Déchets plastiques: la France enfouit plus qu'elle ne recycle
Seulement 1/6 des déchets de plastiques sont recyclés, le reste étant également réparti entre incinération pour la production d'énergie et enfouissement en décharges. Deloitte invite les acteurs du recyclage - industriels, Etat, collectivités - à développer la captation et le traitement des matières plastiques, et en appelle également aux autres acteurs concernés.
Mieux capter le gisement de déchets plastiques pour l’orienter davantage vers le recyclage, renforcer l’attractivité et la compétitivité de la filière en stimulant l’offre et la demande, et optimiser les interactions entre les acteurs : telles sont les recommandations de Deloitte pour favoriser le développement de la filière du recyclage des plastiques en France. Dans une étude co-financée par la Direction générale des entreprises, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) et l’association Alliance chimie recyclage, le cabinet de conseil met en exergue la complexité de l’organisation de la filière et estime que plus des deux-tiers du gisement théorique de déchets plastiques ne sont pas captés.
Le recyclage n'est pas la destination première du plastique…
VOS INDICES
source
4659 -5.09
Juillet 2022
Alliages d'aluminium primaire - Série A - A-U5GT
€/tonne
115.5 +8.04
Juin 2022
Cours des matières premières importées - Pétrole brut Brent (Londres) en euros
€/baril
122 +7.87
Juin 2022
Cours des matières premières importées - Pétrole brut Brent (Londres) en dollars
$ USD/baril
Sur 3,5 millions de tonnes de déchets plastiques disponibles chaque année (chiffres 2012), 590 000 tonnes transitent par la filière recyclage. 1,3 million de tonnes sont dirigées vers la valorisation énergétique, et la même quantité en direction de l’enfouissement. Au final, environ 440 000 tonnes de plastiques recyclé sont produites chaque année en France. Les déperditions pour la filière sont les plus fortes dans l’univers des emballages plastiques (360 000 tonnes captées par les recycleurs sur un gisement théorique de 2 Mt), et dans les véhicules (40 000 tonnes de plastiques arrivent dans la filière sur un total de 410 000 tonnes). Dans les véhicules hors d’usage, une partie significative du plastique (qui représente environ 10% du flux de matières) n’est pas isolée et se retrouve broyée.
Par ailleurs, "le prix du pétrole a une influence directe sur la capacité des recycleurs à payer les déchets et sur l’équilibre économique globale de la chaîne de valeur", précise Deloitte. Si les évolutions des prix des plastiques vierges sont étroitement liées à celles des prix du pétrole, les évolutions des prix des matières recyclées le sont aussi. Elles incluent néanmoins une décote par rapport aux plastiques vierges. "Les coûts globaux ne sont pas couverts dans leur totalité par les revenus générés par les différentes étapes du recyclage", complète le cabinet. La main d’œuvre peut représenter jusqu’à 30% des coûts totaux du recyclage. Les volumes exportés de déchets plastiques sont, de plus, quatre fois plus importants que ceux des importés en raison de la demande à la grande exportation, notamment en Chine. Le pays achète 63% des déchets plastiques produits dans le monde.
… mais des pistes existent pour développer la filière
Dans ce contexte, Deloitte propose donc de mieux identifier les gisements de matières plastiques et de développer des mécanismes de facturation incitative au recyclage pour les producteurs et les détenteurs de déchets. L’expérimentation de consignes de tri dédiées aux emballages plastiques doit continuer, tandis que des actions spécifiques pourraient être mises en place en direction des entreprises pour récupérer leurs déchets d’emballages industriels et commerciaux. Le développement des centres de tri et de collecte dédiés est encouragé. Le cabinet de conseil relève également l’accroissement du taux de valorisation constaté en Allemagne suite à l’interdiction de la mise en décharge des flux valorisables. L’éco-conception des produits doit pour sa part être promue afin d’améliorer leur taux de recyclabilité. Les capacités de traitement des recycleurs et l’information des acteurs du marché doivent aussi faire l’objet de plans de développement.
Pour favoriser la mise en œuvre de telles idées, Deloitte propose le lancement d’un "contrat d’expérimentation" afin de générer 300 000 tonnes supplémentaires de matières recyclées en 5 ans, "fortifier" l’industrie du recyclage et de la valorisation des plastiques sur le territoire, et créer 2000 emplois dans ce sens. Les industriels, l’Etat, les collectivités et les autres acteurs potentiellement concernés (syndicats, ONG, etc.) sont invités à travailler sur le dossier.
Franck Stassi
Déchets plastiques: la France enfouit plus qu'elle ne recycle
Tous les champs sont obligatoires
0Commentaire
Réagir