Covid-19 : L'utilisation du remdesivir de Gilead remise en cause par l'OMS
Si l'antiviral de Gilead a été le premier traitement approuvé contre le Covid-19, le remdesivir voit désormais son efficacité et son usage remis en cause par l'OMS. De quoi potentiellement embarrasser l'Europe, qui a signé, début octobre 2020, un contrat d'un milliard d'euros pour avoir accès au médicament.
C’est un front de plus qui s’ouvre pour Gilead et son traitement contre le Covid-19, le remdesivir. Le 20 novembre 2020, l’OMS (Organisation mondiale de la santé) s’est prononcée contre le recours au remdesivir en traitement des patients atteints de Covid-19, quelle que soit la gravité de leur état.
Cette défiance fait suite aux résultats de l’étude mondiale Solidarity, menée par l’OMS dans 30 pays, avec pour objectif d’évaluer l’effet de l’hydroxychloroquine, du remdesivir, du lopinavir et des interférons dans la lutte contre le Covid-19.
VOS INDICES
source
205 =
Mars 2023
PVC
Base 100 en décembre 2014
153.4 -2.48
Mars 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 20.1 − Produits chimiques de base, engrais, Produits azotés, plastiques, caoutchouc synthétique
Base 100 en 2015
99.9 +0.6
Mars 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 21.20 − Préparations pharmaceutiques
Base 100 en 2015
Les conclusions de cet essai, dévoilées à la mi-octobre 2020, statuaient ainsi que le remdesivir, comme les autres molécules évaluées, n’avaient que peu ou pas d’effets sur les patients hospitalisés, que ce soit en termes de mortalité ou de durée d’hospitalisation.
Le 13 novembre 2020, l’European Society of Intensive Care Medicine (ESICM), une société savante européenne qui regroupe plusieurs milliers de professionnels de santé des soins intensifs, s’était déjà prononcée contre l’usage de cet antiviral. « Le remdesivir est maintenant classé comme un médicament que vous ne devriez pas utiliser en routine pour les patients Covid-19 », avait déclaré Jozef Kesecioglu, le président de l’ESICM, dans un échange avec Reuters. L’association promet la sortie de recommandations plus détaillées au mois de janvier 2021, en partenariat avec une autre société savante, basée aux États-Unis, la Society of Critical Care Medicine.
Des autorisations rapides aux États-Unis et en Europe
Pourtant, sur le sol américain, les résultats de l’étude appelée ACTT-1, dévoilés fin avril 2020, montraient une efficacité relative de l’antiviral, portant essentiellement sur le délai de rétablissement clinique.
Des résultats qui ont permis au remdesivir, baptisé Veklury au moment de sa mise sur le marché, d’obtenir un feu vert de la FDA, l’agence américaine chargée de l’évaluation des médicaments, sous la forme d’une autorisation en urgence, dès le mois de mai 2020. L’Europe a emboîté le pas en juillet 2020, en fournissant une autorisation de mise sur le marché conditionnelle, réservée aux formes sévères de Covid-19.
En France, la HAS (Haute Autorité de santé) a mené l’évaluation de ce médicament en vue de son remboursement. L’agence avait émis un avis favorable au remboursement de la molécule, mais soulignait ainsi que le service médical rendu par le remdesivir était « jugé faible, compte tenu des données actuelles préliminaires qui montrent une réduction globale de 4 jours du délai de rétablissement clinique du patient (11 jours au lieu de 15) par rapport au placebo, et en complément des soins de support, ce qui est de pertinence clinique discutable. ».
Gilead se retranche derrière la méthodologie des essais cliniques
Désavoué par l’OMS, Gilead continue de défendre ses données, qui ont mené à l’autorisation du produit sur le marché américain. Le laboratoire américain, dans une lettre ouverte datée du 22 octobre 2020, argumentait sur la différence de méthodologie avec l’essai de l’OMS et soulignait la robustesse de son essai mené sur « une population randomisée, en double aveugle et avec un groupe contrôle placebo ».
Suite aux nouvelles recommandations de l’OMS, Gilead s’est appuyé sur les agences nationales qui ont défini le remdesivir comme un traitement standard, citant ainsi le Royaume-Uni, l’Allemagne, le Japon et les États-Unis.
Une contrat à 1 Mrd € en Europe
Alors que la question de l’efficacité du remdesivir refait surface, l’Europe pourrait bien se retrouver avec un problème sur les bras, si la défiance à l'encontre de l'antiviral devait se poursuivre et s'amplifier. L’Europe a en effet conclu, début octobre 2020, un contrat portant sur la possibilité de commander jusqu’à 500 000 doses de remdesivir, pour un montant global de plus d'un milliard d’euros.
Pour Gilead, cet accord européen est venu bonifier les ventes du remdesivir, dont le laboratoire a dû revoir les projections à la baisse. Sur les neuf premiers mois de l’année 2020, le remdesivir a tout de même rapporté 873 millions de dollars au géant américain.
Malgré un marché plus réduit en dehors du sol américain, la remise en question de l’efficacité du remdesivir pourrait avoir un impact très sérieux sur Gilead et interroger en ricochet la super commande européenne.