Le secteur automobile n’est pas le seul à s’intéresser à l’hydrogène, l’aéronautique explore aussi à cette source d’énergie. Mais le cabinet Alcimed estime que tout un modèle économique reste à mettre en place.
Le démonstrateur Boeing au salon de Farnborough en 2008 - Crédits CC BY-SA 3.0
Le réservoir plein d’hydrogène, l’avion effectue un Paris-New York sans émettre la moindre particule de CO2. Un scénario enthousiasmant en plein débat sur le changement climatique porté par la COP21. Mais qui risque de prendre beaucoup de temps avant de voir le jour... "L’hydrogène en tant que carburant propulsif ne verra le jour que grâce à des choix politiques et industriels fort", prévient d'emblée Laurie Rey, responsable de missions au sein du cabinet de conseil en innovation Alcimed. Pour le moment, le roi kérosène n'est pas près de se faire détrôner par l’hydrogène.
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Pourtant, les initiatives industrielles ne manquent pas, comme le rappelle le cabinet d'études. Le centre Boeing Research & Technology Europe a mené des tests sur un planeur motorisé en 2008 : l’engin a volé en croisière à 3300 pieds pendant 20 minutes en étant propulsé uniquement grâce à une pile à combustible.
La même année, c’est l’autre géant de l’aéronautique Airbus qui procédait à des essais en vol, en collaboration avec le Centre Aérospatial Allemand (DLR) et Michelin, sur un A320 muni d’un système d’alimentation électrique de secours constitué d’une pile à combustible.
Une alchimie industrielle à définir
Plus récemment, le français Safran et la société britannique Cella Energy se sont rapprochés pour plancher sur le stockage de l’hydrogène sous forme solide. Airbus et l’entreprise sud-africaine HySA ont créé un partenariat sur les piles à combustible.
Même le jeune secteur des drones lorgne du côté l’atome le plus simple du tableau de Mendeleïev : deux sociétés, Horizon Energy Systems et RaptorUAS, comptent développer un drone incluant une pile à combustible à hydrogène avec une autonomie de 300 kilomètres. Le stockage et la sécurité du système font partis des axes prioritaires de recherches.
Les industriels phosphorent, les universités carburent, mais pour l’instant, dans l’aéronautique, l’hydrogène fait pschit. "Il ne faut pas sous-estimer l’importance de l’infrastructure nécessaire", appuie Alexandre Savin, responsable du bureau d’Alcimed à Toulouse.
Production, stockage, distribution… les investissements nécessaires pour équiper les aéroports sont gigantesques. Et les parties prenantes multiples : gestionnaires d’aéroports, compagnies aériennes et constructeurs. "C’est tout un modèle économique qui doit être créé", résume Alexandre Savin.
Dans un secteur où chaque technologie de rupture affronte les fourches caudines de la sécurité et de la frilosité, l’hydrogène pourrait emprunter un chemin de traverse. Avant de faire voler les avions, il pourrait bien les faire… rouler. Cette source d’énergie trouvera sans doute sa place dans tous les systèmes non propulsifs des appareils : roulage au sol mais aussi équipements nécessitant des faibles puissances, avionique, cuisine… L’hydrogène pourrait aider à faire de l’avion "plus électrique" une réalité dès 2030. Pour qu'il fasse voler les avions, il va falloir attendre encore un peu.
Olivier James
Depuis début 2021, Olivier est grand reporter, spécialisé dans l’aéronautique et la défense, au sein de L'Usine Nouvelle. Il assure le suivi de ce secteur depuis 2013 pour le magazine, analysant aussi bien les stratégies des grands groupes que l’émergence des technologies de pointe. Entré à L’Usine Nouvelle en 2008, il était alors en charge de la chimie, des matériaux, de la construction et de l’emballage. Titulaire d’une maîtrise de Physique et diplômé de l’ESJ Lille (filière Journaliste scientifique), Olivier avait travaillé auparavant pour l’agence de presse Alias Presse et collaboré pour Science & Vie, Courrier Cadres et 01 Informatique.
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