Coupes budgétaires : l’étau se resserre autour des milliards de la Défense
La question n’est plus de savoir si le budget des armées va baisser, mais de combien sera la réduction. Du côté du gouvernement comme de la majorité, on prépare les esprits à ce scénario jusqu’ici écarté par la récente loi d’orientation sur les crédits militaires.
Jean-Yves le Drian aurait-il rendu les armes ? Le ministre de la Défense, si prompt jusque-là pour défendre les armées et leur budget, est étonnamment silencieux sur la nouvelle polémique née de la divulgation d’un possible plan caché de deux milliards d’euros d’économies par an qui toucherait les armées.
Comment interpréter son silence alors que son action auprès du président de la République avait été décisive pour inscrire dans la loi de programmation militaire (LPM), votée en fin d’année dernière, une stabilité des crédits de son ministère à 31,4 milliards d’euros sur les premières années de la période 2014- 2109. Cette fois ci, les armées ne devraient pas échapper au nouveau tour de vis budgétaire et aux 50 milliards d’euros d’économies exigées pour financer le pacte de responsabilité.
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Des adaptations sur les six prochaines années
La question ne serait plus donc plus de savoir si les armées doivent contribuer à ces économies mais à quelle hauteur. Déjà des membres du gouvernement comme de la majorité préparent les esprits. Ainsi devant l’Assemblée nationale, le ministre des Finances, Michel Sapin, a précisé, mardi 13 mai, que "toute réflexion sur l'avenir des crédits de la défense" se placerait "dans le cadre de la loi de programmation militaire". Un peu plus tôt dans la journée, Claude Bartolone, président (PS) de l'Assemblée nationale avançait une possibilité d’adapter les crédits militaires sur les six prochaines années : "le Parlement a voté une loi d'orientation 2014-2019 pour les dépenses militaires. Qu'il puisse y avoir, les deux ou trois premières années, un effort supplémentaire réclamé par rapport à l'ensemble, un effort qui serait moins important dans les dernières années de cette loi de programmation, peut être une piste".
Vu son importance, le budget défense est une cible idéale pour ceux qui cherchent à réaliser des économies. Les ressources programmées au bénéfice des armées sur la période 2014-2019 s’élèvent au total à 190 milliards euros. La loi de programmation militaire actuelle stabilise pendant 3 ans les crédits de défense à 31,4 milliards d’euros par an. Et dans un deuxième temps, entre 2016 et 2019, les fait progresser pour atteindre 32,5 milliards d’euros courants. Jean-Yves Le Drian pouvait ainsi se satisfaire en fin d’année dernière d’avoir maintenu tous les grands programmes d’équipements notamment les frégates multimissions, l’avion de transport militaire A400M, les hélicoptères militaires NH90 et Tigre, la modernisation du Rafale…
Pas le moment de désarmer
Quelle serait la sévérité de ces coupes ? En aparté, certains industriels tablent sur une baisse des crédits de défense en 2014 entre 1 et 2 milliards d’euros.
Ironie du sort, les raisons pour lesquelles le ministre de la Défense avait obtenu la stabilité de ses crédits, restent plus vraies que jamais. Primo, après les interventions françaises au Mali et en Centrafrique, la crise russo-ukrainnienne rappelle aux dirigeants des grandes puissances que ce n’est pas le moment de désarmer. La Pologne a même décidé récemment d’accélérer son plan d’investissements dans de nouveaux équipements militaires. Secundo, la défense est un secteur industriel économiquement performant : avec 4 000 entreprises totalisant 165 000 emplois directs hautement qualifiés et peu délocalisables, il génère un chiffre d’affaires global d’environ 15 milliards d’euros, dont 30 à 40 % réalisé à l’exportation.
Hassan Meddah
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