Deeptech : comment les acteurs de transfert de technologies participent au financement des start-up
Bpifrance a publié le 6 mai un rapport sur le rôle des structures de transfert de technologies dans le processus de financement des start-up de la Deeptech. Une étude riche en enseignements qui met en lumière les forces, mais aussi certaines faiblesses, des relations entre les acteurs de la recherche et de la finance.
Le mode de financement des start-up issues des laboratoires évolue. L’entrée au capital de ces jeunes pousses n’est plus l’apanage des fonds d’investissements spécialisés. De plus en plus de structures d’accompagnement, comme les offices de transfert de technologies (OTT), choisissent de s’associer aux entreprises qu’elles contribuent à créer.
Dans un rapport publié le 6 mai, Bpifrance se penche sur le rôle de ces acteurs dans le développement des sociétés deeptech. Le document met également en avant la nécessité de mettre en place des bonnes pratiques entre OTT et fonds d’investissements pour œuvrer conjointement à faire émerger les deeptechs, ces start-up portant des innovations de rupture issues des laboratoires de recherche.
L’étude dresse un premier constat positif : les structures de transferts de technologies – comme les SATT, mais également les dispositifs mis en place par le CNRS, le CEA, ou encore l’Ifpen – sont des leviers importants dans le financement des jeunes pousses. D’après les chiffres de Bpifrance, près de 47% des start-up passées par une structure de transfert de technologies parviennent à lever des fonds, contre 23% pour celles qui se sont développées en dehors de ces organismes.
Un rôle d'identification des technologies prometteuses
Pour les sociétés passées par une OTT, la recherche de fonds se concentre principalement sur la phase d’amorçage et la série A, la phase de pré-amorçage étant déjà engagée par l’organisme de transferts de technologie. Cette arrivée de capitaux très tôt dans la vie de la start-up est un atout majeur pour lui permettre de poursuivre son développement.
« Les technologies deeptech nécessitent une phase de maturation longue et difficile. Ces sociétés issues des labos ont donc un fort besoin capitalistique », explique Sonia Falourd, Responsable du pôle Optimisation & Transfert, au sein de la direction deeptech de Bpifrance, lors d’un webinaire consacré à la présentation du rapport. « Dans ce cadre, les OTT jouent un rôle important en identifiant les technologies prometteuses et en apportant une participation avant les investisseurs classiques qui attendent généralement l’étape de « proof of market » pour se manifester. »
Ces participations se font soit par un principe de conversion de créances (pratique observée au CNRS, à l’Inrae, à l’Inserm, PSL et chez la plupart des SATT), mais également par un apport en espèces (CEA, SATT Linksium et occasionnellement à l’Inserm). « Cette dernière à l’avantage de distinguer clairement la gestion et la négociation de la propriété intellectuelle de l’accompagnement business proposé par l’organisme de transfert », souligne l’étude.
Le niveau de participation au capital dépend des projets et de la stratégie des OTT. Nombre d'entre eux se contentent de prendre moins de 10% du capital des start-up, souligne Bpifrance, qui relève des niveaux de 5% pour l’Inrae, de 5 à 10% pour le CNRS, PSL, l’Inserm et l’Inria, et d'environ 10 % pour le réseau SATT et l’Ifpen. Le CEA se détache avec un niveau plus élevé de 15 %.
Vers plus de dialogue entre OTT et fonds d’investissement
Il est à noter que cette activité de prise de participation est particulièrement risquée. Selon Bpifrance, presque aucun OTT à l’international – pas même le MIT – n’est rentable dans ce domaine.
Outre ce soutien financier, la structure de transfert technologique apporte un accompagnement technologique et peut lever certains problèmes liés à la propriété intellectuelle et conseiller les porteurs sur des aspects de leur projet.
Si ce panorama semble très prometteur pour favoriser l’émergence des start-up deeptech, il y a également un revers à la médaille.
Selon Bpifrance, il existe un risque réel que l’arrivée de l’OTT au capital nuise au développement de la startup, tant à l’occasion du transfert de technologie initial qu’au moment des levées de fonds. « Pour que la société puisse poursuivre sa croissance, il faut que les parties prenantes – OTT, start-up et fonds d’investissement – partagent un univers et des enjeux communs, ce qui n’est pas toujours le cas », pointe Sonia Falourd « Il faut donc un rapprochement significatif des acteur du transfert de technologie et des fonds d’investissement pour échanger davantage et établir un certain nombre de bonnes pratiques communes. »
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