Covid-19 : Valneva, Novavax, CureVac... Où en sont les concurrents des vaccins déjà sur le marché ?
Vaccins à virus inactivé ou à protéine recombinante, des technologies différentes des vaccins à ARNm pourraient bientôt être autorisées en Europe.
Virus inactivé : le vaccin de Valneva bientôt autorisé en Europe ?
La valse-hésitation a pris fin. Valneva a signé un accord avec l’Union européenne portant sur la précommande de millions de doses de vaccin. Le contrat vient clôturer une année 2021 qui a vu la biotech franco-autrichienne et l’UE alterner rapprochement, avec des discussions entamées officiellement dès janvier, et semi-rupture.
Au printemps dernier, Valneva annonçait ainsi interrompre les discussions avec l’Europe pour privilégier des discussions, pays par pays.
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Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 20.1 − Produits chimiques de base, engrais, Produits azotés, plastiques, caoutchouc synthétique
Base 100 en 2015
Mais alors que le Royaume-Uni a renoncé à son contrat de commandes, début septembre, c’est finalement bien avec l’Europe que Valneva a scellé un accord pour son vaccin inactivé contre le Covid-19, le VLA2001.
Pour un montant non dévoilé, l’UE a précommandé 60 millions de doses de l’actif, qui devraient être fournies avant la fin de l’année 2023, dont environ 27 millions de doses prévues pour 2022.
Une arrivée prévue en avril
Les premières livraisons devraient avoir lieu en avril de l’année prochaine, sous réserve d’approbation réglementaire.
Par rapport à ses concurrents à ARNm, le vaccin de Valneva présente la singularité d’être un virus sous forme inactivée, associé à un adjuvant pour renforcer la réponse immunitaire. Il pourrait ainsi être le premier vaccin selon ce type de technologie - plus traditionnelle que l’ARNm - approuvé en Europe.
Le Comité des médicaments à usage humain (CHMP) de l’EMA, l’agence européenne du médicament, devrait bientôt commencer le passage en revue des données relatives au candidat-vaccin. « Nous avons hâte de conclure et de débuter la soumission progressive du dossier de VLA2001 auprès de l’EMA. Nos récentes données de phase III nous ont permis de démontrer la valeur de VLA2001 et nous sommes convaincus que d'autres accords de fourniture pourraient faire suite à celui-ci », a commenté Franck Grimaud, le directeur général de Valneva.
Pour parvenir à cet accord, Valneva a pu s’appuyer sur les résultats positifs de son essai de phase III, avec un vaccin générant des niveaux d’anticorps supérieurs à ceux du vaccin d’AstraZeneca, ainsi qu’un taux de séroconversion des anticorps neutralisants supérieur, à 95 %, deux semaines après la deuxième injection.
Le vaccin a également démontré un profil de tolérance amélioré par rapport à celui du vaccin d’AstraZeneca. « Un nombre significativement inférieur d’effets indésirables surveillés, sept jours après vaccination, a été constaté chez les participants âgés de 30 ans et plus, que ce soit en termes de réaction à l’endroit de l’injection ou de réactions systémiques », communiquait la biotech à la publication de ces données de phase III, en octobre 2021.
Une technologie susceptible de convaincre les sceptiques des vaccins à ARNm ?
Et face à des réticences encore présentes vis-à-vis des vaccins à ARNm, qui peuvent s’expliquer en partie par la relative nouveauté de cette approche, le vaccin de Valneva pourrait s’avérer une alternative plus rassurante pour convaincre potentiellement une part d’indécis.
Si le vaccin de Valneva devait décrocher une autorisation européenne, un autre critère qui sera observé avec intérêt sera la durée dans le temps de la réponse immunitaire fournie par le vaccin de la biotech. Les vaccins à ARNm ont ainsi montré des baisses d’efficacité significatives, six mois après injection, au point de pousser à la généralisation d’une troisième dose. L'efficacité face à l'émergence de variants (notamment le variant Omicron) sera ainsi attendue avec intérêt.
