[Covid-19] Non sanitaires, chirurgicaux et de protection... Tout savoir sur les masques et leur efficacité
Encore rationnés pour le personnel soignant, les masques contre le Covid-19 vont devenir un bien de première nécessité pour tous avec le déconfinement. Mais il en existe de multiples catégories, avec des performances de filtration très diverses et, partant, des usages très différents. Industrie & Technologies fait le point, avec l’aide de l’Institut français du textile et de l’habillement (IFTH), sur les spécificités des différents masques et leurs usages.
Mis à jour
27 avril 2020
Le gouvernement a publié dans la nuit du 25 au 26 avril un arrêté autorisant la vente en pharmacie de « masques non sanitaires fabriqués selon un processus industriel et répondant aux spécifications techniques applicables ». En quoi sont-ils différents des masques dont a besoin le personnel soignant ? Quelles sont les spécificités et les usages des divers types de masques ?
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Mars 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 20.1 − Produits chimiques de base, engrais, Produits azotés, plastiques, caoutchouc synthétique
Base 100 en 2015
Pour y voir plus clair, Industrie & Technologies a interrogé un responsable de l’Institut français du textile et de l’habillement (IFTH). « Jusqu’à présent, sur le marché, il n’y avait que deux familles, commence-t-il. Les masques de protection et les masques chirurgicaux. »
Les masques barrières (UNS1 et UNS2) pour un usage non sanitaire
« Avec l’épidémie de Covid-19, les autorités se sont rendues compte qu’il n’y avait plus assez de disponibilité pour les deux premiers types de masques sur le territoire français et européen, indique l'IFTH. Mais il y avait aussi un autre besoin d’un masque pour stopper la propagation de l’épidémie, un masque anti-postillon porté par les citoyens dans la vie courante. »
La filiale textile française, dont la majeure partie de l’activité a été suspendue, s’est donc mise au travail – « en un temps record », considérait la PDG de l’entreprise poitevine PliM dans nos colonnes – pour concevoir des masques alternatifs. Rapidement, le Comité de filière (CSF) Mode & Luxe a créé le groupement CSF, aujourd’hui renommé « Savoir faire ensemble » afin de centraliser la production et les besoins de matière. Le 29 mars, le gouvernement a créé deux nouvelles catégories de masques, les « masques à usage non sanitaire » 1 et 2.
A l’heure d’écrire ces lignes, « Savoir faire ensemble » compte pas moins de 669 entreprises textiles mobilisées contre le Covid-19 en France. La Direction générale des entreprises (DGE) tient à jour un registre des modèles homologués par la Direction générale de l’armement (DGA), en fonction de la filtration mais aussi « de la perméabilité à l’air », c’est-à-dire sa respirabilité.
Masques à usage non sanitaire catégorie 1 (UNS1) :
- Usages : professionnels en contact régulier avec le public (caissiers, commerçants, fonctionnaires de mairie, livreurs…)
- Création : note interministérielle du 29 mars 2020
- Spécification : AFNOR SPEC S76-001
- Performances : filtration > 90% pour 3 microns, respirabilité > 96%
- Homologation : Direction générale de l'armement (DGA), Institut français du textile et de l'habillement (IFTH) ou APAVE
- Qui produit en France : voir liste de la Direction générale des entreprises (DGE)
- Capacité de production : 889 000 par jour UNS 1 et 2 confondus, selon « Savoir faire ensemble »
Masques à usage non sanitaire catégorie 2 (UNS2)
- Usages : personnel d’entreprise sans contact avec le public et usage individuel
- Création : note interministérielle du 29 mars 2020
- Spécification : AFNOR SPEC S76-001
- Performance : filtration > 70% pour 3 microns, respirabilité > 96%
- Homologation : Direction générale de l'armement (DGA), Institut français du textile et de l'habillement (IFTH) ou APAVE
- Qui produit : voir liste de la Direction générale des entreprises (DGE)
- Capacité de production : 889 000 par jour UNS 1 et 2 confondus, selon « Savoir faire ensemble »
Les masques médicaux ou chirurgicaux (types 1, 2 et 2R) pour « protéger les autres »
« A l’origine, les masques chirurgicaux servaient à protéger le patient ausculté ou opéré par le médecin, porteur du masque », rappelle l'IFTH. Ils ne protègent donc pas ceux qui le portent. Là encore, il existe trois catégories.
