Dassault Aviation lance le Falcon 8X dans un marché du jet d'affaires en rebond

Alors que s’ouvre, le mardi 20 mai, le salon de l’aviation d’affaires Ebace à Genève, Dassault Aviation annonce le lancement d’un nouvel appareil, le Falcon 8X. De quoi soutenir des ventes dans un marché chahuté.

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La famille Falcon s’agrandit. Et il n’aura pas fallu plus de sept mois à Dassault Aviation pour enfanter le nouveau rejeton. Après le Falcon 5X présenté en fanfare en octobre dernier lors du salon d’aviation d’affaires NBAA de Las Vegas, le groupe profite d’un nouveau raout aéronautique, le salon Ebace de Genève, pour présenter le dernier-né de ses avions civils : le Falcon 8X. Depuis mars, les rumeurs allaient bon train sur la nature de ce nouvel appareil. Lors de la présentation des résultats annuels du groupe, Eric Trappier avait lâché que le salon suisse serait l’occasion pour Dassault Aviation de présenter une "nouveauté", avec pour nom de code le M1000.

Enjeu stratégique avec ce nouvel avion d’affaires : combler un "trou" dans la gamme de Dassault. Comme nous l’avions écrit dès le 13 mars dernier, le Falcon 8X sera dans la famille Falcon l’appareil le plus long et celui possédant le plus grand rayon d’action. Dans le très segmenté marché de l’aviation d’affaires, il permet au groupe d’être davantage présent dans les jets d’affaires à ultra longue portée. Le Falcon 8X prend le relais en matière de rayon d’action du Falcon 7X, appareil mis en service en 2007 qui était pour le moment à l’extrémité supérieure du catalogue avec ses 11 000 km de distance franchissable. Le 8X devrait effectuer son vol inaugural début 2015 et être certifié mi-2016, pour des livraisons avant la fin 2016.

Un avion moins gourmand en carburant

Les heureux acquéreurs du Falcon 8X, dont le prix catalogue avoisine 50 millions de dollars, pourront enfin effectuer un vol direct Paris-Singapour, jusque-là impossible à effectuer pour un Falcon. Le 8X, dont la cabine est plus longue d’un mètre que le 7X, pourra parcourir jusqu’à 11 945 kilomètres sans escale et embarquer un maximum de 19 passagers. A l’instar du 7X, le 8X est un triréacteur pourvu de moteurs Pratt & Whitney Canada. "C’est un avion plus long, plus confortable et qui répond mieux aux attentes d’une partie de notre clientèle en matière d’autonomie, résume Olivier Villa, directeur général adjoint des avions civils au sein du groupe. Et il a le grand avantage, par rapport à la concurrence, de pouvoir atterrir et décoller sur des pistes très courtes".

La concurrence justement, est dans ce créneau bien implantée. Le Falcon 8X devra batailler avec le Global 6000 du canadien Bombardier et le G550 de l’américain Gulfstream. Des modèles situés entre 50 et 60 millions de dollars. Outre la flexibilité d’utilisation de son nouvel appareil, Dassault Aviation compte faire la différence sur la consommation de carburant. "Elle est inférieure de 35% par rapport aux concurrents, assure Olivier Villa. Sur une période de six ans par exemple, avec une utilisation de 600 heures par an, l’utilisation d’un Falcon 8X permet une économie de 5 millions de dollars par rapport à des modèles concurrents".

L’innovation pour se différencier de la concurrence

Ajouté à cela des coûts de maintenance moindres et une revente à l’occasion plus élevée, les dirigeants de Dassault Aviation comptent faire la différence non pas sur le prix d’achat mais sur le coût d’exploitation. Il faut dire que l’avionneur est réputé pour son positionnement dans le haut de gamme, et donc sur une offre d’avions onéreux. Une gamme d’appareils qui a d’ailleurs tendance à mieux résister en temps de crise. Le 8X ne déroge pas à la règle. Il se veut spacieux, aux lignes intérieures ultra léchées, muni comme dans le militaire de réservoirs pressurisés et donc plus sécurisés, pourvu d’un dispositif dénommé "head up display" qui superpose pour les pilotes vision réelle et vision synthétique, et qui intègre une avionique ultra moderne dans le cockpit.

Dassault a investi près de 500 millions d’euros pour le nouvel appareil, contre un milliard d’euros pour le 5X. La concomitance du développement de ces deux appareils a nécessité un important effort d’autofinancement de la part du groupe, qui a creusé le résultat opérationnel en 2013 (en baisse de 9%, à 498 millions d’euros). Côté industriel, un projet d’extension de l’usine de Little Rock, dans l’Arkansas, a été développé et devrait s’achever très vite afin d’accueillir les chantiers d’aménagement des 8X et 5X. Cette stratégie de mener de front deux grands projets s’explique sans doute par le rebond que semble connaître en ce début d’année le marché de l’aviation d’affaires. Et qui aiguise les appétits…

Le Falcon 8X n’est pas né d’une page blanche

"La concurrence se montre de plus en plus agressive, tant en termes de politique commerciale et tarifaire, qu’en matière d’innovation technologique, peut-on lire dans le dernier rapport financier du groupe. Pour répondre à cette menace, nous poursuivons notre politique […] d’élargissement de notre gamme Falcon par l’augmentation de notre effort d’autofinancement". Dassault a sans doute voulu profiter à plein de la sortie de crise qui s’amorce et être en mesure de diversifier sa gamme de jets pour soutenir ses ventes. L’aviation civile représente pour le groupe, qui possèdera ainsi six avions d’affaires, environ 70% de ses ventes. Le 8X permettra-t-il enfin au groupe d’atteindre cette année son objectif, celui de parvenir à un niveau de commandes supérieur à celui des livraisons ? En 2013, le groupe a en effet livré 77 appareils (contre 66 en 2012) mais n’a enregistré que 64 commandes (contre 58 en 2012).

Alors, ce Falcon 8X, programme flambant neuf ou amélioration d’un appareil existant, en l’occurrence le 7X, dont il semble être une version étendue ? Pour les équipes de Dassault Aviation, aucun doute, c’est un nouvel avion ! Et de mentionner les nouveaux winglets (extrémités relevées des ailes), le profilé optimisé des ailes, la capacité augmentée des réservoirs… Reste que le Falcon 8X, contrairement à son prédécesseur le Falcon 5X, "n’est pas né d’une page blanche" comme on le reconnait en interne. Le fuselage du Falcon 8X est par ailleurs assemblé dans l’usine de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) sur la même ligne de production que le Falcon 7X, contrairement au Falcon 5X qui possède sa propre ligne. Le Falcon 8X s’apparente in fine à une profonde refonte du Falcon 7X. Il cristallise dans tous les cas les attentes chez Dassault Aviation qui le qualifie de véritable "vaisseau-amiral".

Olivier James

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