En cas d’efficacité à longue durée d’action ou supérieure face aux variants, le vaccin pourrait se faire une place de choix dans l’arsenal de la réponse à la pandémie. Mais Valneva, et l’Europe, n’en sont pas encore là.
Pour continuer à engranger des contrats et des commandes étatiques, il faudra aussi que la biotech renforce ses capacités de production. Un point critique qui a poussé Valneva à s'associer à l'industriel allemand IDT Biologika pour accroître ses capacités.
Protéines recombinantes : Novavax progresse aussi
Si Valneva avance vers la mise sur le marché de son vaccin, la biotech américaine Novavax progresse aussi.
Son vaccin a décroché une première autorisation d’urgence en Indonésie, suivie peu de temps après par une autorisation aux Philippines. Il repose sur une technologie à protéine recombinante, associée à un adjuvant développé par Novavax. Le vaccin de Sanofi repose sur le même principe, associé à un adjuvant de GSK.
Pour Novavax, les deux sésames délivrés en Asie sont les premières autorisations réglementaires, alors que la biotech a déjà déposé des demandes d’autorisation, notamment auprès de la FDA, de l’EMA et des autorités britanniques.
En Europe, le feu vert pour la mise sur le marché pourrait intervenir avant la fin de l'année, l'agence européenne du médicament annonçait, mi-novembre, tabler sur une décision rendue en « quelques semaines ». L’Europe a commandé 200 millions de doses du vaccin de Novavax.
ARNm : CureVac mise sur des vaccins 2.0
Pfizer et BioNTech sont-ils parvenus à tuer la concurrence sur le marché des vaccins à ARNm ? La suprématie du géant américain et de la biotech allemande sur ce segment a contraint l’autre biotech allemande dans la course, CureVac, à revoir ses plans.
Initialement, CureVac anticipait une autorisation pour le deuxième trimestre de 2022, au plus tôt, pour son vaccin à ARNm appelé CVnCoV. Un délai jugé trop tardif vis-à-vis de la concurrence existante, ce qui a poussé la biotech a abandonné ses demandes d’autorisation en cours.
Un raisonnement également suivi par Sanofi qui a préféré arrêter le développement de son vaccin à ARNm, développé initialement avec Translate Bio, estimant qu’il n’y avait pas de besoin pour un nouveau vaccin avec ce type de technologie.
Exit donc la course à la mise sur le marché, et place désormais pour CureVac au pari du long terme, avec le développement de vaccins à ARNm dits « de deuxième génération ». Un travail qui sera effectué avec le laboratoire britannique GSK, déjà très présent sur le secteur, via ses adjuvants.
CureVac vient de publier de premières données sur l’efficacité de ce vaccin de deuxième génération, appelé CV2CoV. Des données encore sur modèle animal, mais qui démontrent une efficacité supérieure en termes de réponse immunitaire à court et long termes ainsi qu’une plus grande sensibilité face aux variants, en comparaison avec CVnCoV. Un projet encore à des étapes préliminaires dont les résultats devront être confirmés en phase clinique.
Panorama : des dizaines de vaccins encore dans les tuyaux
L’OMS met régulièrement à jour la liste des vaccins contre le Covid-19. Dans un point d’étape à la date du 19 novembre 2021, l'organisation recensait 132 vaccins en phase de développement clinique. Tous les projets recensés n’iront pas jusqu’à la mise sur le marché et d'autres ont été simplement mis à l'arrêt.
Parmi les vaccins dénombrés par l'OMS, 36 % ont recours à une technologie à protéine recombinante, 16 % à de l’ARNm, 15 % à un vecteur viral et 13 % à un vaccin sous forme de virus inactivé. La plupart de ces vaccins en développement reposent sur un schéma à deux doses, tandis que les modalités d’administration constituent un autre axe de travail. Si l’injection intramusculaire représente encore 77 % des vaccins en développement, d’autres voies (orale, aérosols, ou intranasale) sont également à l’étude.
Autant de technologies qui devront encore franchir de nombreuses étapes réglementaires avant de pouvoir concurrencer les produits à ARNm.