DCNS sur la piste de rapprochements européens, mais pas avec STX
Relance du mouvement de consolidation de l’industrie navale militaire européenne. Le dossier traîne dans les bureaux de DCNS depuis plusieurs années, le ministre de la Défense incite une nouvelle fois à le faire avancer. La semaine dernière, à Lorient, à l’occasion du lancement de la construction de la deuxième frégate FREMM (baptisée Normandie) à destination de la Marine Nationale, Hervé Morin a souligné l’importance d’approfondir les coopérations européennes, notamment par des évolutions capitalistiques.
« Il faut accepter les dépendances mutuelles avec l’idée d'abandonner, au niveau européen, un certain nombre de compétences, lance le ministre, en insistant sur la forte concurrence mondiale, alors que les Européens sont eux-mêmes fragmentés. Sans nouvelles coopérations, il y aura des lendemains difficiles. »
TKMS au point mort, perspectives polonaises
Concrètement, les discussions avec le rival historique, l’Allemand TKMS, sont au point mort. « Pour un mariage ou pour des fiançailles, il faut être deux. Nous sommes ouverts et prêts à discuter. Ce qu'il faut, c'est qu'en face nous ayons des entreprises qui aient aussi envie de discuter », avertit le locataire de l’hôtel de Brienne. Autres partenaires possibles : l’Italien Fincantieri (qui participe au programme FREMM), l’Espagnol Navantia (qui collabore sur le sous-marin Scorpène) ou encore les chantiers polonais (comme Gdansk ou Gdynia). Ces derniers semblent les plus intéressés. Il s’agirait de nouer des partenariats industriels en profitant du renouvellement des navires de surface et des sous-marins de l’armée polonaise. DCNS avait d’ailleurs travaillé avec le chantier de Gdansk sur les deux premiers BPC (Bâtiments de Projection et de Commandement).
STX plus d’actualité
En revanche, l’idée d’un rapprochement capitalistique avec STX France, les anciens Chantiers de l’Atlantique de Saint-Nazaire et de Lorient, n’est plus d’actualité. Elle avait été (re)soulevée par Nicolas Sarkozy il y a plus d’un an et trouvait écho dans la nomination de Patrick Boissier (président des chantiers nazairiens de 1997 à 2006) à la tête du groupe public (détenu à 25 % par Thales). Certains salariés de STX voyaient l’opération d’un bon œil, au moment où le dernier grand constructeur civil français manque dangereusement de commandes. Pour le patron de DCNS, il y a « beaucoup de synergies. Avec le troisième BPC, nous sommes par exemple arrivés au meilleur montage industriel possible. Nous développons nos relations pour partager nos méthodes et nos pratiques. De là à imaginer un rapprochement capitalistique, il y a un pas qui n'est pas franchi. »
DCNS en pivot central
Rappelant que l’objectif tient une bonne place dans le mandat de Patrick Boissier, Hervé Morin estime que DCNS doit être le pivot central de la recomposition du paysage européen de la construction navale de défense. Et en possède les atouts : savoir-faire, technologies, outil industriel et commandes de la Marine Nationale. Pour autant, le ministre de la Défense précise que l’entreprise doit « améliorer sa compétitivité pour être la plus attractive possible ». Dix mois après son arrivée, Patrick Boissier tentera de répondre à ces attentes fin octobre, début novembre, lors de la présentation de ses orientations stratégiques. Un plan déjà baptisé « Championship ».
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