Derrière l’étude de Générations Futures sur les pesticides, le scandale des perturbateurs endocriniens
L’ONG Générations Futures a retrouvé des résidus de pesticides dans plusieurs habitations situées à proximité de cultures. Une étude sans surprise, mais qui renvoie à l’inaction de l’Europe pour réguler les perturbateurs endocriniens.
Ce n'est pas une étude scientifique, feront valoir les fabricants de pesticides. Un argument repris par le collectif d'agriculteurs "Sauvons les fruits et légumes", qui l'accuse de "chercher à faire peur". Petit nombre d’échantillons, aucune zone de comparaison… Les résultats d’analyses publiés mardi 1er mars par l’ONG environnementale Générations Futures achèvent malgré tout de semer le doute sur les résidus laissés par ces produits.
L’ONG a fait collecter et analyser l’été dernier des échantillons de poussières dans une vingtaine de maisons situées à moins de 200 mètres de cultures (vignes, vergers, céréales) exposées aux pesticides. Elle en a fait rechercher 61 pesticides différents. Sans surprise, les détections ont été au rendez-vous. Avec "en moyenne près de vingt pesticides par habitation testée, dont près de douze sont des perturbateurs endocriniens potentiels", affirme Générations Futures. Trois produits ont été relevés systématiquement - le perméthrine, le tebuconazole et le dimethomorph -, ainsi qu’une autre substance dans 90% des cas, le diuron… pourtant interdite depuis 2008.
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Février 2023
Graines de soja - Etats-Unis
$ USD/tonne
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Janvier 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 10.51 − Lait liquide et crème de lait
Base 100 en 2015
136.6 -0.44
Janvier 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 10.12 − Filet d'escalope de poulet standard UVCI
Base 100 en 2015
Les pesticides en ligne de mire depuis Cash Investigation
Pour cinq habitations, l’ONG a réalisé de nouveaux prélèvements en janvier. "La concentration totale de tous les pesticides quantifiés a diminué entre l’été et l’hiver d’une valeur comprise entre -30% et -95%", observe-t-elle, s’inquiétant néanmoins que "des résidus semblent demeurer toute l'année".
Cette publication intervient un mois après la diffusion de Cash Investigation sur France 2. Une émission jugée à charge par l’industrie de l'agrochimie (voire notre interview du responsable des affaires institutionnelles de Monsanto), mais qui a mis en exergue l'importante - et coûteuse - présence de pesticides dans l’eau ou l’air que nous respirons. Voire dans la nourriture, même si "plus de 97 % des aliments contiennent des résidus de pesticides dans les limites légales" avait omis de préciser Cash Investigation, comme l'a récemment relevé Libération.
Bruxelles sanctionnée pour ne pas avoir légiféré
Il y a malgré tout urgence à réglementer les "pratiques agricoles et à faire en sorte qu’on interdise les pulvérisations des pesticides de synthèse à proximité de zones habitées", estime Générations Futures. Qui appelle à publier urgemment "une définition des perturbateurs endocriniens réellement protectrice au niveau européen".
Car ces substances, accusées de provoquer des dérèglements hormonaux, voire des cancers, et considérées comme une menace par l’Organisation mondiale de la santé, doivent faire l’objet d’un encadrement par l'Union Européenne depuis 2013... Il a pourtant été repoussé à 2017. Une inaction qui a donné lieu, en décembre dernier, à une condamnation de la Commission Européenne à la demande de la Suède, une décision rarissime. Bruxelles étant accusée d’avoir traîné des pieds sous le poids du lobbying de l'industrie, afin de lui laisser le temps de mesurer l’impact économique d’une éventuelle régulation...
Gaëlle Fleitour
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