Covid-19 : Osivax développe la voie d'un vaccin universel
Mettre au point un vaccin qui cible une protéine virale qui mute peu, telle est l’approche choisie par la biotech Osivax.
S’affranchir des mutations virales et assurer l’efficacité d’un vaccin sur le long terme ? C’est à cette question que la biotech lyonnaise spécialisée dans les vaccins Osivax a décidé de répondre. « Notre cœur de métier, c’est la R&D pour mettre au point des vaccins qui ciblent des protéines localisées à l’intérieur du virus », résume Alexandre Le Vert, le président et cofondateur d’Osivax.
Un vaccin universel contre la grippe
« Lors de la fondation d’Osivax, l’objectif premier était de développer un vaccin universel contre la grippe saisonnière », rappelle le p-dg. Le virus de la grippe évolue et mute en permanence. En conséquence, le vaccin antigrippal doit suivre et s’adapter aux différentes souches mutantes qui apparaissent chaque année.
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C’est donc partant de ce constat qu’Osivax a choisi une approche innovante pour développer, grâce à sa plateforme OligoDOM, un vaccin universel contre la grippe saisonnière, qui resterait efficace au fil temps, indépendamment de l’apparition de nouvelles souches virales. « Les mutations viennent généralement des parties externes du virus, puisque ce sont ces parties qui sont présentées aux anticorps, et sont donc les plus soumises à une pression de sélection », explique Alexandre Le Vert.
Pour contrer ce phénomène, la biotech a donc choisi de cibler une protéine située à l’intérieur de virus. Plus précisément, la nucléoprotéine de la grippe, une protéine qui vient entourer le génome viral. « Comme cette protéine est située à l’intérieur du virus, elle subit moins de pression de sélection et donc, logiquement, elle mute moins », détaille le cofondateur d’Osivax.
Un choix stratégique, toutefois loin d’être dénué d’une certaine complexité. « La réponse induite par notre candidat-vaccin est différente des réponses induites par des vaccins plus « traditionnels », justement parce que nous ciblons une protéine interne du virus qui n’est donc pas visible pour les anticorps. La réponse immunitaire induite par l’actif d’Osivax est cellulaire et repose sur les lymphocytes T », explique Alexandre Le Vert.
Une approche applicable aux coronavirus
Comme pour d’autres biotechs, la crise sanitaire est venue quelque peu bouleverser les plans d’Osivax. « Nous nous sommes alors dit que notre approche pouvait, elle aussi, être valable contre ce nouveau coronavirus, même si les coronavirus sont généralement plus stables que le virus de la grippe », indique Alexandre Le Vert.
Comme contre le virus de la grippe, la biotech a fait le choix de cibler une protéine interne du virus, la nucléocapside du nouveau coronavirus, à l’inverse de la majorité des vaccins approuvés et développés actuellement.
« Plus de 95 % des vaccins développés contre le Covid-19 ciblent la protéine Spike du coronavirus. Comme pour les vaccins antigrippaux, cette protéine est située en surface du virus, elle est donc plus susceptible de muter, d’où la problématique de l’efficacité des vaccins sur la durée », poursuit le président d’Osivax.
À l’heure où les questions concernant l’apparition de nouveaux variants du SARS-CoV-2 se multiplient, l’approche de la biotech semble donc plus que pertinente. Premiers éléments de réponse d’ici un an, peut-être, le candidat-vaccin universel contre les coronavirus d’Osivax étant pour l’heure encore en phase préclinique.
D'autres candidats-vaccins universels à l'essai
Alors que bon nombre de candidats-vaccins contre le SARS-CoV-2 sont encore en développement, Osivax n’est toutefois pas la seule biotech à opter pour l’approche d’un vaccin universel contre les coronavirus.
La biotech américaine Phylex Biosciences développe, par exemple, un candidat-vaccin à base d’un antigène issu de régions hautement conservées de la protéine de pointe (Spike) du coronavirus. Une démarche nécessaire face aux variants, comme l’a indiqué Pascal Brandys, le co-fondateur et p-dg de Phylex BioSciences.
« Nous croyons fermement qu'un vaccin universel contre le coronavirus, basé sur des régions hautement conservées sera la seule solution à long terme pour la vaccination contre un virus qui accumule inévitablement des mutations au fil du temps.»
Autre exemple avec la biotech belge myNEO. En juillet 2020, l’entreprise basée à Gand annonçait en effet le lancement d’un programme préclinique visant à évaluer un candidat-vaccin dérivé de sa technologie existante de traitement du cancer. Développé à partir d’un « cocktail de peptides » essentiel au virus, l’actif de myNEO serait supposé efficace contre le SARS-CoV-2, mais également sur les autres virus de la même famille où sont retrouvés ces peptides.
« Il est très important de bien évaluer quelles parties spécifiques du virus Covid-19 nous voulons cibler. Cela pourrait signifier la différence entre un vaccin qui fournit une immunité à long terme contre toutes les formes connues de Covid-19 et virus apparentés, et un vaccin qui ne produit des résultats que dans certaines populations sélectionnées », avait alors indiqué Cédric Bogaert, le p-dg de myNEO.