De grâce, mes chers salariés, ne votez pas FN !, implore le PDG de Paprec dans une lettre
"Le programme du FN constituerait la plus grave menace que puisse connaître notre groupe", a expliqué Jean-Luc Petithuguenin dans un courrier adressé à ses salariés moins d'un mois avant l'élection présidentielle française. Une démarche peu commune qu'il explique dans une interview au Monde.
C'est un courrier pour le moins étonnant qu'ont reçu les 4 500 salariés du groupe Paprec en cette fin du mois de mars. A quelques jours de l'élection présidentielle, Jean-Luc Petithuguenin, le PDG de cette entreprise de recyclage de déchets industriels leur a adressé un courrier dans lequel il les alerte contre les dangers du vote Front national. "Ce scrutin a une importance considérable pour moi, à partir du moment où certains sondages placent Mme Le Pen en position de diriger le pays, alors que son programme aberrant a de quoi ruiner la France", a expliqué le patron breton dans un entretien au journal Le Monde mardi 4 avril.
En tant que chef d'entreprise, M. Petithuguenin a mesuré l'impact d'une arrivée frontiste au gouvernement. Entre sortie de l'euro préjudiciable et repli nationaliste, il illustre comment le programme de Marine Le Pen appliqué, peut torpiller un groupe comme Paprec : "Notre dette nette, cotée sur les marchés, est aujourd’hui un peu supérieure à 500 millions d’euros. Si, demain, la France abandonne l’euro, je doute que nos créanciers comme Allianz ou BlackRock acceptent d’être remboursés en francs. Et si le nouveau franc se dévalue de 15 % ou 25 % par rapport à l’euro, comme l’envisage Mme Le Pen, soi-disant pour redonner de la compétitivité à l’économie française, cela alourdira mécaniquement notre dette d’autant". Il précise que ce "programme désastreux" est à même de détruire des entreprises et obliger à licencier.
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Bon père de famille
L'initiative peu commune, notamment pour un groupe de cette taille, peut paraître paternaliste. Mais le PDG s'en défend au cours de l'entretien, arguant : "dans mes entreprises, je vois trop de personnes tentées par le Front national en pensant que, de toute façon, son programme ne sera pas appliqué, donc que ce n’est pas grave. Si, c’est grave !" Le chef d'entreprise se défend toutefois d'imposer une consigne de vote à ses employés. "Mais il me semblait important d’informer le personnel et de prendre position publiquement, avec le soutien de mon comité exécutif".
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