[DECRYPTAGE] La grève paralysera-t-elle aussi les centrales nucléaires ?
La CGT Mines Energie a appelé à une forte mobilisation dès le jeudi 26 mai pour exiger le retrait de la loi Travail. Les centrales nucléaires pourraient être touchées. Les salariés de la centrale de Nogent ont d'ores et déjà voté la grève.
Après la pénurie d'essence, sera-t-on bientôt privés d'électricité ? La menace plane depuis l'appel à la mobilisation lancé par la CGT Mines Energie pour s'opposer à la loi Travail. A Nogent-sur-Seine, dans la centrale nucléaire exploitée par EDF, les salariés ont d'ores et déjà voté la grève et l'arrêt de la production d'électricité.
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Et le présage d'une pénurie pourrait paraître d'autant plus envisageable que l'un des deux réacteurs est déjà à l'arrêt. A un détail près, il a été mis à l'arrêt dès le lundi 23 mai au soir, sur décision de l'exploitant, pour une opération de maintenance. Un défaut avait été repéré sur un module électronique. Le problème est réglé ce mercredi 25 mai donc le réacteur devrait être redémarré dans la journée. Comme après chaque opération de maintenance, cela prendra quelques heures. Mais la CGT a fait savoir qu'elle comptait faire en sorte de ne pas redémarrer le réacteur et qu'il y aurait une baisse de charge sur le réacteur numéro 2.
Quelques heures seulement pour arrêter un réacteur
Alors que se passera-t-il si le mouvement de grève s'étend aux autres sites du pays ? Suffit-il d'appuyer sur un bouton pour arrêter un réacteur nucléaire ? "Il est évident qu'une centrale peut être arrêtée. C'est même très simple. Pour chaque opération de maintenance, les réacteurs sont arrêtés", insiste une porte-parole de la société française d'énergie nucléaire (SFEN). En général, sauf procédure d'urgence, l'arrêt se fait par pallier, l'exploitant procède à des baisses de charges progressives. Comme pour le redémarrage, l'arrêt peut prendre quelques heures.
Des prestataires externes
En théorie, en quelques heures seulement, les centrales françaises pourraient être stoppées. Dans la pratique, cela semble un peu plus complexe. EDF dispose de recours. En 2009, l'électricien français a été confronté à une grève d'ampleur. Elle avait provoqué des décalages de programmes de maintenance, des chutes de tension sur le réseau… mais pas de black-out ! "Certains ouvriers de maintenance avaient été réorientés vers la tenue en charge des réacteurs et EDF avait eu recours à des prestataires externes afin de maintenir le niveau d'activité de ses centrales", rappelle Nicolas Goldberg, consultant spécialiste des questions d'énergie chez Colombus Consulting. "La France avait même été contrainte d'importer de l'électricité pendant l'été ce qui est rarissime", complète-t-il."En 2009, certains ouvriers de maintenance avaient été réorientés vers la tenue en charge des réacteurs"
Des réquisitions du personnel ?
L'autre possibilité serait de réquisitionner le personnel comme l'avait fait Nicolas Sarkozy dans les raffineries en 2010. Certains grévistes des raffineries s'étaient vu signifier, par un huissier, l'obligation de reprendre le travail, sous peine de risquer 5 ans de prison. La Constitution prévoit en effet que le gouvernement est autorisé à formuler une mesure de réquisition, c’est-à-dire un ordre de faire cesser la grève et d’obliger les salariés à mettre leurs forces de travail au service des entreprises.
Sa légalité est conditionnée au fait que la grève soit de nature à porter une atteinte suffisamment grave à la continuité d’un service public ou à la satisfaction des besoins de la population. Ce serait une disposition de dernier recours dont les pouvoirs publics usent rarement. "Ce n'est pas vraiment envisageable. La mesure la plus sage semble de réorienter les ouvriers afin de maintenir un dialogue avec les syndicats", indique Nicolas Goldberg.
"C'est une organisation à prévoir du côté d'EDF mais non, on ne manquera pas d'électricité". Pas la peine de faire un stock de bougies pour le week-end !
Astrid Gouzik
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