Davfi : le premier antivirus français attendu pour 2014
Le marché des logiciels antivirus est totalement dominé par les pays de l'Est et les Etats-Unis. Mais cela pourrait bien changer. Des entreprises et chercheurs en sécurité français lancent le projet Davfi. Dès 2014, il doit notamment permettre aux entreprises et administrations françaises de disposer d'une solution locale à la fois "performante" et "de confiance".
Un consortium d'entreprises et de chercheurs en sécurité informatique a décidé de développer le "premier antivirus français". Baptisé Davfi - pour "Démonstrateurs d'antivirus français et internationaux"- il doit permettre "à la France et à l'Europe d'acquérir leur souveraineté numérique dans le domaine des antivirus", indique le consortium. Ce dernier est composé de l'Ecole supérieure d'informatique, électronique et automatique (ESIEA) et des entreprises Nov'IT (Chef de File), Init SYS pour la R&D, ainsi que Qosmos, Teclib' et DCNS Research.
Dans le domaine de l'antivirus, les principaux acteurs viennent des pays de l'Est (Kaspersky, Avast, BitDefender, etc), des Etats-Unis (Symantec, McAfee) ou encore du Japon (Trend Micro). L'argument de "souveraineté" paraît donc pertinent. Il a notamment permis aux porteurs du projet d'obtenir le soutien du Fonds national pour la société numérique (FSN). Il va y investir 5,5 millions d'euros sur deux ans, dans le cadre des investissements d'avenir du Grand Emprunt.
Une première mouture de Davfi doit voir le jour en 2014. Une version gratuite sera proposée pour les particuliers et des services payants (analyse renforcée, support et maintenance technique) seront associés à sa déclinaison pour les entreprises et administrations.
Protéger les systèmes de l'état est d'ailleurs un débouché majeur pour Davfi. Ce projet a en effet été audité par l'ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information) qui lui a donné un avis favorable."Il pourra donc être intégré à une offre de solutions de sécurité à destination des administrations", explique-t-on à l'Anssi.
Un antivirus innovant et open source
Davfi doit constituer une "rupture technologique dans la lutte antivirale", promet le consortium. Il exploitera différentes techniques d'analyses de menaces, développées principalement à l'ESIEA, qui permettront au logiciel de ne pas uniquement fonctionner par comparaison avec une liste de signatures des virus connus. "Les modèles technologiques de détection des antivirus actuels ont montré leurs limites et ne répondent plus aujourd'hui aux menaces", explique Éric Filiol, directeur du laboratoire de virologie et de cryptologie opérationnelles de l'ESIEA. "L'approche technique innovante de Davfi le rendra capable de détecter les variantes inconnues de codes identifiés et de prévenir l’action de codes inconnus."
Outre son mode de fonctionnement, Davfi se veut innovant par son modèle de développement. Le nouvel antivirus est en effet un projet open source. Le programme reprendra des briques logicielles existantes et, a terme, son code sera redistribué à la communauté, via une licence libre reconnue par la Free Software Fondation (FSF).
"Le fait qu'il s'agisse d'un antivirus libre est un tout d'abord un gage de qualité, car les éventuels bugs seront corrigés plus rapidement par la communauté de développeurs", souligne Jérôme Notin, président de la société Nov'IT, chef de file du consortium. "Mais surtout, les clients pourront auditer le produit et savoir exactement ce qu'il fait. Les antivirus actuels ne sont pas transparents. Ils transmettent dans la plus grande opacité des informations à leur éditeur, ce qui pose tout de même quelques problèmes. Le code ouvert de Davfi est un gage de confiance."
Une initiative louable, mais au succès incertain ?
"Il faut rendre hommage à cette initiative qui est tout à fait louable. Mais elle pose tout de même de nombreuses questions", commente pour L'Usine Nouvelle : l'expert en sécurité Hervé Schauer, de HSC consultants.
Première question : quelles sont les chances de succès de ce projet franco-français ? Pour HSC consultants, elles sont plutôt minces. "Des années 90 à aujourd'hui, tous les projets de sécurité informatique français ont connu d'importantes difficultés. Les entreprises positionnées sur ce marché vivotent ou ont jeté l'éponge. Pour réussir dans ce domaine il faut être un acteur avec une dimension globale de manière quasi-instantanée."
Réponse de Jérôme Notin : "Oui, ce projet est un défi. Mais ce n'est pas parce que la France n'a pas connu de succès retentissant dans ce domaine, qu'il ne faut pas tenter l'aventure. Bien au contraire."
Quant au choix de l'open source : "C'est plutôt une bonne idée, car cela va effectivement faciliter les corrections de bugs par la communauté de développeurs", concède Hervé Schauer. "Mais avec l'open source, les revenus seront uniquement générés sur les services de proximité accompagnant le produit. Il n'est pas assuré qu'ils suffiront à financer les larges équipes d'experts qui devront surveiller en permanence les nouvelles menaces et ainsi garder à jour l'antivirus. C'est cela qui coûte le plus cher et non le développement du programme."
Pour Jérôme Notin : "Le modèle économique du projet Davfi est solide. Sans cela, nous n'aurions pas obtenu le soutien du FSN, qui l'a étudié en détail et attend un retour sur investissements. Et grâce aux techniques innovantes intégrées à notre antivirus, il ne sera pas nécessaire de disposer d'équipes pléthoriques pour en assurer le bon fonctionnement", conclut-il.
Quant aux grands acteurs du secteur, ils restent pour l'instant silencieux. Contactés par L'Usine Nouvelle, Kaspersky et Mc Afee se refusent à tout commentaire. Symantec, Avast ou Trend Micro n'étaient pas en mesure de nous répondre dans l'immédiat.
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