Des actionnaires mécontents de Yahoo appellent AOL à la rescousse
par Nadia Damouni et Jennifer Saba
NEW YORK (Reuters) - Au moins deux des principaux actionnaires de Yahoo, mécontents de la gestion de Marissa Mayer, ont demandé au directeur général d'AOL Tim Armstrong d'explorer les voies d'une fusion entre les deux groupes et de prendre les rênes du nouvel ensemble.
Cette annonce intervient après une campagne du fonds activiste Starboard Value LP, qui appelait Yahoo à étudier un rapprochement avec AOL et à scinder les actifs web du groupe en Asie.
Tim Armstrong s'est montré réceptif à l'appel des actionnaires frondeurs de Yahoo et a reconnu les avantages potentiels d'un tel accord, ont déclaré des actionnaires de Yahoo.
Mais il a minimisé la possibilité d'une transaction, selon des investisseurs et deux sources proches d'AOL. Il n'y a pas de discussions entre les deux groupes et le patron d'AOL a déclaré qu'il n'envisagerait qu'une offre amicale, d'après ces sources.
Aucun commentaire n'a pu être obtenu auprès d'AOL et de Yahoo.
D'après les deux actionnaires frondeurs de Yahoo, qui ont rencontré Tim Armstrong récemment, la fusion des deux groupes pourrait permettre d'économiser jusqu'à 1,5 milliard de dollars (1,20 milliard d'euros).
Le fonds Starboard, que Reuters n'a pu interroger, souhaite séparer les activités de courrier électronique et web de Yahoo pour les fusionner avec AOL, à en croire un actionnaire de Yahoo.
MIEUX VALORISER LES ACTIFS ASIATIQUES
Une telle scission permettrait de laisser dans une entité distincte les actifs de Yahoo dans le géant chinois du commerce Alibaba Group Holding Ltd et dans Yahoo Japan Corp. Les investisseurs pourraient alors mieux valoriser ces actifs.
La capitalisation boursière de Yahoo est évaluée à environ 47 milliards de dollars (37,7 milliards d'euros), tandis que sa participation dans Alibaba représente à elle toute seule 44 milliards de dollars.
Un tel ratio reflète une valeur insignifiante pour l'activité propre de Yahoo. Pour certains investisseurs, le courriel, le web et les autres opérations de Yahoo valent sept milliards de dollars.
Tim Armstrong, ancien cadre dirigeant de Google, a pris les rênes d'AOL en 2009. Il est crédité d'avoir su redresser la marque en rachetant plusieurs sociétés comme Adap.TV, une plate-forme automatisée de publicité vidéo. Sous sa direction, la capitalisation d'AOL en Bourse a presque doublé pour atteindre 3,5 milliards de dollars.
Si l'action de Yahoo a triplé depuis la nomination en juillet de 2012 de Marissa Mayer, les analystes attribuent ces gains pour l'essentiel aux participations du portail internet dans les sociétés asiatiques.
Marissa Mayer a exhorté les investisseurs à faire preuve de patience, considérant qu'il faudrait plusieurs années pour redonner à Yahoo son lustre d'antan.
Les investisseurs en faveur d'une fusion estiment qu'un accord entre Yahoo et AOL permettrait de mieux concurrencer Google et Facebook dans la publicité vidéo automatisée.
(Avec Alexei Oreskovic à San Francisco, Claude Chendjou pour le service français, édité par Véronique Tison)