Masque chirurgical type 1 :
- Usages : patients
- Norme : NF EN 14683:2019
- Performances : filtration > 95 %
- Qui produit en France : 3M, Kolmi Hopen (Medicom), Valmy (Segetex-EIF), Paul Boyé Technologies, Macopharma
Masque chirurgical type 2 :
- Usages : personnel soignant si pas de risque de projection, prestataires de services et distributeurs de matériel médical
- Norme : NF EN 14683:2019
- Performances : filtration > 98 %
- Qui produit en France : 3M, Kolmi Hopen (Medicom), Valmy (Segetex-EIF), Paul Boyé Technologies, Macopharma
Masque chirurgical type 2R :
- Usages : personnel soignant si risque de projection (sages-femmes, soignants dans les Ehpad, aides à domicile, transporteurs sanitaires, professionnels de centres de secours, pharmaciens …)
- Norme : NF EN 14683:2019
- Performances : filtration > 98 % et résistant aux éclaboussures
- Qui produit en France : 3M, Kolmi Hopen (Medicom), Valmy (Segetex-EIF), Paul Boyé Technologies, Macopharma
Les masques de protection (FFP1, FFP2 et FFP3) pour « protéger le porteur »
Les premiers, les masques de protection, « servent à protéger ceux qui les portent d’un contaminant, de l’extérieur vers l’intérieur, poursuit le spécialiste. Ils sont notamment utilisés dans le monde industriel, pour protéger les opérateurs de poussières d’amiante ou encore de gaz ou de fumées toxiques ». Dans le cas d’un virus très contagieux comme le SARS-CoV-2, les FFP2 sont cruciaux pour le personnel de santé en contact avec les patients contaminés. Mais il en existe deux autres catégories, pour des usages différents.
Pour qu’un masque soit certifié FFP, on s’assure d’un certain degré de filtration du filtre pour des particules envoyées de 0,6 microns. Un test additionnel est réalisé, non plus avec le filtre seul mais avec l’ensemble du masque, au cours duquel on évalue, sur un masque porté, la « fuite totale vers l’intérieur », soit le degré de filtration de l’ensemble du dispositif.
Filtering facepiece de catégorie 1 (FFP1) – élastique jaune :
- Usages : environnements de travail dans lesquels aucun aérosol ni aucune poussière fibrogène ou toxique n’est présent (bâtiment, agro-alimentaire)
- Norme : NF EN 149:2001
- Performances : filtration > 80 % pour 0,6 microns, fuite totale vers l’intérieur < 22 %
Filtering facepiece catégorie 2 (FFP2)- élastique blanc ou bleu :
- Usages : personnel médical en contact avec les patients (médecins, urgentistes, infirmiers…), médecine de ville pour les soins prioritaires (kinésithérapeutes, chirurgiens-dentistes…) et environnements de travail exposés à des aérosols, vapeurs et fumées (métallurgie, exploitation minière…)
- Norme : NF EN 149:2001
- Performances : filtration > 94 % pour 0,6 microns, fuite totale vers l’intérieur< 8 %
- Qui produit en France : 3M, Kolmi Hopen (Medicom), Valmy (Segetex-EIF), Paul Boyé Technologies, Macopharma
- Besoin : 105 millions de masques FFP2 par semaine, selon plusieurs collectifs de médecins et autres personnels des blocs opératoires
Filtering facepiece catégorie 3 (FFP3) – élastique rouge :
- Usages : personnel médical en contact avec les patients et environnements de travail fortement exposés à des aérosols, vapeurs et fumées (industrie chimique…)
- Norme : NF EN 149:2001
- Performances : filtration > 99 % pour 0,6 microns, fuite totale vers l’intérieur < 2 %
- Qui produit en France : 3M, Kolmi Hopen (Medicom), Valmy (Segetex-EIF), Paul Boyé Technologies, Macopharma
Les masques FFP1, FFP2 et FFP3 sont des masques jetables mais des équivalents réutilisables existent, appelés FMP1, FMP2 et FMP3. Ils sont davantage utilisés dans l’industrie. Un masque FMP1, dont le design a été conçu par le CEA à Grenoble et par Michelin, est en production dans l’usine d’Ouvry, une PME lyonnaise.
Des importations en cours, mais pour quels types de masques ?
Les personnels soignants déplorent depuis le début de la crise le manque de masques FFP2, nécessaires pour leur protection. Face à la pénurie de masques, Olivier Véran avait annoncé le 28 mars que la France avait commandé un milliard de masques, en particulier venus de Chine.
Le 4 avril, le même ministre annonce que les commandes françaises à la Chine atteindraient désormais deux milliards de masques. Mais, selon deux enquêtes de Mediapart, ces commandes n’ont pas toujours été bien orchestrées et les masques arriveraient au compte-goutte. En outre, sur le premier milliard de masques commandés, seuls 74 millions seraient des FFP2, selon une source anonyme à la Direction générale de la santé citée par France Info.
A ces incertitudes s’ajoute celles de la certification : « Les deux premières catégories, les masques de protection et les masques chirurgicaux, sont censés être munis du marquage CE pour circuler librement sur le territoire européen », précise l'IFTH. Afin de s’affranchir de cette restriction, le ministère français du Travail a publié, dans son bulletin officiel du 7 avril, un tableau de correspondance entre les normes européennes pour les masques FFP2 et celles d’autres pays.
Les masques à usage non sanitaire « sont une pure invention de la France pour faire face à la crise » et « ne sont pas soumis à ses certifications », rappelle le spécialiste de l’IFTH.
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