Dans les vaccins, clap de fin pour l’alliance entre Sanofi et l’américain MSD
Respectivement numéros un et deux mondiaux, les fabricants de vaccins MSD et Sanofi Pasteur viennent de mettre fin à leur co-entreprise commerciale en Europe. 215 emplois devraient être supprimés, dont 115 dans l’Hexagone, où se trouvait le siège.
Sanofi Pasteur
La rumeur courait depuis un certain temps. Les fabricants de vaccins français Sanofi Pasteur et américain MSD ont finalement annoncé le 8 mars la fin de leur co-entreprise en Europe, vingt-deux ans après sa mise en place.
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A l’époque, il y avait "une vision stratégique et une logique, avec la complémentarité des portefeuilles et des présences territoriales", confie un porte-parole de Sanofi Pasteur. MSD (connu sous le nom de Merck&Co aux Etats-Unis) disposait d’un vaccin contre l’hépatite B, Sanofi – très présent en Europe et tout particulièrement en France - de tous les autres composants des vaccins pédiatriques… De quoi lancer ensemble notamment le premier vaccin hexavalent, qui allait s’imposer pour protéger les enfants. Et choisir de s’allier commercialement pour servir dix-neuf pays européens, dont l’Hexagone.
Mais les noces ont perdu de leur attrait, s’accordent les deux entreprises. Entre temps, MSD est devenu le numéro un mondial des vaccins, selon son porte-parole, avec 5,8 milliards de dollars de ventes et 28% de parts de marché. Sanofi Pasteur s’adjugeant la deuxième place avec 5,5 milliards de dollars et 20% de ce marché particulièrement concentré, aux fortes barrières à l’entrée, où s’affrontent également les géants GSK et Pfizer.
CHIFFRE D'AFFAIRES EN BAISSE POUR LA coentreprise
Les deux partenaires se sont progressivement retrouvés avec de nombreux vaccins concurrents, notamment dans l’hépatite, et sur un territoire ne couvrant même pas toute l’Europe. En 2015, les ventes de la JV ont même baissé de 2,8% pour atteindre 824 millions d’euros, principalement en raison de problèmes d’approvisionnement, assure-t-on chez Sanofi Pasteur.
Chacun a vu ses ventes mondiales de vaccins progresser l’an dernier et entend désormais répondre seul à de fortes ambitions, en Europe comme à l’international. Chez le groupe pharmaceutique MSD, recentré en 2013, "les vaccins font partie de nos quatre aires thérapeutiques prioritaires", confie son porte-parole. L’américain, qui a notamment mis au point un vaccin innovant contre Ebola, a de nouveaux lancements à venir.
Afin de maintenir une présence européenne dans les vaccins, qu’il fabrique notamment dans une usine aux Pays-Bas, MSD reprendra l’activité opérationnelle de la co-entreprise, ainsi qu’une partie de ses effectifs, dont 158 postes en France et le siège lyonnais. En Europe, la co-entreprise dispose d’environ 950 salariés, dont 402 en France.
Onze vaccins en cours de développement chez Sanofi
Sanofi, de son côté, intégrerait 129 postes dans l’Hexagone, dont 104 commerciaux. "En reprenant la maîtrise de nos activités de commercialisation sur l’ensemble de l’Europe, nous pourrons optimiser la promotion de nos vaccins actuels dans chacun des pays, mais aussi accompagner plus efficacement la mise sur le marché des 11 vaccins actuellement en cours de développement ou de soumission au sein de Sanofi Pasteur", estime son PDG Olivier Charmeil, dans une note interne envoyée aux salariés ce mardi. Le français planche aussi sur un vaccin novateur contre Zika.
115 emplois devraient malgré tout disparaître au sein de la co-entreprise dans l’Hexagone, principalement des fonctions support, "sur la base de départs volontaires et de pré-retraites", insistent les entreprises. Sur le reste du Vieux Continent, une centaine d’autres emplois serait supprimée. Mais "Sanofi va-t-il vraiment garder des visiteurs médicaux, alors qu’il y a déjà un plan de départ volontaires en cours avec le projet Forward ?", s’inquiète Humberto De Sousa, délégué syndical central adjoint CFDT de Sanofi Pasteur.
Investissements si réorganisation chez Sanofi Pasteur
"Sanofi Pasteur veut doubler son chiffre d’affaires dans les dix ans, mais à effectif constant voire moins d’effectif. Et il fait peser une sorte d’épée de Damoclès sur les salariés en leur disant que s’ils ne travaillent pas plus et n’atteignent pas des objectifs de rentabilité, le groupe ne donnera pas suite aux investissements annoncés en France", déplore le représentant syndical, faisant allusion au projet de réorganisation de la division annoncé en fin d'année dernière pour répondre à la forte croissance mondiale.
"Ce sont deux choses indépendantes, répond le porte-parole de Sanofi Pasteur. Mais vu nos perspectives et ce que nous voulons faire en Europe en terme de croissance, cela ne fait qu’augmenter le fait qu’il faut que nous produisions plus dans nos usines."
Gaëlle Fleitour
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