Jacques Gautier est vice-président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat. Pour l’élu, l’échec de la fusion EADS/BAE est un coup dur pour l’Europe de la défense.
L'Usine Nouvelle - Vous vous étiez prononcé favorablement pour la fusion EADS/BAE. Comment réagissez-vous à l’échec des négociations ?
Jacques Gautier - Je suis déçu et il est sûr qu’on le regrettera. C’était une chance unique pour EADS de s’imposer comme le leader mondial dans les secteurs de l’aéronautique, de la défense et du spatial, loin devant Boeing et Lockheed Martin. Les négociateurs n’ont pas su lever les doutes qui pesaient sur le pacte d’actionnaires. Je regrette le blocage qui est venu de l’Allemagne. En pleine période électorale, la chancelière Angela Merkel n’a pas voulu mécontenter sa base électorale en Bavière et à Munich, inquiète des possibles conséquences industrielles locales qu’impliquait un tel rapprochement.
L’Europe de la défense pourra-t-elle s’en remettre ?
C’est un coup dur. Les trois premiers Etats européens dans le domaine de la défense n’ont pas réussi à s’entendre sur un projet majeur. Ce rapprochement représentait pourtant l’opportunité d’ancrer définitivement les Britanniques à une plate-forme industrielle européenne plutôt que de les laisser se tourner vers les Etats-Unis.
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Faut-il s’attendre à des conséquences ?
Cet échec risque de tuer la possibilité d’un futur avion de combat européen. Les savoir-faire combinés de BAE, EADS et Dassault Aviation permettaient d’atteindre cet objectif à un horizon 2025/2030. Un Dassault seul, malgré sa qualité, n’a pas la taille critique. Ce projet de fusion a déjà des répercussions. Des rumeurs indiquent que le groupe italien Finmeccanica pourrait se rapprocher de Northrop Grumman. Faut-il le laisser filer vers le troisième groupe de défense américain ? Ce serait un scénario dommageable pour l’Europe, d’autant plus que les groupes italiens sont les premiers partenaires de la France en matière de défense.
Quelle leçon peut-t-on tirer pour les groupes français ?
Des groupes comme Thales ou DCNS doivent réfléchir à des partenariats ou des fusions à l’international. La dimension franco-française n’est plus suffisante pour faire face aux industriels américains. Grâce à leur volume de commande, ces derniers pourront casser les prix. Sans oublier les nouvelles normes OTAN et la "smart defense" (la nouvelle génération de projets de coopération de l’OTAN, ndlr) qui favorisent l’achat de produits américains.
Les Etats ont-ils les moyens de relancer l’Europe de la défense ?
Je n’attends pas grand-chose des Etats. Dans ce cas précis, ils ont plutôt montré qu’ils étaient capables d’empêcher une fusion qui avait du sens. Par ailleurs, plusieurs pays européens ont abandonné leurs ambitions dans ce domaine en se protégeant derrière le parapluie américain. La relance par des grands programmes est également hypothétique : comment les financer ? Les budgets pour la prochaine loi de programmation militaire française pourraient être amputés de 35 à 45 milliards d’euros sur six ans. Je mise plutôt sur les industriels pour se concentrer et être plus compétitifs.
Hassan suit depuis 2009 les secteurs de la défense, de l’espace et de la cybersécurité. Titulaire d’une maîtrise de Physique et diplômé de l’École supérieure de journalisme de Lille, il est auditeur de l’Institut des hautes études de la défense nationale (IHEDN, 56e session armement et économie de défense).
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