilatérales", auxquelles de nombreux traders participent simultanément.
Les communications bilatérales entre des traders et leurs contreparties dans d'autres banques, ou entre traders et clients, ne sont pas concernées, ont précisé les sources.
Les autorités de régulation et nombre d'investisseurs mettent en doute l'intégrité et la fiabilité de certains des principaux instruments de référence des marchés après l'ouverture de multiples enquêtes sur la manipulation des taux interbancaires Libor, qui a déjà coûté plusieurs milliards d'euros de pénalités au secteur.
Une autre série d'investigations se concentre actuellement sur des chatrooms portant des noms tels que "The Cartel", dans lesquelles des traders de plusieurs grandes institutions financières sont soupconnés d'avoir organisé la manipulation des taux de change, a rapporté le Wall Street Journal.
"Toutes les banques étudient cette question, elles seraient folles de ne pas le faire", a dit une source.
Elle a ajouté que l'interdiction de l'accès aux chatrooms est à l'étude depuis plusieurs mois. "Cela remonte au Libor", a dit cette source.
Certains forums de discussion sont créés et animés par des fournisseurs de services tiers, comme Bloomberg ou Thomson Reuters.
JPMorgan, Citigroup, RBS, Credit Suisse, Barclays et Thomson Reuters ont refusé de commenter ces informations. Bloomberg et UBS n'étaient pas disponibles dans l'immédiat pour un commentaire.
Jamie McGeever; Marc Angrand pour le service français, édité par Juliette Rouillon