Covid-19 : L'utilisation du remdesivir de Gilead remise en cause par l'OMS

Si l'antiviral de Gilead a été le premier traitement approuvé contre le Covid-19, le remdesivir voit désormais son efficacité et son usage remis en cause par l'OMS. De quoi potentiellement embarrasser l'Europe, qui a signé, début octobre 2020, un contrat d'un milliard d'euros pour avoir accès au médicament. 

Partager
Covid-19 : L'utilisation du remdesivir de Gilead remise en cause par l'OMS

C’est un front de plus qui s’ouvre pour Gilead et son traitement contre le Covid-19, le remdesivir. Le 20 novembre 2020, l’OMS (Organisation mondiale de la santé) s’est prononcée contre le recours au remdesivir en traitement des patients atteints de Covid-19, quelle que soit la gravité de leur état.

Cette défiance fait suite aux résultats de l’étude mondiale Solidarity, menée par l’OMS dans 30 pays, avec pour objectif d’évaluer l’effet de l’hydroxychloroquine, du remdesivir, du lopinavir et des interférons dans la lutte contre le Covid-19.

Les conclusions de cet essai, dévoilées à la mi-octobre 2020, statuaient ainsi que le remdesivir, comme les autres molécules évaluées, n’avaient que peu ou pas d’effets sur les patients hospitalisés, que ce soit en termes de mortalité ou de durée d’hospitalisation.

Le 13 novembre 2020, l’European Society of Intensive Care Medicine (ESICM), une société savante européenne qui regroupe plusieurs milliers de professionnels de santé des soins intensifs, s’était déjà prononcée contre l’usage de cet antiviral. « Le remdesivir est maintenant classé comme un médicament que vous ne devriez pas utiliser en routine pour les patients Covid-19 », avait déclaré Jozef Kesecioglu, le président de l’ESICM, dans un échange avec Reuters. L’association promet la sortie de recommandations plus détaillées au mois de janvier 2021, en partenariat avec une autre société savante, basée aux États-Unis, la Society of Critical Care Medicine.

Des autorisations rapides aux États-Unis et en Europe

Pourtant, sur le sol américain, les résultats de l’étude appelée ACTT-1, dévoilés fin avril 2020, montraient une efficacité relative de l’antiviral, portant essentiellement sur le délai de rétablissement clinique.

Des résultats qui ont permis au remdesivir, baptisé Veklury au moment de sa mise sur le marché, d’obtenir un feu vert de la FDA, l’agence américaine chargée de l’évaluation des médicaments, sous la forme d’une autorisation en urgence, dès le mois de mai 2020. L’Europe a emboîté le pas en juillet 2020, en fournissant une autorisation de mise sur le marché conditionnelle, réservée aux formes sévères de Covid-19.

En France, la HAS (Haute Autorité de santé) a mené l’évaluation de ce médicament en vue de son remboursement. L’agence avait émis un avis favorable au remboursement de la molécule, mais soulignait ainsi que le service médical rendu par le remdesivir était « jugé faible, compte tenu des données actuelles préliminaires qui montrent une réduction globale de 4 jours du délai de rétablissement clinique du patient (11 jours au lieu de 15) par rapport au placebo, et en complément des soins de support, ce qui est de pertinence clinique discutable. ».

Gilead se retranche derrière la méthodologie des essais cliniques

Désavoué par l’OMS, Gilead continue de défendre ses données, qui ont mené à l’autorisation du produit sur le marché américain. Le laboratoire américain, dans une lettre ouverte datée du 22 octobre 2020, argumentait sur la différence de méthodologie avec l’essai de l’OMS et soulignait la robustesse de son essai mené sur « une population randomisée, en double aveugle et avec un groupe contrôle placebo ».

Suite aux nouvelles recommandations de l’OMS, Gilead s’est appuyé sur les agences nationales qui ont défini le remdesivir comme un traitement standard, citant ainsi le Royaume-Uni, l’Allemagne, le Japon et les États-Unis.

Une contrat à 1 Mrd € en Europe

Alors que la question de l’efficacité du remdesivir refait surface, l’Europe pourrait bien se retrouver avec un problème sur les bras, si la défiance à l'encontre de l'antiviral devait se poursuivre et s'amplifier. L’Europe a en effet conclu, début octobre 2020, un contrat portant sur la possibilité de commander jusqu’à 500 000 doses de remdesivir, pour un montant global de plus d'un milliard d’euros.

Pour Gilead, cet accord européen est venu bonifier les ventes du remdesivir, dont le laboratoire a dû revoir les projections à la baisse. Sur les neuf premiers mois de l’année 2020, le remdesivir a tout de même rapporté 873 millions de dollars au géant américain.

Malgré un marché plus réduit en dehors du sol américain, la remise en question de l’efficacité du remdesivir pourrait avoir un impact très sérieux sur Gilead et interroger en ricochet la super commande européenne.

Sujets associés

NEWSLETTER Santé

Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.

Votre demande d’inscription a bien été prise en compte.

Votre email est traité par notre titre de presse qui selon le titre appartient, à une des sociétés suivantes...

Votre email est traité par notre titre de presse qui selon le titre appartient, à une des sociétés suivantes du : Groupe Moniteur Nanterre B 403 080 823, IPD Nanterre 490 727 633, Groupe Industrie Service Info (GISI) Nanterre 442 233 417. Cette société ou toutes sociétés du Groupe Infopro Digital pourront l'utiliser afin de vous proposer pour leur compte ou celui de leurs clients, des produits et/ou services utiles à vos activités professionnelles. Pour exercer vos droits, vous y opposer ou pour en savoir plus : Charte des données personnelles.

LES ÉVÉNEMENTS L'USINE NOUVELLE

Tous les événements

LES PODCASTS

Einstein ou la transition énergétique avant l’heure

Einstein ou la transition énergétique avant l’heure

Einstein et Szilard, un duo de scientifiques renommés prêts à révolutionner... le quotidien des ménagères.

Écouter cet épisode

Raymond Kopa, de la mine au stade de foot

Raymond Kopa, de la mine au stade de foot

Au nord, c’étaient les corons, la terre c'était le charbon, le ciel l’horizon, les hommes des mineurs de fond. Parmi eux, Kopaszewski Raymond.

Écouter cet épisode

Poundbury, cité idéale à la mode Charles III

Poundbury, cité idéale à la mode Charles III

S’il n’est pas encore roi, le prince Charles semble avoir un coup d’avance sur l’environnement. Au point d’imaginer une ville nouvelle zéro carbone.

Écouter cet épisode

A Grasse, un parfum de renouveau

A Grasse, un parfum de renouveau

Dans ce nouvel épisode de La Fabrique, Anne Sophie Bellaiche nous dévoile les coulisses de son reportage dans le berceau français du parfum : Grasse. Elle nous fait découvrir un écosystème résilient, composé essentiellement...

Écouter cet épisode

Tous les podcasts

LES SERVICES DE L'USINE NOUVELLE

Trouvez les entreprises industrielles qui recrutent des talents

Groupe ADP / PARIS AEROPORT

Agent Technique Méthodes de Maintenance F/H

Groupe ADP / PARIS AEROPORT - 27/05/2023 - CDI - Roissy-en-France

+ 550 offres d’emploi

Tout voir
Proposé par

Accédez à tous les appels d’offres et détectez vos opportunités d’affaires

974 - OFFICE DE L'EAU REUNION

Etude des leviers d'action pour une transition agroécologique - cas des captages prioritaires de La Réunion.

DATE DE REPONSE 06/07/2023

+ de 10.000 avis par jour

Tout voir
Proposé par

ARTICLES LES PLUS LUS