Dassault Aviation et Safran prennent les commandes industrielles du futur avion de combat franco allemand
La ministre française des Armées et son homologue allemande signent mercredi 6 février les premiers contrats industriels relatifs à l'avion de combat franco allemand, le SCAF. Dassault Aviation et Safran jouent les premiers rôles.
Ce mercredi 6 février sera -t-il reconnu historiquement comme celui de la naissance industrielle du SCAF (système du combat aérien du futur), le futur avion de combat franco-allemand ? La ministre des Armées Florence Parly et son homologue allemande Ursula von der Leyen signeront cet après-midi les premiers contrats avec les motoristes à Gennevilliers (Hauts de Seine) dans l'usine de Safran. L'industriel y fabriquera notamment les aubes (les ailettes) du futur moteur de l'appareil. Une fonderie de nouvelle génération est inaugurée à cette occasion. Pour rappel, cet appareil doit remplacer à l'horizon 2035, les Rafale de l'armée française et les Eurofigther allemands.
Dassault Aviation et Airbus vont bénéficier d'un contrat de 65 millions d'euros pour mener les premières études de définition à travers un financement franco-allemand. Ils devront définir le design de l'appareil, mais également son environnement immédiat comme les drones qui l'accompagneront dans sa mission ainsi que ses capacités à s'approcher et à déjouer les défenses aériennes adverses...
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un moteur plus puissant
Safran va obtenir un financement de la part de DGA (Direction générale pour l'armement) de 115 millions d'euros dans le cadre d'un programme d'études amont de cinq ans (2019-2024), notamment pour concevoir les parties dites "chaudes" du moteur, dont la chambre à combustion. Le motoriste n'est pas le seul industriel à se réjouir. Berlin et Paris vont également contractualiser avec les industriels en charge de la cellule de l'appareil.
Qu'il soit civil ou militaire, le moteur reste l'élément critique à développer pour un tel appareil. Les idées se précisent dans ce domaine. Les armées veulent un moteur plus puissant que le M88 du Rafale actuel pour être capable d'emporter plus d'armement. Le moteur devra travailler à des températures de l'ordre de 2100°C, contre 1850°C pour le Rafale. Cela nécessitera de développer de nouvelles technologies et d'envisager de le recours à de nouveaux matériaux car à ces températures-là, les métaux classiquement utilisés fondent.
Safran travaillera en partenariat avec l'allemand MTU, partenaire avec lequel il collabore déjà sur l'A400M, l'avion de transport militaire. Son partenaire aura notamment en charge les aspects concernant le maintien en condition opérationnelle (MCO).
Tirer les leçons de l'A400M
Les deux Etats ont voulu tirer les leçons des problèmes survenus lors des précédents programmes en coopération comme l'A400M d'Airbus Military qui avait multiplié les retards et les surcoûts. D'une part, en accord avec l'Allemagne et pour éviter un éparpillement des responsabilités, la France possède le leadership sur le programme. Dassault Aviation et Safran sont désignés comme les pilotes industriels majeurs du programme. Les deux pays resteront les deux acteurs de référence du SCAF même s'ils envisagent de s'ouvrir à d'autres nations comme l'Espagne qui frappe déjà à la porte.
D'autre part, les industriels ont été choisis pour leurs compétences et non pas pour leur permettre de développer des compétences qu'ils n'ont pas au risque de fragiliser le programme. Dès le début du programme, la problématique de l'exportation est intégrée. Pour ne pas être sujet à des réglementations qui empêcheraient sa vente à l'étranger comme la réglementation ITAR, le SCAF ne fera pas appel à des technologies et des composants étrangers considérés comme sensibles.
Les deux pays ont réaffirmé leur objectif de franchir encore une nouvelle étape au moment du salon aéronautique du Bourget en signant en juin prochain les contrats pour des démonstrateurs, à la fois pour le moteur et pour la cellule.
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